La conciliation travail-famille en temps de pandémie: comment les entreprises peuvent-elles s’ajuster?
Confinement, télétravail, fermeture des services de garde… La crise de la COVID-19 amplifie considérablement les difficultés de conciliation travail-famille. Heureusement, les employeurs sont de précieux alliés pour aider les parents à bout de souffle et leur permettre de conserver leur productivité.
La conciliation famille-travail avant la crise était déjà une source de stress importante pour 70% des parents d’enfants de 0-5 an, selon un sondage Léger commandé en février 2020 par le Réseau pour un Québec Famille. Selon ce sondage, 48% des parents travailleurs accepteraient une baisse de salaire en échange de meilleures mesures de conciliation travail-famille, ce qui constitue une augmentation de 11 points en seulement 2 ans. De plus, pour les parents de 2 enfants ou plus, la conciliation travail-famille constitue le 1er critère de choix d’un emploi.
En outre, les dernières semaines ont démontré à maintes reprises que sans le réseau habituel des services éducatifs à la petite enfance, la conciliation est difficile pour plusieurs parents, selon la Coalition pour la conciliation famille-travail-études.
Selon la firme de ressources humaines Randstad, la situation actuelle rend effectivement les obligations professionnelles plus difficiles pour les parents qui doivent apprivoiser le télétravail tout en prenant soin de leurs enfants qui sont à la maison. Ce défi est encore plus grand pour les familles avec de jeunes enfants qui demandent une constante supervision, et dans les ménages monoparentaux.
Les parents qui vivent des conflits famille-travail sont susceptibles d’être plus irritables, moins chaleureux et moins constants avec leurs enfants. Selon plusieurs études, ces conflits affectent la qualité de vie et la santé des parents travailleurs, tout comme celles de leurs tout-petits.
Selon les experts, les politiques de conciliation, comme le fait d’offrir des horaires flexibles, seraient donc avantageuses autant pour les employeurs que pour leurs employés.
Les employeurs peuvent agir
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié des recommandations pour réduire les effets néfastes de la pandémie sur la santé physique et psychologique des travailleurs. L’INSPQ insiste notamment sur l’importance d’être attentif à la présence de certains facteurs pouvant affecter le bien-être des employés.
- Une charge de travail plus lourde, de la pression pour récupérer le travail non fait
- Un sentiment de ne pas pouvoir faire un travail de qualité
- La difficulté de concilier le travail et les responsabilités familiales et personnelles (ex. : télétravail, garde des enfants)
- Peu d’écoute ou d’empathie face aux préoccupations du personnel (ex. : demande de congés, besoins d’aménagements du travail)
Selon Leslie Hammer et Lindsey Alley, deux expertes de la santé au travail, le soutien social et la compréhension sont des éléments-clés pour diminuer le stress et ajuster les attentes concernant la conciliation travail-famille. Par exemple, il est essentiel de faire sentir aux employés que leur bien-être est important et qu’ils peuvent discuter de leurs difficultés de conciliation travail-famille avec leur employeur. Les gestionnaires devraient donc demander ouvertement à leurs employés s’ils parviennent à bien gérer la situation et les aider ensuite à identifier les tâches prioritaires et celles qui peuvent être remises à plus tard.
La firme Randstad insiste également sur l’importance d’offrir une plus grande flexibilité dans l’horaire de travail. En effet, certains parents pourraient avoir à suivre le rythme de leurs enfants. La firme souligne aussi que les employeurs devront accepter que certains parents assistent à des réunions virtuelles en compagnie de leurs enfants.
Officialiser les mesures
Selon l’UNICEF, la crise actuelle devrait amener les entreprises à évaluer si les mesures qu’elles ont mises en place permettent de bien soutenir les familles. Leslie Hammer et Lindsay Alley soulignent d’ailleurs que les employés aux prises avec des enjeux de conciliation famille-travail performent mieux lorsque les politiques et des protocoles de l’entreprise en tiennent compte. Enfin, la firme Randstad insiste également sur l’importance d’éviter les traitements de faveur et de s’assurer que tous les employés ont droit aux mêmes accommodements.
Le Réseau pour Québec Famille a d'ailleurs lancé en octobre dernier un programme en conciliation famille-travail, qui fournit aux employeurs un sondage pour consulter leurs employés sur leurs besoins ainsi que des conseils individualisés pour identifier les mesures à mettre en place dans leur entreprise,notamment en cette période de relance des entreprises, où une attention particulière doit être accordée à la conciliation famille-travail. Des outils pratiques gratuits sont également disponibles (aide à la réflexion, droit à la déconnexion, etc.).
Les entreprises canadiennes ont mis en place les mesures suivantes pour accommoder leurs employés pendant la crise de la COVID-19 :
- Horaires flexibles (83 %)
- Horaires flexibles à l’intérieur d’une plage fixe (56 %)
- Heures réduites (55 %)
- Semaine de travail compressée (34 %)
- Postes fractionnés (28 %)
- Partage de poste (11 %)