Plus de temps avec nos enfants mais…
Depuis maintenant 8 mois, une crise sanitaire sans précédent frappe le Québec. Une crise qui, disons-le, a bouleversé nos vies et notre quotidien à tous. D’abord préoccupés par les effets des pertes d’emploi et des mesures de confinement sur les citoyens, les experts s’inquiètent de plus en plus des répercussions de la crise sur notre santé mentale. L’équipe de l’Observatoire des tout-petits s’est donc posé la question : comment se portent les tout-petits et ceux qui en prennent soin?
Les résultats du sondage que nous avons mené au cours des dernières semaines viennent confirmer ce dont nous nous doutions tous : les sources de stress s’accumulent au sein des familles. Des tout-petits qui sont, aux yeux de leurs parents, plus irritables, prompts à faire des colères et plus agités qu’avant la crise. Des parents qui vivent avec un niveau de stress élevé, qui ont du mal à garder leur calme avec leurs enfants et qui sont privés du soutien de leurs proches. Et plus le revenu familial diminue, plus le niveau de stress des parents augmente. Pensons aux parents qui ont perdu leur emploi, qui font la queue aux banques alimentaires, qui ont du mal à payer leur loyer. Ceux qui, à cause des mesures de distanciation, passent plus de temps dans leur logement trop petit ou en mauvais état.
Depuis des mois, nous sommes de nombreuses organisations et intervenants à travailler avec acharnement pour soutenir les tout-petits et leurs familles. Plusieurs parents ont d’ailleurs pu profiter de ces ressources, comme en témoignent les statistiques de nombreuses organisations. Toutefois, la donnée la plus préoccupante du sondage est certainement celle-ci :
Une grande proportion des parents sondés n’utilisent pas les services et les ressources qui leur sont offerts, que ce soit les services en ligne ou téléphonique offerts par les organismes communautaires, les professionnels de la santé et des services sociaux, les milieux de garde ou l’école. Collectivement, nous avons des questions à nous poser. Les services sont-ils suffisamment promus? Existe-t-il des barrières qui empêchent les familles d’accéder aux services? Est-ce une question de norme sociale : ces services sont pour les autres, ces familles qui en ont vraiment besoin?
Réduire la pression au sein des familles
Selon la dernière étude de Morneau Shepell, les parents sont ceux dont la santé mentale est la plus affectée depuis le début de la crise. L’accès, mais aussi l’utilisation des services de soutien aux parents est un enjeu à côté duquel nous ne pouvons passer. Il nous faut également tout mettre en œuvre pour diminuer la pression au sein des familles, en particulier chez celles qui vivent dans les conditions les plus vulnérables. En d’autres termes, les programmes facilitant l’accès au logement, les banques alimentaires, le soutien financier aux familles à faible revenu et les mesures de conciliation famille-travail n’ont jamais été aussi essentiels.
En cette 5e édition de la Grande semaine des tout-petits, prenons un pas de recul pour apprécier le chemin accompli et réfléchir aux prochaines étapes. Soyons aussi solidaires en respectant les mesures sanitaires, afin de revenir le plus rapidement possible à une situation normale pour nos tout-petits et leurs familles.
Nous espérons que les résultats de ce sondage sauront nourrir vos réflexions.
Une belle Grande semaine des tout-petits à tous! ❤️
Fannie Dagenais
Directrice, Observatoire des tout-petits