Une synthèse de l’INSPQ sur les effets de la COVID-19 sur les enfants
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) vient de publier une synthèse des connaissances afin d’apporter un éclairage sur les impacts de la pandémie de COVID-19 sur le développement des enfants de 2 à 12 ans.
La synthèse est basée sur 14 études originales provenant d’Italie, du Royaume-Uni, de l’Espagne, des États-Unis, du Brésil, des Pays-Bas, d’Israël et de Hong Kong dont les données ont été récoltées, pour la grande majorité (10), entre février et mai 2020.
- Documenter, à l’aide des données probantes disponibles, les impacts de la pandémie et des mesures pour limiter sa propagation sur le développement des enfants d’âge préscolaire et scolaire, ainsi que les variations de ces impacts selon l’âge;
- Identifier, si possible, les facteurs de risque et de protection, ainsi que les groupes d’enfants les plus vulnérables aux impacts néfastes de la pandémie sur leur développement.
Des difficultés dans le domaine du développement social et affectif
L’étude de l’INSPQ avance que même si les enfants sont moins souvent et moins sévèrement atteints de la COVID-19 que les adultes, ils vivent tout de même plusieurs conséquences de la pandémie.
- Les impacts rapportés dans les publications sont, dans la grande majorité, des difficultés liées au domaine du développement social et affectif;
- La totalité des études recense une augmentation significative des problèmes de comportements internalisés (solitude, dépression, anxiété, etc.) et externalisés (problèmes de conduite, irritabilité et mauvaise humeur, hyperactivité/inattention, agressivité, opposition, etc.);
- L’ampleur des difficultés varie selon l’âge de l’enfant;
- Chez les enfants d’âge préscolaire, on remarque une augmentation des problèmes de conduite de 64 %;
- Chez les enfants d’âge préscolaire, on remarque une augmentation de l’anxiété (45 %), des troubles de l’humeur (80,9 %) et de l’irritabilité (66,2 %);
- La synthèse souligne une augmentation des difficultés émotionnelles chez les enfants de tout âge, entre 18,64 % et 19,9 %, selon les études. On mentionne aussi une augmentation de l’hyperactivité/inattention de 20,3 %.
L’environnement dans lequel grandit l’enfant peut faire toute la différence
Il est bien démontré dans les 14 études sur lesquelles est basée la synthèse que les facteurs externes, comme la situation financière, l’insécurité alimentaire, le niveau de stress et la santé mentale des parents et d’autres éléments individuels liés aux habitudes de vie, ont un rôle à jouer dans le développement de l’enfant. Par ailleurs, les auteurs mentionnent que les enfants peuvent aussi avoir expérimenté des répercussions positives pendant la pandémie, comme la pratique de l’activité physique ou l’encadrement familial.
- La détérioration de la santé mentale du parent est le facteur le plus souvent rapporté. Cette problématique est associée à une augmentation des problèmes de comportements internalisés et externalisés ;
- Certaines conditions chez l’enfant, comme le stress ou des besoins éducatifs, sont associées à une augmentation des problèmes observés ;
- Chez l’enfant, une utilisation prolongée des écrans et la perturbation du sommeil et de l’appétit sont associées à l’augmentation des difficultés émotionnelles. À l’inverse, de saines habitudes de vie comme la pratique de l’activité physique et un nombre d’heures de sommeil adéquat sont associées à la diminution des problèmes de comportements internalisés et externalisés ;
- Certaines caractéristiques sociodémographiques du parent, comme le statut d’emploi, sont associées à une augmentation des problèmes de comportements internalisés et externalisés, ainsi que des comportements de régression (de sommeil, de propreté, etc.). Cependant, lorsqu’il est élevé, le statut socioéconomique semble être un facteur de protection ;
- Les pratiques parentales négatives sont associées à une augmentation des problèmes de comportements internalisés et externalisés. À l’inverse, lorsqu’elles sont positives, les pratiques parentales et le maintien des routines diminuent les problèmes de comportements internalisés et externalisés et favorisent l’application d’attitudes prosociales;
Pour aller plus loin
Notre dossier web sur comment la pandémie touche-t-elle les enfants et leur famille ?