28 avril 2020
Réouverture des services de garde: des experts se prononcent
Par Amélie Cournoyer
Le 27 avril dernier, le gouvernement Legault a annoncé la réouverture progressive, prudente et sur une base volontaire des services éducatifs à la petite enfance et des écoles primaires du Québec à partir du 11 mai. Celui-ci a toutefois insisté sur le fait que le déconfinement des enfants s’effectuera « si et seulement si » la situation reste sous contrôle dans nos hôpitaux.
Les avis sont très partagés dans la population et plusieurs se posent des questions. Pour y voir plus clair, nous avons rassemblé les prises de position de quelques experts qui se sont exprimés sur la question. Voici le résumé de leurs propos.
Jay S. Kaufman, professeur au département d’épidémiologie à l’Université McGill et Joanna Merckx, spécialiste en maladies infectieuses pédiatriques
Les experts ont écrit une lettre ouverte, qui a été publiée le 25 avril. En se basant sur les nouvelles données épidémiologiques à l’international, ils expliquent que les enfants de moins de 10 ans sans maladies préexistantes qui contractent la COVID-19 ont tendance à développer une infection légère ou qui passe inaperçue. Ils soutiennent également que les enfants pourraient attraper la maladie moins facilement que les adultes et qu’ils la transmettent peu et rarement. Toutes ces informations les amènent à conclure que la fermeture des écoles et des services éducatifs à la petite enfance a un effet minime sur la maîtrise de l’épidémie.
« Le SARS-CoV-2 circule dans la population humaine depuis seulement quelques mois et beaucoup reste à apprendre sur sa transmission et sa prévention, mais il existe déjà des raisons substantielles de penser que les enfants ne sont pas des contributeurs majeurs au fardeau de l’épidémie de COVID-19 et qu’ils ne devraient pas être privés d’école plus longtemps. »
Lire leur opinion
Les experts ont écrit une lettre ouverte, qui a été publiée le 25 avril. En se basant sur les nouvelles données épidémiologiques à l’international, ils expliquent que les enfants de moins de 10 ans sans maladies préexistantes qui contractent la COVID-19 ont tendance à développer une infection légère ou qui passe inaperçue. Ils soutiennent également que les enfants pourraient attraper la maladie moins facilement que les adultes et qu’ils la transmettent peu et rarement. Toutes ces informations les amènent à conclure que la fermeture des écoles et des services éducatifs à la petite enfance a un effet minime sur la maîtrise de l’épidémie.
« Le SARS-CoV-2 circule dans la population humaine depuis seulement quelques mois et beaucoup reste à apprendre sur sa transmission et sa prévention, mais il existe déjà des raisons substantielles de penser que les enfants ne sont pas des contributeurs majeurs au fardeau de l’épidémie de COVID-19 et qu’ils ne devraient pas être privés d’école plus longtemps. »
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Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Lors d’une conférence de presse virtuelle qui a eu lieu le 10 avril, le directeur général de l’OMS a dit craindre une résurgence mortelle de la pandémie en cas d’une levée hâtive des mesures de confinement. Selon l’OMS, six conditions doivent être remplies pour assurer un déconfinement sécuritaire :
Pour en savoir plus
Lors d’une conférence de presse virtuelle qui a eu lieu le 10 avril, le directeur général de l’OMS a dit craindre une résurgence mortelle de la pandémie en cas d’une levée hâtive des mesures de confinement. Selon l’OMS, six conditions doivent être remplies pour assurer un déconfinement sécuritaire :
- contrôler la transmission du virus ;
- assurer l’offre de santé publique et de soins ;
- minimiser le risque dans les environnements exposés comme les établissements de santé de longue durée ;
- mettre en place des mesures de prévention au travail, dans les écoles, et d’autres lieux fréquentés ;
- contrôler le risque de cas importés ;
- responsabiliser les populations.
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Association des pédiatres du Québec (APQ)
Le 23 avril, l’Association des pédiatres du Québec a publié sa position sur le déconfinement des enfants québécois en contexte de pandémie de COVID-19. En tenant compte du consensus scientifique voulant que la maladie ne soit pas dangereuse pour la majorité des enfants, l’APQ recommande la réouverture des écoles et des services éducatifs à la petite enfance le plus tôt possible. L’Association énumère les dommages collatéraux du confinement prolongé pour les enfants, dont :
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Le 23 avril, l’Association des pédiatres du Québec a publié sa position sur le déconfinement des enfants québécois en contexte de pandémie de COVID-19. En tenant compte du consensus scientifique voulant que la maladie ne soit pas dangereuse pour la majorité des enfants, l’APQ recommande la réouverture des écoles et des services éducatifs à la petite enfance le plus tôt possible. L’Association énumère les dommages collatéraux du confinement prolongé pour les enfants, dont :
- l’augmentation des risques de violence domestique ;
- la chute drastique des signalements à la DPJ ;
- le manque de stimulation cognitive et sociale pour certains ;
- le risque de recrudescence des maladies habituellement sous contrôle (pneumocoque, méningocoque, varicelle) à cause des retards pris dans la vaccination ;
- le dépistage tardif des retards de développement avec des conséquences irréversibles et à long terme ;
- le développement de problèmes de santé mentale.
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Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et infectiologue à l’Hôpital Sainte-Justine
Dans une entrevue accordée au magazine L’actualité, qui a été mise en ligne le 23 avril, la pédiatre et infectiologue explique le concept d’immunité collective, en spécifiant que l’on estime à 70 % la proportion de la population qui doit être protégée contre la COVID-19 (par maladie naturelle ou par vaccination) pour que l’infection cesse de se transmettre. Elle précise que les enfants sont déconfinés en premier, parce que c’est le groupe le moins à risque de maladies graves, de complications et de décès liés à l’infection. Selon elle, il n’y a pas grand avantage à attendre le mois de septembre avant de rouvrir les écoles, puisque c’est peu probable que l’on ait atteint une immunité collective d’ici là. Elle convient que le déconfinement de n’importe quel groupe entraînera probablement une hausse des cas de contamination.
« Si on avait un vaccin disponible dans trois mois, la stratégie de confinement en attendant le vaccin serait envisageable. Toutefois, on ne sait pas quand ce vaccin sera disponible ; c’est inimaginable d’attendre 18 mois complètement renfermés sur nous-mêmes. »
Lire l’entrevue
Dans une entrevue accordée au magazine L’actualité, qui a été mise en ligne le 23 avril, la pédiatre et infectiologue explique le concept d’immunité collective, en spécifiant que l’on estime à 70 % la proportion de la population qui doit être protégée contre la COVID-19 (par maladie naturelle ou par vaccination) pour que l’infection cesse de se transmettre. Elle précise que les enfants sont déconfinés en premier, parce que c’est le groupe le moins à risque de maladies graves, de complications et de décès liés à l’infection. Selon elle, il n’y a pas grand avantage à attendre le mois de septembre avant de rouvrir les écoles, puisque c’est peu probable que l’on ait atteint une immunité collective d’ici là. Elle convient que le déconfinement de n’importe quel groupe entraînera probablement une hausse des cas de contamination.
« Si on avait un vaccin disponible dans trois mois, la stratégie de confinement en attendant le vaccin serait envisageable. Toutefois, on ne sait pas quand ce vaccin sera disponible ; c’est inimaginable d’attendre 18 mois complètement renfermés sur nous-mêmes. »
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Cécile Tremblay, microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM)
En entrevue à Radio-Canada Info le 26 avril, la microbiologiste-infectiologue soutient qu’il n’y a pas encore de données qui démontrent qu’une immunité collective peut se bâtir dans le cas de la COVID-19. Cela s’explique entre autres par un manque de données sur l’immunité individuelle, notamment sur sa durée et sur les niveaux d’anticorps qui pourraient varier selon l’âge de la personne infectée et la sévérité de sa maladie. Selon elle, l’immunité collective (qu’elle chiffre à 80 % de la population) n’est ni un acquis ni un concept sur lequel le gouvernement peut se baser pour entamer un déconfinement.
« On souhaite qu’il y ait une immunité collective éventuellement qui puisse se développer. Mais on n’est pas certain que ça va arriver et on n’est pas certain quand ça va arriver. »
Écouter l’entrevue
En entrevue à Radio-Canada Info le 26 avril, la microbiologiste-infectiologue soutient qu’il n’y a pas encore de données qui démontrent qu’une immunité collective peut se bâtir dans le cas de la COVID-19. Cela s’explique entre autres par un manque de données sur l’immunité individuelle, notamment sur sa durée et sur les niveaux d’anticorps qui pourraient varier selon l’âge de la personne infectée et la sévérité de sa maladie. Selon elle, l’immunité collective (qu’elle chiffre à 80 % de la population) n’est ni un acquis ni un concept sur lequel le gouvernement peut se baser pour entamer un déconfinement.
« On souhaite qu’il y ait une immunité collective éventuellement qui puisse se développer. Mais on n’est pas certain que ça va arriver et on n’est pas certain quand ça va arriver. »
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Boucar Diouf, biologiste
Dans un texte d’opinion publié le 25 avril dans La Presse, le biologiste remet en question la décision subite du gouvernement de rouvrir les écoles au nom de l’immunité. Il rappelle qu’il subsiste encore beaucoup de zones d’ombre autour des connaissances acquises sur le virus, ce qui fait que les certitudes d’hier sont remises en doute aujourd’hui. Il croit aussi que le Québec n’est pas prêt à affronter les conséquences d’un déconfinement, parce qu’il manque de personnel, de tests, de médicaments, d’équipements et d’organisation. Pour toutes ces raisons, il pense que le gouvernement devrait reporter le retour progressif en classe au mois de septembre afin de l’organiser efficacement.
« Oui au déconfinement intelligent des régions les moins affectées, mais pour les zones les plus touchées, une certaine sagesse impose de solidifier la base de ce que nous avons durement construit avant de sauter dessus à pieds joints et risquer de tout gâcher ! »
Lire son opinion
Dans un texte d’opinion publié le 25 avril dans La Presse, le biologiste remet en question la décision subite du gouvernement de rouvrir les écoles au nom de l’immunité. Il rappelle qu’il subsiste encore beaucoup de zones d’ombre autour des connaissances acquises sur le virus, ce qui fait que les certitudes d’hier sont remises en doute aujourd’hui. Il croit aussi que le Québec n’est pas prêt à affronter les conséquences d’un déconfinement, parce qu’il manque de personnel, de tests, de médicaments, d’équipements et d’organisation. Pour toutes ces raisons, il pense que le gouvernement devrait reporter le retour progressif en classe au mois de septembre afin de l’organiser efficacement.
« Oui au déconfinement intelligent des régions les moins affectées, mais pour les zones les plus touchées, une certaine sagesse impose de solidifier la base de ce que nous avons durement construit avant de sauter dessus à pieds joints et risquer de tout gâcher ! »
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Étude sur l’efficacité des fermetures d’écoles lors des flambées de coronavirus, dont la COVID-19
Une équipe de chercheurs de la University College de Londres a réalisé une revue systématique sur l’efficacité des fermetures d’écoles et des autres mesures de distanciation sociale dans les écoles lors des flambées de coronavirus, dont la COVID-19. Publiée en mai 2020 dans The Lancet Child & Adolescent Health, l’étude révèle entre autres que les fermetures d’écoles à elles seules peuvent seulement prévenir de 2 à 4 % des décès liés à la COVID-19, ce qui est beaucoup moins efficace que les autres mesures de distanciation sociale.
« Dans les écoles, des mesures de distanciation sociale moins perturbatrices devraient être considérées avec attention si des politiques de distanciation sociale restrictives sont instaurées sur de longues périodes. »
Lire l’étude
Une équipe de chercheurs de la University College de Londres a réalisé une revue systématique sur l’efficacité des fermetures d’écoles et des autres mesures de distanciation sociale dans les écoles lors des flambées de coronavirus, dont la COVID-19. Publiée en mai 2020 dans The Lancet Child & Adolescent Health, l’étude révèle entre autres que les fermetures d’écoles à elles seules peuvent seulement prévenir de 2 à 4 % des décès liés à la COVID-19, ce qui est beaucoup moins efficace que les autres mesures de distanciation sociale.
« Dans les écoles, des mesures de distanciation sociale moins perturbatrices devraient être considérées avec attention si des politiques de distanciation sociale restrictives sont instaurées sur de longues périodes. »
Lire l’étude