COVID-19: les effets de la pandémie sur l’accès à une saine alimentation
En octobre, le Conseil du système alimentaire montréalais, en collaboration avec le Dispensaire diététique de Montréal, a présenté ses observations sur le coût du Panier à provisions nutritif (PPN) à Montréal depuis le début de la pandémie. Le webinaire, titré Les contre-chocs de la pandémie sur l'accès à une saine alimentation, traitait du prix, des défis et des perspectives d'approvisionnements pour les citoyens, dont les plus vulnérables.
Le «panier de provisions nutritif» est un instrument d’enquête utilisé par différents paliers de gouvernement et d’autres intervenants pour surveiller le coût et l’abordabilité d’une saine alimentation. Le panier à provisions contient une soixantaine d’aliments nutritifs, comblant les besoins nutritionnels d’une famille de 4 personnes (2 adultes et 2 enfants). Faire le portrait de l’évolution du coût de ce panier permet donc d’établir le coût d’une saine alimentation pour une famille typique.
Mme Jackie Demers, directrice générale du Dispensaire diététique de Montréal, a présenté des chiffres inquiétants:
- Depuis avril, le coût du panier a augmenté de 1,44%; cela représente une hausse mensuelle de 10 à 25$ pour une famille de 4 personnes.
- La baisse des prix que l’on observe habituellement en septembre n’a pas eu lieu cette année; les fruits ont subi une hausse significative (20%), tout comme la viande (8%). Les légumes ont connu une baisse de prix moins importante que prévu (-6% plutôt que -8%).
Le PPN représenterait ainsi actuellement 25 à 40% du revenu des familles les plus vulnérables . Les panélistes s'inquiètent du fait que des familles se voient ainsi dans l’obligation de réduire leur budget alloué à l’alimentation.
Des difficultés qui risquent de persister dans le temps
M. Sylvain Charlebois, directeur scientifique au Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, a ensuite abordé les impacts de la COVID sur l'industrie de la transformation alimentaire.
Il souligne que le manque de main-d'œuvre dans la transformation alimentaire et les nouvelles mesures d’hygiène ont créé une pression à la hausse sur le prix des aliments. La vente d’aliments en ligne a également un impact sur la facture des familles, qui paient alors leur épicerie 5 à 7% plus chère.
Selon lui, cette tendance de l’épicerie en ligne occasionnera de nombreuses fermetures de supermarchés à Montréal; on verra alors s’amplifier le phénomène de déserts alimentaires en ville.
Des solutions issues des communautés
Isabel Heck, codirectrice de l’Incubateur universitaire de Parole d'ExcluEs et Marc Brûlé, coordonnateur du Système alimentaire pour tous (SAPT) ont ainsi présenté, lors du webinaire, la coopérative Panier futé, une initiative communautaire qui a fait une différence pour les familles de Montréal-Nord pendant la crise. La coopérative a pour mission de lutter contre les situations de précarité, d’isolement et d’exclusion en s’attaquant aux iniquités entourant l’accès à l’alimentation.
Avec la pandémie, beaucoup de personnes ont perdu le soutien alimentaire qu'elles avaient avant la pandémie. En se mobilisant, le milieu communautaire a su répondre aux besoins de plus de 250 familles du quartier et de l’extérieur en leur fournissant des paniers constitués d’aliments sains et peu transformés.
L'insécurité alimentaire, une situation préoccupante
Les enfants qui souffrent d'insécurité alimentaire sont plus à risque de présenter, entre autres, des retards en ce qui a trait à leur développement cognitif, moteur et neurophysiologique. L'insécurité alimentaire est également un prédicteur de maladies chroniques durant la petite enfance.