21 mai 2020
International : les gouvernements agissent pour soutenir les familles vulnérables
Par Caroline Chrétien
Dans la lutte contre la COVID-19, les autorités souhaitent autant aplatir la courbe du virus que celle de ses conséquences. Isolement, insécurité financière et alimentaire, stress, anxiété… des facteurs de risque qui constituent autant une menace au développement des tout-petits qu’un terreau fertile à la maltraitance. De vastes plans d’aide ont été développés un peu partout sur la planète. Des plans qui évoluent à mesure que le monde se déconfine.
La France organise sa protection de la jeunesse
C’était jour de déconfinement partiel, le 11 mai dernier, en France. Le pays en a profité pour publier sa Stratégie de déconfinement en protection de l’enfance, un guide qui énumère les engagements du gouvernement. En voici un extrait:- Les enfants sous la protection de la jeunesse devront être parmi les premiers à reprendre les cours en classe;
- Quand la garde est partagée ou lorsqu’un enfant est hébergé hors du domicile familial, les droits de visite et d’hébergement des parents devront reprendre progressivement;
- Les effets du confinement sur la santé mentale des enfants pris en charge par l’aide sociale à l’enfance devront être évalués, afin que des mesures soient mises en place en cas de troubles comportementaux ou familiaux;
- Une attention particulière doit être portée aux mineurs privés de soutien familial, que leur situation soit nouvelle ou non;
- Les services et soins qui avaient été suspendus en raison de la crise pour les enfants handicapés reprendront progressivement;
- Les enfants suivis par l’aide sociale à l’enfance doivent avoir un accès prioritaire aux installations de vacances dont l’ouverture sera autorisée par le gouvernement. Ce dernier souhaite planifier les périodes de répit et le relais des assistants sociaux, notamment par du parrainage de proximité.
Le Royaume-Uni soucieux des enfants à besoins particuliers
Loin d’avoir annoncé l’assouplissement des mesures de distanciation, le Royaume-Uni a tout de même prévu des initiatives pour venir en aide aux familles. Bien que la majorité des écoles soient fermées, le gouvernement a par exemple permis aux enfants avec des besoins particuliers de continuer de s’y rendre ou d’accéder à d’autres installations quand l’école est inaccessible. Les autorités ont aussi publié un guide plus général à l’intention des parents et des tuteurs. On y décrit les signes de détresse à surveiller selon le groupe d’âge:- 2 ans et moins : ils pourraient pleurer davantage ou avoir besoin de plus de câlins;
- De 3 à 6 ans : ils pourraient régresser par rapport à leur niveau de développement (recommencer à mouiller le lit, vivre de l’angoisse de séparation, etc.);
- De 7 à 10 ans : ils pourraient se sentir tristes, en colère ou effrayés. Certains pourraient vouloir parler constamment de la pandémie et d’autres, ne rien vouloir entendre à ce sujet. Les problèmes de concentration sont à guetter.
Le guide donne plusieurs conseils :
- Prendre soin, en tant que parent, de sa propre santé mentale. Les enfants perçoivent la détresse des adultes;
- Être à l’écoute. Les signes de détresse peuvent se manifester de différentes manières chez les tout-petits (maux de ventre, irritabilité, tristesse, etc.);
- Créer une routine et recourir à des repères visuels pour l’expliquer;
- Informer les enfants et répondre à leurs questions de façon honnête, mais sans les alarmer, en utilisant des sources fiables et en limitant leur exposition aux nouvelles;
- Si l’enfant est suivi par des professionnels en raison d’une condition (trouble du spectre de l’autisme, TDAH, troubles d’apprentissage, maladie mentale, problèmes de santé physique, etc.), ne pas hésiter à consulter ces professionnels pour demander du soutien;
- En cas d’inquiétude, consulter un médecin.
L’Irlande informe sur les enjeux juridiques
L’Irlande, qui a entrepris son déconfinement le 18 mai, reconnaît que les restrictions mises en place pour freiner le virus ont provoqué de la détresse chez plusieurs familles. Le gouvernement a donc produit un document de référence contenant de l’information pratique et légale spécifiquement pour la crise de la COVID-19. On peut y lire que:- la situation ne peut servir d’excuse au non-respect des ordonnances de la Cour. Toutefois, les parents doivent agir dans les meilleurs intérêts de l’enfant. En cas de séparation, ils devraient essayer de s’entendre à l’amiable, mais il est possible de recourir à la médiation. À compter du 18 mai, les requêtes et les audiences pour violation des droits de visite pendant la période d’urgence décrétée par le gouvernement seront traitées en priorité par les tribunaux;
- depuis le 12 mai et pour une période de trois mois, des mesures temporaires facilitent le placement d’un enfant chez une personne désignée en cas de maladie ou d’hospitalisation du parent. Les requêtes et audiences demandées en ce sens seront aussi traitées comme des questions urgentes par les tribunaux à partir du 18 mai;
- une marche à suivre existe pour le parent incapable de payer une pension alimentaire en raison de la crise. En cas de non-paiement, une aide financière supplémentaire pourrait être versée à l’autre parent;
- les tribunaux continuent de traiter en priorité tous les cas de violence domestique. Les restrictions de déplacement ne s’appliquent pas aux femmes et aux enfants qui cherchent à obtenir des services essentiels ou qui fuient un foyer violent.
Le Japon propose un généreux plan d’aide
Selon une récente analyse du professeur Ceyhun Elgin, de l’Université Columbia, aux États-Unis, le plan de relance du Japon constitue le plan le plus généreux au monde, en pourcentage du PIB (21 %). Ce plan prévoit, entre autres, des mesures d’aide susceptibles d’alléger le fardeau de certains groupes à risque. Le magazine Metropolis les résume ainsi :- Une aide financière de 100 000 yens (1314,5 dollars canadiens) pour tout citoyen ou résident étranger qui demeurait au Japon depuis au moins trois mois en date du 27 avril et qui en fait la demande, sans égard au revenu. Les femmes ayant fui un conjoint violent peuvent déposer une demande et recevoir l’aide à une autre adresse que celle qu’elles ont quittée. Elles pouvaient aussi déposer leur demande après la date limite du 30 avril;
- Le Japon oblige les entreprises qui forcent les travailleurs à demeurer à la maison à couvrir 60 % du salaire moyen de leurs employés. Tous les employés sont éligibles, peu importe leur nationalité;
- Les travailleurs autonomes qui doivent s’occuper de leur enfant en raison de la fermeture des écoles élémentaires et des services de garde peuvent recevoir une aide de 4 100 yens (54 dollars canadiens) par jour de travail manqué entre le 27 février et le 30 juin. La mesure s’applique aux parents et aux gardiens légaux d’enfants mineurs, d’enfants du secondaire vivant avec un handicap et d’enfants ayant contracté ou ayant pu contracter la COVID-19.