Observatoire des tout-petits

1 mars 2022

Comment la pandémie a-t-elle modifié les pratiques en conciliation famille-travail des entreprises?

Le point
Par Maude Goyer

La pandémie a-t-elle modifié les pratiques en conciliation famille-travail des entreprises du Québec ? C’est l’une des questions au cœur du sondage Léger réalisé pour le Réseau pour un Québec Famille, via son initiative Concilivi, en partenariat avec le Conseil de gestion de l’assurance parentale et dont les résultats ont été dévoilés le 27 janvier dernier.

Le sondage a été fait auprès de 1 000 employeurs québécois de tailles et secteurs variés. À noter que le sondage a été mené entre le 25 octobre et le 10 novembre 2021; le Québec était alors entre deux vagues de Covid-19 avec des taux de nouveaux cas parmi les plus bas depuis le début de la pandémie en mars 2020.

Voici les faits saillants du sondage au sujet des mesures de conciliation famille-travail (CFT) mises en place par les employeurs en ces temps de pandémie.

85% des organisations affirment avoir des mesures de conciliation famille-travail (CFT) en vigueur.

  • Ces mesures sont surtout présentes dans les organismes publics et parapublics (95%), et dans les organismes sans but lucratif ou d’économie sociale (96%).
  • La flexibilité des horaires de travail (65%), la souplesse dans le choix des vacances (43%), la possibilité d’accumuler des heures (32%) et le télétravail (30%) sont les mesures de CFT les plus répandues.

48% des employeurs indiquent qu’ils ont adapté ou revu leurs mesures de CFT à cause de la pandémie.

  • Le télétravail (30%), un changement dans les heures d’ouverture et un ajustement des horaires (11%), la réduction du temps et des jours de travail (9%) et l’augmentation du nombre de journée de congé maladie ou famille (8%) sont les mesures les plus touchées par des changements.
  • Parmi les entreprises qui n’ont pas revu leurs mesures ou ne les ont pas adaptées (52%), une majorité n’ont rien changé « du tout » (30%) comparativement à celles qui ont changé « un peu » de choses (22%).

Lorsqu’on demande aux employeurs ce qui a changé en matière de CFT, en temps de pandémie, ceux-ci citent également une plus grande adaptabilité des méthodes de travail en raison du contexte changeant (7%), la fermeture de la garderie/école et la présence prolongée des enfants à la maison (4%) ainsi que la baisse de travail, du revenu et/ou la réduction du personnel (4%).

« Les nouvelles réalités du télétravail et de l’école à distance, deux phénomènes appelés à perdurer, nous invitent maintenant à penser différemment les enjeux de conciliation famille-travail, notamment pour tenir compte des interactions entre le rôle de parent et celui de travailleur, dans un contexte où ces responsabilités doivent être exercées simultanément. » – Extrait d’une lettre ouverte signée par Corinne Vachon Croteau, directrice générale du Réseau pour un Québec Famille (RPQF) et Alex Gauthier, président du RPQF (Journal Métro, 20 janvier 2022)

85% des employeurs indiquent que les nouvelles mesures de CFT sont là pour rester.

  • Cela est d’autant plus vrai chez les petites (86%) et moyennes (85%) entreprises que chez les grandes (75%) ou très grandes (73%).
  • Les organisations publiques ou parapubliques sont parmi les plus « certaines » (51%) de maintenir les nouvelles mesures.
« Dans un contexte où les frontières entre le travail et la famille sont plus ténues, il y a une sensibilisation importante à faire, notamment quant à la gestion des attentes de part et d’autre. Il est nécessaire d’outiller les personnes en position de gestion, qui ont été elles-mêmes souvent en télétravail avec de jeunes enfants à la maison. » – Corinne Vachon Croteau, directrice générale du RPQF

76% des employeurs constatent un effet positif des mesures de CFT chez leurs employés…

  • Une plus grande satisfaction et motivation (47%), une amélioration du climat de travail (34%) et une amélioration de la qualité du travail (31%) sont les effets positifs les plus courants.

… mais les bénéfices perçus de ces mesures sont en baisse comparativement à l’an passé.

  • L’amélioration du climat de travail (en chute de 20 points), le service à la clientèle (en baisse de 19 points), l’amélioration de la qualité du travail (en chute de 15 points) et la productivité (en chute de 15 points) sont les aspects les plus atténués par la pandémie.

Pour Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à la TELUQ spécialisée en conciliation famille-travail-études qui a collaboré à la conception du sondage, les résultats témoignent du fait que les bouleversements causés par la pandémie atténuent la perception des effets positifs des mesures mises en place. 

« On voit à quel point la conciliation famille-travail repose sur un équilibre fragile. C’est vrai entre autres pour les nouvelles difficultés amenées par la pandémie, dont la garde des enfants, autant du côté des gestionnaires que des travailleurs. […] Les entreprises doivent faire preuve d’une capacité d’adaptation constante, et le soutien aux gestionnaires sera primordial. » – Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à la TELUQ et spécialiste en conciliation famille-travail-études

À découvrir dans notre Portrait politiques 2021 :

  • Un état de situation des principales politiques publiques en matière de conciliation famille-travail au Québec;
  • Des informations clés sur leur efficacité;
  • Des exemples d’initiatives d’ici ou d’ailleurs qui peuvent devenir des sources d’inspiration pour améliorer nos politiques.

Précisions sur le sondage 

Le sondage Web a été fait auprès de 1 000 employeurs québécois, incluant des propriétaires d’entreprises, des président(e)s, des directeurs (rices) et des responsables de ressources humaines, d’organisations de tailles variées (de la petite à la très grande entreprise) et de secteurs d’industrie différents (commerces, services professionnels, finances, enseignement, information, construction, etc.).

Pour aller plus loin

Lire le communiqué du RPQF

Consulter le rapport complet présentant les résultats du sondage

Contenu dans le même dossier

Le point
Pandémie : naître sous le signe du stress
29 février 2024

Pandémie : naître sous le signe du stress

Voir le contenu