Après les «enfants du verglas», les «enfants de la COVID-19»?
Accoucher en pleine pandémie : événement stressant, s’il en est un. Si les gouvernements assurent pour l’instant que les femmes enceintes ne semblent pas plus à risque de contracter la COVID-19 que le reste de la population, l’angoisse vécue par certaines mères pourrait avoir un effet sur leur bébé.
Plusieurs études ont démontré les conséquences du stress maternel dans le développement de l’enfant à naître. Au Québec, la plus célèbre est sans doute le Projet Verglas, mené par Suzanne King, professeure en psychiatrie à l’Université McGill et chercheuse au Centre de recherche Douglas. Son équipe continue de suivre 150 familles dont la mère était enceinte lors de la crise du verglas, en 1998. Au fil des suivis, les chercheurs ont observé les effets nombreux et significatifs du stress maternel prénatal sur les enfants. Ces derniers seraient notamment plus susceptibles d’être obèses ou de souffrir d’anxiété et de dépression.
En entrevue avec La Presse, Suzanne King affirmait récemment que l’étendue de la crise causée par la COVID-19 pourrait être pire que celle du verglas et elle suggérait aux futures mamans de s’isoler le plus possible des nouvelles stressantes. Pas évident quand la situation financière est précaire. C’est d’ailleurs ce qui inquiète la Fondation Olo, qui assure un suivi personnalisé auprès des femmes enceintes vulnérables en leur offrant vitamines prénatales, coupons échangeables contre des aliments et conseils professionnels. Plus de 5000 femmes ont actuellement besoin de ces services, un nombre appelé à grimper dans les prochains mois selon l’organisme.
Nous entrons dans une phase cruciale de la pandémie où il faut, plus que jamais, soutenir les femmes enceintes vulnérables. Si les banques alimentaires font un travail incroyable, elles ne peuvent constituer la seule option pendant une grossesse. Outre l’alimentation saine qui est nécessaire, le soutien psychologique en est pour beaucoup. Souvent, le seul filet social qui reste pour bien des femmes est maintenu grâce au travail des intervenantes Olo sur le terrain », souligne par voie de communiqué la directrice générale de la Fondation, Élise Boyer.
Pour continuer d’offrir cette présence à celles qui en ont besoin et pour répondre aux nouvelles demandes, l’organisme a d’ailleurs lancé une campagne de financement d’urgence pour amasser 750 000 $. La Fondation souhaite par exemple prolonger la période pendant laquelle elle offre les « aliments Olo » (oeufs, lait et légumes surgelés) jusqu’à un mois après la naissance du bébé et faire en sorte que les femmes puissent se procurer des produits plus diversifiés à l’épicerie. Jusqu’à présent, la campagne a atteint le tiers de son objectif.