Réfugiés et travailleurs essentiels sans accès aux soins de santé
La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) dévoile de nouvelles données sur la situation des demandeurs d’asile qui travaillent dans les services essentiels au Québec pendant la pandémie de COVID-19.
Le sondage mené entre le 14 mai et le 15 juin 2020 auprès de 400 personnes demandant l’asile et ayant travaillé dans les services essentiels au Québec pendant la pandémie révèle que les conditions de travail et les conditions de vie sont précaires pour ces travailleurs essentiels.
Quelques faits saillants du sondage :
- Seulement 56 % des répondants ayant ressenti des symptômes liés à la COVID-19 ont passé un test de dépistage;
- Parmi les répondants qui ont dit avoir ressenti des symptômes de la COVID-19, 64 % ont déclaré avoir eu des difficultés à obtenir des soins de santé;
- 93 % des répondants ayant des enfants et qui ont voulu inscrire leurs enfants aux services de garde d’urgence se sont fait refuser l’accès en raison de leur statut de demandeur d’asile, alors qu’ils y avaient droit pendant la crise sanitaire;
- Les personnes interrogées expriment beaucoup de répercussions négatives liées au fait de ressentir des symptômes de la maladie et d’être en isolement. Ces répercussions sont exacerbées par leur manque de réseau sur lequel s’appuyer, leur accès limité aux services et leur précarité financière.
Notre sondage indique que de nombreux travailleurs essentiels ont mis leur santé ainsi que celle de leur famille en péril au plus fort de la crise sanitaire, mais sans recevoir en retour le soutien et les services nécessaires pour leur assurer des conditions de vie sécuritaires et saines. Par exemple, parmi les répondants ayant des enfants mineurs, 90 % n’ont pas bénéficié des services de garde d’urgence mis en place par le gouvernement pour les travailleurs dans les services essentiels
- Lida Aghasi, coprésidente de la TCRI
Un accès très limité aux services pour les plus vulnérables
Le sondage démontre un accès fort limité aux services publics pour les demandeurs d’asile alors que les soins de santé auraient dû être accessibles et que des services de garde d’urgence avaient été mis en place pour les travailleurs essentiels. Selon la TCRI, cette situation s’explique notamment par une difficulté d’accès à l’information chez les demandeurs d’asile concernant leurs droits aux services de santé, un manque d’accompagnement et de soutien ainsi que la méconnaissance au sein même des institutions publiques.
Des recommandations en prévision d’une deuxième vague
La TCRI formule plusieurs recommandations adressées aux gouvernements fédéral et québécois afin d’améliorer les conditions de vie des personnes demandant l’asile et travaillant dans les services essentiels dans le contexte de la pandémie de COVID-19:
- Que le gouvernement québécois élargisse le panier des services financés existants pour les nouveaux arrivants en permettant aux demandeurs d'asile de bénéficier de services et de prestations financières tels que les services de garde subventionnés, services d'accueil et établissement dispensés par les organismes communautaires, services en employabilité de Services Québec et cours de francisation à temps complet dispensés par le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI), allocations familiales, etc.;
- Que le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec mette immédiatement en place des mesures pour surmonter les barrières administratives à l’accès aux soins pour les demandeurs d’asile qui ont accès au Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI);
- Que les gouvernements fédéral et provincial accélèrent la mise en œuvre et bonifient le programme de régularisation annoncé le 14 août dernier afin que tous les demandeurs d’asile ayant travaillé dans des secteurs jugés essentiels, autres que le secteur de la santé, y soient admissibles;