Les enfants et la COVID-19 : Revue de la littérature scientifique par l’INSPQ
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a mis à jour le 1er septembre dernier sa revue rapide de la littérature scientifique publiée au Québec et à l’international sur les facteurs de risque d’infections sévères et sur le potentiel de transmission de la COVID-19 chez les enfants. Survol des principaux constats concernant les tout-petits classés en fonction de leur niveau d'appui.
Le document est basé sur les publications et prépublications scientifiques identifiées à l’aide de la veille quotidienne réalisée par l’INSPQ sur la COVID-19 et les enfants.
Dans sa revue, l’INSPQ précise que les observations menant aux constats ont pu être influencées par le fait que les enfants sont plus susceptibles de développer des formes asymptomatiques de la COVID-19 ou de montrer peu de symptômes (ils sont donc moins testés) ainsi que par la réduction des contacts lors du confinement. Il importe donc de suivre la situation cet automne, avec la réouverture des écoles et des services de garde éducatifs à l’enfance.
Constats avec un niveau d’appui élevé
L’incidence de la COVID-19 est moins élevée chez les enfants que chez les adultes et elle augmente avec l’âge. Au Québec, en date du 26 juillet 2020, les moins de 18 ans représentaient environ 6 % (n = 3 753) de tous les cas déclarés.
La distribution des cas parmi les moins de 18 ans était la suivante :
- 11 % de 0-1 an,
- 15 % de 2-4 ans,
- 24 % de 5-9 ans,
- 25 % de 10-14 ans,
- 25 % de 15-17 ans.
Le virus est le plus souvent bénin chez les enfants et les risques de maladie sévère ou de décès sont très faibles. Les enfants seraient moins susceptibles que les adultes de déclencher une réponse inflammatoire aiguë contre la COVID-19. Au Québec, du 6 avril au 25 juillet 2020, 4 187 cas et 70 hospitalisations (1,7 %) ont été rapportés parmi les moins de 20 ans, alors que ces chiffres grimpent chez les 20 ans et plus à 45 651 cas et à 5 981 hospitalisations (13 %).
Moins de cinq enfants auraient été admis aux soins intensifs en lien avec la COVID-19. Selon une étude, les bébés de moins d’un an peuvent être plus touchés par les formes sévères de la maladie et les plus souvent hospitalisés.
Constats avec un niveau d’appui modéré
Les enfants sont susceptibles d’être infectés par la COVID-19, mais lors d’un contact à risque, la probabilité de la contracter pourrait être moindre que chez les adultes. Une des hypothèses soulevées pour expliquer que les enfants sont moins à risque est que leur épithélium nasal pourrait contenir moins de récepteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE2), une protéine utilisée par le virus pour pénétrer dans les cellules. Une protection croisée due à une exposition récente des enfants à d’autres virus est une autre hypothèse soulevée.
Les enfants ne semblent pas être des vecteurs importants de la transmission du virus, comparativement aux adultes, mais des incertitudes demeurent à ce sujet. La plupart des études suggèrent une faible transmission du virus en milieu scolaire, malgré les contacts étroits. Puis, dans les familles, la transmission d’un adulte vers un autre adulte ou vers un enfant semble être plus fréquente que la transmission d’un enfant à un adulte.
Deux autres observations sont intéressantes considérant le fait que les enfants n'ont souvent peu ou pas de symptômes : les personnes asymptomatiques transmettraient peu le virus, et les personnes avec peu de symptômes auraient une charge virale plus faible, comparée aux cas avec une forme plus sévère de la maladie.
Constats avec un niveau d’appui faible
La présence de comorbidités chez l’enfant pourrait être associée à un risque plus élevé d’hospitalisation ou d’admission aux soins intensifs, à la suite d’une infection à la COVID-19. Au Québec, un peu plus de la moitié des cas pédiatriques déclarés présentaient des comorbidités et 19 % d’entre eux avaient au moins un facteur de risque. La proportion d’hospitalisations ou de séjours aux soins intensifs semblait être plus élevée parmi les enfants avec au moins un facteur de risque, surtout ceux avec des troubles neurologiques.
Les maladies suivantes ont été répertoriées :
- maladies respiratoires (p. ex. : asthme, maladies pulmonaires chroniques),
- maladies cardiovasculaires (p. ex. : maladies cardiaques congénitales),
- immunodépression,
- atteintes multisystémiques ou autres problèmes de pédiatrie complexes,
- maladies rénales (p. ex. : maladies rénales chroniques, hydronéphrose),
- troubles neurologiques ou neurodéveloppementaux (p. ex. : trisomie 21, épilepsie, troubles neurologiques sans précision),
- cancers et obésité.
Peu d’études présentent des détails sur le degré de sévérité des maladies chroniques sous-jacentes ou sur leurs traitements, ce qui ne permet pas de quantifier le risque d’une forme sévère de la COVID-19 de façon très précise.
Constat avec un niveau d’appui inconnu
- Les impacts à long terme de la COVID-19 chez les enfants sont peu connus à ce jour.
Par Amélie Cournoyer