Grossesse et pandémie : des effets importants sur la santé mentale des mères
Quels sont les effets de la pandémie et des mesures sanitaires sur la santé mentale des femmes enceintes ? C’est la question que s’est posée Anick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine, dans le cadre de l’étude Conception lancée en juin 2020.
La recherche, qui compte actuellement un échantillon de 4 445 femmes enceintes et enfants, est toujours en cours. L’étude vise à quantifier la prévalence de la dépression, de l’anxiété et du stress chez les femmes enceintes pendant la pandémie de COVID-19 et à identifier les prédicteurs de problèmes de santé infantile et maternelle. L’étude recueille aussi des informations sur la vaccination contre la COVID-19 et son impact sur la femme et les enfants.
Des résultats préoccupants
Voici quelques faits saillants des résultats :
- Entre 21 et 27 % des participantes présentaient des symptômes dépressifs sévères et 35 à 43 % présentaient des symptômes modérés à sévères.
- Les femmes qui ont accouché tout de suite après le début de la pandémie rapportaient plus souvent des symptômes dépressifs sévères.
- Plus le moment de l’accouchement s’approchait, plus la fréquence des symptômes dépressifs sévères et modérés à sévères augmentait.
- Les plus grands prédicteurs de dépression durant la grossesse pendant la pandémie sont le stress maternel et l’anxiété maternelle. Les trois conditions sont interreliées.
- Les femmes qui étaient sur le point d’accoucher avaient un niveau de stress plus élevé que celles qui étaient en début de grossesse.
- La deuxième vague de la pandémie a été la plus éprouvante pour les femmes enceintes, tant au niveau des symptômes dépressifs, de l’anxiété et du stress.
12 % des femmes enceintes participantes ont reçu un diagnostic de COVID-19. Aucune malformation n’a été détectée chez l'enfant. La majorité des participantes ont reçu au moins une dose de vaccin à ARN messager.
L’étude Conception a utilisé les réseaux sociaux pour recruter des femmes aux États-Unis, en Europe, en Afrique, en Asie et au Canada. Anick Bérard remarque d’ailleurs que les mères canadiennes semblent avoir été plus affectées par la COVID en ce qui concerne la dépression, mais pas en ce qui concerne l’anxiété et le stress. « Nous allons devoir nous pencher plus particulièrement sur cette tendance pour voir ce qui en est et pour mieux l’expliquer », ajoute-elle.
Des effets à long terme à prévoir ?
Les études montrent que le stress, l’anxiété et la dépression peuvent avoir des effets négatifs sur la santé des mères, mais aussi sur les bébés et les tout-petits. Les études montrent un plus haut risque d’obésité, de troubles cognitifs ou du langage et de troubles de santé mentale chez les enfants dont la mère a subi un stress pendant la grossesse.
Cette étude est toujours en cours et les femmes enceintes ont la possibilité d’y participer en répondant à un questionnaire en ligne d’une durée d’environ 20 minutes.
Pour découvrir plus concrètement les réalités qui se cachent derrière ces chiffres, un article paru dans La Presse met en lumière les témoignages de 6 femmes qui parlent de l'isolement et du stress qu'elles ont vécu durant leur grossesse en temps de pandémie.
Pour aller plus loin
Visionner le webinaire présenté par L’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES)
Consulter notre Dossier web : Comment la pandémie touche-t-elle les tout-petits et leurs familles ?