La situation des pères et des hommes d'expression anglaise au Québec
Quel est le profil des hommes appartenant à la communauté d’expression anglaise au Québec? La pandémie les a-t-elle davantage affectés? Lorsqu’ils recourent aux services, vivent-ils des obstacles dus à leur langue? Enfin, quelles interventions pourraient améliorer leur accès aux services sociaux et de santé? Ces interrogations sont au cœur d’une étude sociologique dont les résultats ont été présentés dans le cadre de la Su-Père Conférence 2022.
Publié en janvier 2022, le Portrait des hommes et des pères de la communauté d’expression anglaise au Québec et de leur rapport aux services – un regard sociologique est le fruit d’une collaboration entre le Community Health and Social Services Network (CHSSN), le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP) et le Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes (PERSBEH).
L’objectif de cette étude menée par Jacques Roy, chercheur au PERSBEH, est de rendre compte des réalités de la communauté d’expression anglaise au Québec, en dressant le profil des hommes et des pères qui la composent de même que de leurs besoins en matière de services sociaux et de santé.
Portrait en temps de pandémie
L’étude sociologique a analysé les données recueillies dans le cadre de trois sondages complémentaires, dont un sondage réalisé en 2021 par SOM. Ce dernier portait sur les hommes et la COVID-19 avec un échantillon de 2 740 hommes québécois, dont 392 hommes d’expression anglaise et 92 pères d’expression anglaise.
Il en ressort cinq conclusions importantes.
Pour bien soutenir les pères d’expression anglaise
Selon l’étude, cinq éléments doivent être considérés pour mieux adapter les services aux réalités des hommes et des pères d’expression anglaise au Québec.
- La langue : offrir des services en anglais.
- La culture : tenir compte de la diversité des cultures au sein même de la communauté d’expression anglaise.
- La dimension socioéconomique : rendre les services plus accessibles financièrement et considérer le fait que les barrières culturelles peuvent tenir les classes populaires à distance des services.
- La paternité : prendre en considération que les valeurs paternelles et les représentations symboliques de la paternité diffèrent selon les différentes cultures.
- Les masculinités : prendre en considération que les différentes formes de la masculinité influencent la compréhension des rôles de genre des hommes et des pères d’expression anglaise, de même que leur rapport aux services.
À propos de la communauté d’expression anglaise au Québec
La communauté d’expression anglaise au Québec comprend toutes les personnes dans la province ayant l’anglais comme première langue parlée, que ce soit leur langue maternelle ou non. Depuis les années 1970, le portrait de cette communauté s’est profondément modifié : si elle était autrefois favorisée économiquement et relativement homogène et blanche, certaines de ses conditions socioéconomiques sont passées sous la moyenne de l’ensemble du Québec aujourd’hui. La communauté s’est aussi beaucoup diversifiée par l’apport démographique et culturel des allophones.
Quelques chiffres :
- en 2016, la communauté d’expression anglaise au Québec comprend 1 103 475 personnes, soit près de 14 % de la population québécoise ;
- 8 anglophones sur 10 résident dans la région métropolitaine de Montréal ;
- la communauté d’expression anglaise est très diversifiée sur les plans culturel et religieux, les allophones composant 35 % de la communauté ;
- le tiers de la communauté d’expression anglaise parle uniquement l’anglais ;
- les membres de cette communauté ont un taux de diplomation universitaire supérieur à la moyenne québécoise, mais ils sont plus nombreux en proportion à avoir de faibles revenus et à être au chômage.
En résumé, l’étude traduit une évolution socioéconomique difficile de la communauté d’expression anglaise au Québec. L’étude met aussi en lumière un important problème d’accessibilité aux services sociaux et de santé pour ces familles, principalement en raison de la langue. Toujours selon les résultats de l’étude, deux clientèles mériteraient une attention particulière, soit les hommes anglophones aux prises avec un indice de détresse psychologique élevé de même que les jeunes pères anglophones.
Pour aller plus loin
Pour lire le Portrait des hommes de la communauté d’expression anglaise au Québec
Pour en savoir plus sur le Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes
Pour en savoir plus sur le Community Health and Social Services Network (CHSSN)
Pour en savoir plus sur le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité