La bienveillance et l’accompagnement pour soutenir les pères immigrants
Les pères immigrants ont peu d’occasions pour parler de leur vécu. Une initiative du Bureau de la communauté haïtienne de Montréal leur offre maintenant un espace pour échanger et se sentir écoutés.
Certains hommes issus de l’immigration trouvent qu’il est difficile de se défaire de cette étiquette d’immigrant. « Notre programme veut faire en sorte de faire disparaître cette stigmatisation, souligne Djimmy Rouzard, intervenant social au Bureau de la communauté haïtienne de Montréal. Il s’agit d’un programme de bienveillance, de soutien et d’accompagnement. »
Un parcours migratoire peut parfois être chaotique et laisser des cicatrices. « Les hommes qui se présentent peuvent donc avoir des outils [façons d’interagir, ressources personnelles] un peu endommagés ou pas tout à fait adaptés à leur terre d’accueil », explique l’intervenant. Le but du programme est de les aider à redorer ces outils et à leur donner une nouvelle vie.
« À travers notre programme, nous voulons que les papas immigrants puissent devenir la meilleure version d’eux-mêmes. »
Une panoplie de services
Puisque le programme a vu le jour en pleine pandémie, celui-ci a débuté par un groupe Facebook qui compte aujourd’hui 285 pères membres. On y retrouve des vidéos éducatives, des capsules et des articles sur la coparentalité. C’est aussi là que se fait l’annonce des activités du programme.
Un petit groupe utilisant l’application WhatsApp a également été mis en place. « Il s’agit de l’outil de communication par excellence utilisé par des millions d’immigrants, souligne Djimmy Rouzard. Les pères nous disent que les semaines sont parfois difficiles et qu’ils ont besoin d’un petit coup de pouce. Sur WhatsApp, nous pouvons mettre des citations de motivation et des articles à lire rapidement sur le pouce. Le papa peut ainsi y trouver des mots encourageants qui vont peut-être changer le cours de sa journée. »
Le programme comprend également des rencontres virtuelles qui ont lieu sous forme de 5 à 7, toutes les deux semaines.
« C’est un espace où les pères se sentent respectés et dans lequel on prône la bienveillance. »
À cela s’ajoutent des ateliers sur des thématiques variées comme la gestion des émotions, l’estime de soi, la sexualité, la masculinité toxique et la santé mentale. « Nous avons aussi des activités extérieures en saison estivale, ajoute l’intervenant. L’une des plus populaires et qui est devenue une activité annuelle, c’est le barbecue des papas et des enfants. C’est un événement rassembleur qui ouvre l’esprit. »
L’équipe de l’Observatoire est allée à la rencontre de ces organismes qui soutiennent les pères immigrants et parviennent à tisser un filet social autour des familles immigrantes.
Un clair succès
« Nous avons beaucoup de témoignages de nos chers papas, se réjouit Djimmy Rouzard. Ils se sentent transformés. Plusieurs n’ont jamais eu la chance de pouvoir s’exprimer ouvertement. Là, on les écoute. »
Selon l’intervenant, certains considèrent même le programme comme une thérapie informelle, c’est-à-dire un espace dans lequel ils peuvent vraiment être eux-mêmes.
« Parfois, lorsqu’on arrive comme immigrant, nous portons un masque pour nous conformer ou pour ne pas être regardés de travers. Au sein de ce programme, ils peuvent se montrer vulnérables et trouver un certain équilibre. Et l’équilibre des enfants passe par l’équilibre du papa. »
Cette initiative a été présentée par Djimmy Rouzard, intervenant social au Bureau de la communauté haïtienne de Montréal, dans le cadre de la Su-Père Conférence 2022, organisée par le Regroupement pour la valorisation de la paternité.
Pour aller plus loin
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