Observatoire des tout-petits

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21 avril 2020

Pendant la pandémie, on veille sur les tout-petits ❣️

	Pendant la pandémie, on veille sur les tout-petits ❣️
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Le Québec est plongé dans la crise de la COVID-19 depuis maintenant plusieurs semaines et personne n’avait imaginé ce que nous allions traverser. Nous faisons ainsi face à l’inconnu. Nous savons toutefois qu’une frange de la population est très à risque en ce moment : les tout-petits. Pas en raison du virus, mais plutôt en raison des stress vécus par les adultes qui en prennent soin. Pendant la pandémie, l'Observatoire veille sur les tout-petits en abordant tous les facteurs de risque qui sont accentués par la crise actuelle.

Le revenu 

Une analyse de la firme Aviseo Conseil révèle que les travailleurs québécois perdront plus de 9 milliards de dollars en salaire et traitement pendant le prochain trimestre. Le choc causé par la pandémie pourrait entraîner la perte de 689 211 emplois. Par ailleurs, les gens atteints de la COVID-19 pourraient voir leurs revenus diminuer pendant leur confinement obligatoire. Un sondage Léger publié le 24 mars révèle d’ailleurs que le revenu personnel de 38 % des Canadiens est affecté par la crise et que 27 % d’entre eux croient qu’ils ne pourront pas payer toutes leurs factures. Des études révèlent que les enfants vivant dans la pauvreté seraient plus à risque de développer des difficultés scolaires dès leur entrée à l’école et tout au long de leur parcours scolaire. La pauvreté serait aussi associée au développement de problèmes de comportement chez les enfants d’âge préscolaire et au développement plus fréquent de problèmes de santé physique, dont l’asthme. Parce qu’elles augmentent le stress des parents, les conditions socioéconomiques défavorables peuvent aussi être associées à la maltraitance.

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Le stress des parents

39 % des mères et 23 % des pères de tout-petits présentaient en 2018 un niveau de stress élevé lié à la conciliation des obligations familiales et extrafamiliales. La pandémie de COVID-19 aura malheureusement pour effet d’amplifier le phénomène, notamment en raison de la fermeture des services éducatifs à la petite enfance. Certains parents devront aussi apprendre à conjuguer télétravail et présence de jeunes enfants. 

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L'insécurité alimentaire

Environ un ménage québécois sur dix ayant au moins un enfant de moins de 6 ans était en situation d’insécurité alimentaire en 2015-2016. « Nous savons que la hausse des fermetures d’entreprises, des mises à pied et des demandes d’assurance-emploi aura une incidence sur les banques alimentaires, explique Banques alimentaires Canada. Pour mettre les choses en perspective, pendant la Grande récession de 2008, les banques alimentaires du Canada avaient indiqué une augmentation mensuelle de 200 000 clients, ce qui représentait une hausse de 28 % à l’époque. Nous prévoyons une augmentation encore plus importante des besoins en raison de la crise du coronavirus. » 

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Le logement abordable et de taille suffisante

Selon le Portrait 2019 de l’Observatoire des tout-petits, 13,6 % des familles avec au moins un enfant de 0 à 5 ans consacraient plus de 30 % de leur revenu au logement et 12,0 % habitaient dans un logement de taille insuffisante. « Si, dans un contexte normal, un nombre non négligeable de personnes ne parvient pas à couvrir ses besoins de bases et assurer son droit au logement, la crise actuelle renforce davantage la vulnérabilité de ces personnes »

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La maltraitance

La majorité des facteurs de risque de la maltraitance peuvent s’exacerber dans le contexte de pandémie et d'isolement auquel sont actuellement exposées les familles québécoises : 

  • Les pertes d’emploi vécues par plusieurs familles augmentent cette pression économique sur les familles. Plusieurs familles en situation de pauvreté ayant normalement recours aux banques alimentaires n'y ont plus accès, car la majorité des services sont suspendus ou lourdement affectés en raison de l'interdiction de rassemblement et de la réduction drastique de bénévoles contraints à rester chez eux, selon un communiqué de Centraide du Grand Montréal.
  • Dans le contexte actuel, de nombreux parents se retrouvent à faire du télétravail, mais dans un contexte assez inhabituel : avec des enfants à la maison dont ils doivent s'occuper tout en travaillant. Le défi de conciliation famille-travail est donc exacerbé, tout particulièrement pour les parents de tout-petits, puisque ceux-ci nécessitent plus d'attention et de soins.
  • Considérant la fermeture des organismes communautaires famille et des haltes-garderies au public1, la situation actuelle prive les familles de ce soutien précieux. Pour répondre aux besoins qui se font sentir pendant la crise, les équipes de LigneParents et de la FQOCF ont rapidement mis en place Priorité Parents afin de créer un pont et ainsi assurer un soutien aux parents en prolongeant des suivis pouvant être effectués de manière régulière à plus long terme. Cet accompagnement personnalisé est offert par les intervenants des OCF, selon les besoins et la réalité de chaque parent.
  • En étant isolées des autres, certaines personnes peuvent devenir plus anxieuses ou inquiètes. Le caractère anxiogène de la situation que nous vivons actuellement peut exacerber la vulnérabilité des parents qui souffrent de problèmes de santé mentale.

Note 1 : voir dans l'encadré les services qui sont actuellement maintenus par les OCF.

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Dans les prochains jours, nous continuerons à partager les belles initiatives mises en place par différents acteurs sur le terrain afin de soutenir les tout-petits et leurs familles. Les deux derniers textes de la série couvriront l'effritement du soutien social et les parents qui souffrent de problèmes de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression.

Le soutien social

En 2015, un parent sur quatre disait ne pas pouvoir compter sur son entourage lorsqu’il n’en peut plus. Considérant la nécessité des directives d’isolement et de distanciation sociale, les familles sont privées du soutien social fourni habituellement par leur entourage (voisins, proches, famille élargie).  Des solutions sont actuellement déployées par les organismes de proximité afin qu’ils puissent maintenir le plus possible un tissu social autour des familles en expérimentant de nouvelles avenues : des groupes d’échanges entre parents par visioconférence, des suivis téléphoniques auprès des familles qui fréquentent les haltes-garderies pour voir comment ça se passe, etc.  La Commission des droits de la personne et de la jeunesse a aussi lancé un appel à tous visant à encourager les gens à : « téléphoner à ses nièces, ses petits-enfants ou ses jeunes voisins pour leur demander comment ils vont, à envoyer des messages courriel ou via les réseaux sociaux s'ils y sont présents ».

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La santé mentale des parents

En 2018, 11 % des mères et 6,6 % des pères de tout-petits présentaient des symptômes dépressifs modérés à graves. En étant isolées des autres, certaines personnes peuvent devenir plus anxieuses ou inquiètes. L'Observatoire québécois des inégalités recommande qu'il y ait un effort national de recrutement de bénévoles à distance et de don de matériel informatique aux organismes voués à réduire l’isolement des personnes vulnérables.

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