Observatoire des tout-petits

Quels sont les besoins actuels des familles de tout-petits en matière de logement?

L’augmentation du coût de la vie inquiète les Québécois. Les parents de tout-petits n’y échappent pas. Notre sondage a révélé que près de 8 parents sur 10 considèrent que cette situation est stressante pour eux. Encore plus préoccupant : pour près de 4 parents sur 10, la cause de ce stress est la peur de ne pas pouvoir boucler les fins de mois et de payer les factures. Or, payer son hypothèque ou son loyer est une dépense qu’on ne peut pas repousser. Les parents sont parfois obligés de réduire les autres dépenses, comme la facture d’épicerie par exemple.

Avec l’aide de la firme Léger, nous avons sondé des parents de tout-petits issus de plusieurs régions du Québec afin de connaître quels sont leurs besoins et leurs inquiétudes par rapport à leur logement, qu’ils soient locataires ou propriétaires.

Sondage réalisé à l’échelle du Québec, auprès de 1001 parents d’enfants âgés de 0 à 5 ans, entre le 16 et 25 mai 2022.

Se loger, une source de stress

Près de 1 parent sur 3 vit un stress élevé par rapport à sa situation d’habitation.

Cette proportion est encore plus grande pour certains parents, comme :

  • les familles monoparentales (55 %)
  • les familles avec un revenu de moins de 40 000 $ (46 %)
  • les familles immigrantes (44 %)
  • les familles de la grande région de Montréal (34 %)

Du stress supplémentaire pour les locataires

Les parents locataires sont presque deux fois plus nombreux à vivre un stress élevé en lien avec leur situation d’habitation (47 %) que les parents propriétaires (25 %).

D’ailleurs, 3 locataires sur 5 doivent changer leurs habitudes pour arriver à payer leur loyer. Par exemple :

  • 39 % doivent limiter les activités qu’ils font avec leurs enfants
  • 25 % doivent réduire les dépenses vestimentaires de leur famille
  • 19 % doivent réduire la quantité des aliments achetés à l’épicerie.

La proportion de parents locataires qui ont dû changer leurs habitudes grimpe à 76 % chez les familles monoparentales.

L’impact du stress sur les parents et leurs tout-petits

  • La pandémie a fragilisé les familles, particulièrement celles qui étaient vulnérables. Leurs sources de stress, déjà nombreuses, se sont multipliées : baisse de revenu, perte d’emploi, insécurité alimentaire, inquiétudes face au logement, fermeture des écoles et des services de garde, etc.
  • Or, l’accumulation des sources de stress a un impact sur les parents, et, par ricochet, sur les tout-petits. En effet, elle peut rendre les parents moins disposés à bien répondre aux besoins de leur enfant. Elle diminue leur disponibilité mentale, leur sentiment de compétence et de sensibilité parentale, c’est-à-dire l’attention que le parent peut accorder à son enfant.
  • Par ailleurs, habiter dans un milieu de vie de qualité, avec des logements salubres, assez grands et dans un quartier sécuritaire influence positivement la santé mentale des tout-petits et la capacité des parents à prendre soin de leur enfant.

Se loger selon ses moyens : un défi pour les parents

Plus de la moitié des parents sondés (61 %) affirment que l’accès à une habitation à coût abordable comporte plus de défis pour eux aujourd’hui qu’avant la pandémie.

Selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement, un logement est considéré comme inabordable si un ménage consacre plus de 30 % de son revenu avant impôts en frais de logement. Dans le cadre du sondage, nous avons questionné les parents sur leur perception de leur capacité à payer leur loyer ou l’hypothèque.

72 %

Des défis plus grands pour les locataires

Près de 3 parents locataires sur 4 affirment que l’accès à une habitation à coût abordable comporte plus de défis pour eux aujourd’hui qu’avant la pandémie.

L’impact d’un logement non abordable sur les parents et leurs tout-petits

Selon la littérature scientifique, le fait d’habiter dans un logement non abordable peut avoir un impact sur le développement des tout-petits. C’est notamment associé à un plus grand risque de retard au niveau du développement physique, émotif, cognitif, langagier et social chez l’enfant. Par exemple, sur le plan physique, on remarque que les tout-petits qui habitent dans un logement trop cher pour leurs parents ont souvent un plus petit poids que les autres enfants du même âge. Ce phénomène s’explique par le fait que leurs parents ont peu d’argent à consacrer aux besoins de base, dont l’alimentation.

Se loger en fonction de ses besoins

L’accès à une habitation de taille suffisante comporte plus de défis qu’avant la pandémie pour 41 % des parents.

Trouver un logement qui correspond aux besoins de leurs familles est un défi pour les parents.

14 % des parents disent que leur logement ne correspond pas à leurs besoins. La raison la plus souvent mentionnée est le manque de pièces pour que chacun ait son espace (77 %).

De plus, le fait de vivre dans un logement qui ne correspond aux besoins de la famille touche particulièrement :

  • les familles avec un revenu de moins de 40 000 $ (32 %)
  • les familles monoparentales (24 %)

Alors que la pandémie a chamboulé l’organisation du travail, un parent sur quatre (25 %) mentionne que son logement actuel ne répond pas à ses besoins parce qu’il n’est pas possible d’y aménager un bureau afin de télétravailler confortablement.

Locataires : des besoins non-comblés

30 %

des parents locataires disent habiter dans un logement qui ne répond pas aux besoins de leurs familles.

14 %

des parents locataires sont également préoccupés par la salubrité de leur logement (présence de vermines, moisissures, etc.).

L’impact d’un logement qui ne répond pas aux besoins des familles avec des tout-petits

Vivre dans un logement trop bruyant et trop petit affecte les parents et peut alors nuire au bien-être et au développement des tout-petits. Les études nous disent que cette situation :

  • Diminue la qualité et le nombre d’interactions entre les parents et leurs enfants
  • Réduit l’attention que le parent peut accorder à son enfant, c’est-à-dire la sensibilité parentale
  • Affecte le sentiment de compétence parentale et rend les parents moins enclins à prendre soin de leurs enfants
  • Augmente les risques de maltraitance

L’insalubrité du logement peut aussi avoir des impacts sur la santé des parents et ainsi affecter les tout-petits. La dépression, l’isolement social ou les troubles du sommeil sont des problèmes causés par l’insalubrité. La gravité des problèmes de santé dépend de l’intensité et du nombre d’heures que les personnes passent dans le logement. De plus, les enfants en bas âge sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de santé liés à l’insalubrité du logement. Ils sont plus nombreux à avoir des problèmes respiratoires graves comme l’asthme et à être victimes d’empoisonnements causés par du plomb dans l’eau ou de blessures causées par des bris dans la maison.

Déménager : une perspective inquiétante

88 % des parents vivent des inquiétudes face à un déménagement potentiel. Cette proportion s’élève à 95% chez les familles monoparentales et chez les familles qui ont un revenu de moins de 40 000$.

Les principales inquiétudes concernent :

  • le coût du logement (70 %)
  • la proximité du travail, de la garderie, de l’épicerie dans le quartier désiré (54 %)
  • le nombre de chambres suffisant pour la taille de la famille (37 %)

L'impact des déménagements dans la vie des tout-petits

Le phénomène de reprise du logement ou d’évictions entraîne des déménagements qui créent de l’instabilité dans la vie des tout-petits.

Selon l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle, les tout-petits qui ont déménagé deux fois ou plus sont davantage à risque d’être vulnérables dans au moins un domaine de développement.

La recherche montre que les parents menacés d’éviction risquent plus de souffrir d’un stress chronique pouvant nuire à leur capacité d’interagir et de prendre soin adéquatement de leurs enfants. Par exemple, ils pourraient se montrer plus impatients envers leurs enfants, ce qui augmente le risque de détérioration de la relation entre le parent et l’enfant et le risque de maltraitance.

Il est possible d’agir pour favoriser l’accès des familles à des logements abordables et de qualité

Près de 4 parents sur 5 pensent que l’accès à des logements abordables et adaptés aux familles devrait être une priorité des décideurs publics.

Favoriser les logements sociaux

La ville de Vienne en Autriche constitue un modèle à l’échelle mondiale. Cette ville a su conserver 220 000 logements sociaux destinés aux ménages à faible revenu. Elle est l’une des rares capitales d’Europe à ne pas connaître de crise majeure du logement. À titre de comparaison, le Québec, qui a une population comparable à celle de l’Autriche, compte près de 160 000 logements sociaux et communautaires alors que l’Autriche en compte 900 000. De plus, Vienne favorise l’établissement de commerces de proximité dans son centre-ville grâce à sa réglementation, ce qui permet aux familles de faire l’essentiel de leurs courses à pied.

Privilégier des logements adaptés aux besoins des familles et pensés comme un milieu de vie, à proximité des services et d’espaces verts

  • En juin 2019, l’édifice Concerto a été inauguré au centre-ville de Lac-Mégantic, un bâtiment de 3 étages qui comporte 13 logements abordables pouvant accueillir des familles, des couples ou des personnes seules. Le Concerto abrite également un service de garde de 42 places avec horaires réguliers et atypiques (de soir), une halte-garderie et un parc de jeux pour les 0 à 12 ans.
  • Le centre-ville de Granby prévoit la construction d’une coopérative d’habitation familiale en 2022, la coopérative Holocie. Elle offrira 28 logements dont des 5 ½, adaptés aux besoins des familles. Deux unités seront également disponibles en mode bigénérationnel. On y retrouvera également une ferme urbaine et un centre de la petite enfance.
  • La Communauté Milton Parc, située en plein cœur du centre-ville de Montréal, compte 616 logements dans 146 immeubles et accueille 1 500 personnes à revenus faibles et modérés. Des organismes communautaires y sont installés et on y retrouve également des locaux commerciaux.

Ces projets ont été rendus possibles grâce à une implication citoyenne active et à la contribution variée d’instances gouvernementales, municipales, régionales et locales.

Assurer un meilleur contrôle des hausses de loyers

En juin 2020, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) formulait des recommandations en réponse à la crise du logement au Québec. Ce rapport recommandait entre autres la mise en place d’un registre des loyers qui permettrait un meilleur contrôle des hausses de loyers afin d’améliorer la transparence des marchés immobiliers et locatifs.

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Votre famille n’a pas accès à un logement?
Voici quelques ressources qui pourraient vous être utiles :

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