Les écrans et les tout-petits : des précautions s’imposent pour limiter les risques
Montréal, 18 septembre 2024 – Alors que les écrans se sont immiscés dans le quotidien des familles depuis plusieurs années déjà, ils se font de plus en plus mobiles, multifonctionnels et ludiques. Les tout-petits peuvent y être exposés non seulement à la maison, mais aussi dans les espaces publics, au service de garde éducatif ou à la maternelle. Ainsi, au fil de leur journée, le temps d’écran s’accumule sans qu’il soit possible d’en faire le décompte. Ce constat préoccupe l’Observatoire des tout-petits, qui dévoile aujourd’hui son rapport Les écrans et les tout-petits et témoignera le 26 septembre prochain devant la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes.
Cette inquiétude est partagée tant par les experts que par la population québécoise : selon un récent sondage Léger conduit pour le compte de l’Observatoire, trois Québécois sur quatre (76 %) sont préoccupés par l’exposition des tout-petits aux écrans.
Cette situation est critique considérant que durant les cinq premières années de vie, le cerveau d’un enfant se développe à vitesse grand V. Trop de temps passé devant un écran peut priver les tout-petits d’activités qui contribuent activement à leur développement, comme interagir avec les adultes, les autres enfants et le monde qui les entoure. Selon les études, trop de temps d’écran pourrait même provoquer des changements fonctionnels et structurels de certaines zones cérébrales.
« Alors que les outils technologiques évoluent rapidement et que leur empreinte dans notre quotidien augmente, il est temps que nous ayons une conversation sur le rôle qu’ils jouent dans la vie de nos tout-petits. C’est l’ambition de ce rapport : leur permettre de vivre cette période cruciale de leur enfance dans un environnement numérique qui ne compromet pas leur santé et leur développement », souligne Julie Cailliau, directrice de l’Observatoire des tout-petits.
L’exposition des tout-petits aux écrans : une responsabilité partagée
Gérer l’exposition aux écrans ne devrait pas reposer uniquement sur les épaules des parents. La très grande majorité des Québécois (85 %) est d’avis que l’exposition aux écrans des tout-petits est une responsabilité partagée entre les parents et tous les autres acteurs qui entourent les tout-petits au quotidien, comme le personnel des services de garde éducatifs et du milieu scolaire.
Parmi ces acteurs, les entreprises technologiques ont aussi un rôle à jouer. Les tout-petits baignent dans un univers technologique qui peut compromettre leur droit de grandir dans un environnement sain et sécuritaire. Par exemple, lorsqu’ils jouent à des jeux en ligne gratuits, ils peuvent être exposés à des mécanismes qui ressemblent à ceux qu’on retrouve dans les appareils de loterie vidéo et qui les incitent à jouer plus longtemps. Toujours selon le même sondage, près d’un Québécois sur deux (49 %) ignore l’existence de tels mécanismes. Dans certains pays, des règlementations, des codes professionnels ou des normes de conception encadrent les entreprises numériques et ainsi protègent les droits des tout-petits. En Australie, par exemple, l’évaluation et la classification des jeux et des applications destinés aux enfants est confiée à un organisme indépendant. Actuellement, en Amérique du Nord, c’est l’industrie elle-même qui procède à ce classement sans tenir compte du stade de développement des enfants.
Les nombreux effets de l’exposition aux écrans sur les tout-petits
Une exposition aux écrans qui dépasse les recommandations pendant la petite enfance peut avoir des effets sur le développement et la santé des tout-petits. En effet, la recherche montre qu’une grande utilisation des écrans :
- a des effets sur le développement cognitif, langagier, socioaffectif et neurologique des enfants,
- engendre des répercussions sur leur santé en affectant leur sommeil, leurs habitudes de vie et leur vision.
Selon l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle 2022, la proportion d’enfants de maternelle 5 ans vulnérables dans au moins un domaine de développement augmente en fonction du temps d’écran : elle passe de 23 % chez les enfants qui sont devant un écran moins de 30 minutes par jour, à 38 % chez ceux qui y passent 2 heures ou plus.
Le phénomène de la technoférence parentale
L’utilisation des écrans par les parents en présence des enfants peut également avoir un impact négatif sur les tout-petits en influençant la façon dont ils agissent avec leur enfant : c’est ce qu’on appelle la technoférence parentale. Par exemple, l’écran peut distraire le parent et le rendre moins attentif aux besoins et aux émotions de l’enfant. Le parent peut aussi devenir moins vigilant et diminuer sa surveillance, ce qui peut augmenter les risques de blessure.
La technoférence invite également à la prudence compte tenu de ses répercussions
sur la relation parent-enfant, mais aussi sur la relation avec toutes les personnes
qui s’impliquent dans le quotidien des tout-petits, que ce soit au service de garde
éducatif ou à la maternelle.
« Même si nous ne disposons pas de toutes les certitudes, les risques associés aux écrans sont suffisamment importants pour qu’on s’en occupe. L’évolution de plus en plus rapide des technologies numériques nous invite à appliquer le principe de précaution pour l’exposition des tout-petits aux écrans », affirme Mme Cailliau.
À propos de l’Observatoire des tout-petits (tout-petits.org)
L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de communiquer l’état des connaissances afin d’éclairer la prise de décision en matière de petite enfance au Québec, de sorte que chaque tout-petit ait accès aux conditions qui assurent le développement de son plein potentiel, peu importe le milieu où il naît et grandit.
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Source : Observatoire des tout-petits
Renseignements :
Sandrine Gagné
Morin Relations Publiques
sandrine@morinrp.com
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