L’Observatoire des tout-petits salue la décision du gouvernement d’offrir l'accès à l'assurance maladie à un plus grand nombre d’enfants de familles migrantes
Montréal, 10 décembre 2020 – L’Observatoire des tout-petits se réjouit du dépôt du projet de loi 83 visant à ce qu’un plus grand nombre d’enfants nés de parents au statut migratoire précaire et étant habituellement présents sur le territoire québécois puissent bénéficier d’une couverture d’assurance maladie et médicaments. Jusqu’à tout récemment, ces tout-petits n’avaient effectivement pas accès aux soins couverts par la carte soleil en raison du statut d’immigration de leurs parents. En plus de priver de jeunes enfants de soins dont ils ont besoin, cette situation pouvait avoir des conséquences importantes sur la sécurité financière de certaines familles.
« Il s’agit d’une excellente nouvelle dans un contexte où la pandémie a contribué à exacerber les inégalités sociales et donc à augmenter les difficultés vécues par les familles migrantes avec un statut précaire, qui ont été frappées durement par la crise actuelle », affirme Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.
L’Observatoire des tout-petits se questionne toutefois sur l’étendue exacte de la couverture annoncée. Par exemple, les enfants dont les parents se retrouvent dans une situation migratoire irrégulière parce que leur permis de séjour a expiré, et qui sont en attente de la régularisation de leur statut, seront-ils couverts pendant cette période d’attente? Les délais pour obtenir une réponse à ce type de demande peuvent être longs, de quelques mois à quelques années.
De plus, l’Observatoire espère que le gouvernement du Québec élargira les balises de cette nouvelle loi afin de couvrir également les soins de santé pendant la grossesse, cette étape étant déterminante pour le développement de l’enfant.
Le suivi de grossesse tout aussi important
« Un enfant qui n’a pas accès à des soins au moment opportun pourrait vivre avec des handicaps, des troubles du développement ou des maladies chroniques non dépistées, ce qui pourrait avoir des répercussions sur sa vie future, explique Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits. Le suivi de grossesse est aussi très important, autant pour la santé de la mère que pour celle de l’enfant à naître. Les tests et échographies réalisés pendant la grossesse permettent de détecter les grossesses multiples, les anomalies foetales ou d’autres conditions pouvant mener à des complications lors de l’accouchement. Selon l’OMS, des soins de qualité pendant la grossesse et l’accouchement pourraient prévenir un grand nombre de décès de femmes et de bébés. »
Faciliter l’accès aux soins de santé pour ces enfants représente aussi un investissement pour toute la société, puisque cela permet d’éviter de nombreuses complications qui peuvent être complexes à traiter, et donc coûteuses pour le système de santé. En effet, la majorité de ces enfants sont ici pour de bon et seront éventuellement couverts par l’assurance maladie. Selon une étude réalisée en Californie, le fait de ne pas subventionner les suivis prénataux des femmes migrantes à statut précaire se traduirait par une augmentation de la prématurité et des naissances de faible poids, ce qui entraînerait des dépenses en soins de santé sept fois plus importantes que les sommes épargnées au départ.
Vulnérabilité accrue pour les familles migrantes en raison de la pandémie
Perte d’emploi, insécurité alimentaire, confinement dans des logements trop petits : les familles vulnérables sont celles qui sont frappées le plus durement par la crise actuelle, et les familles immigrantes avec un statut précaire en font partie. Deux enquêtes réalisées avant la pandémie auprès de familles migrantes habitant dans la région de Montréal révèlent d’ailleurs une réalité difficile. En effet, 48 % de ces familles déclaraient pouvoir subvenir seulement un peu ou pas du tout aux besoins de base de leur famille et 66 % ont dû renoncer à des soins de santé. Parmi les femmes enceintes rencontrées dans le cadre de ces enquêtes, une sur 5 déclarait avoir déjà manqué de nourriture depuis son arrivée au Québec et 75 % avaient ressenti le besoin d’obtenir des soins de santé sans pouvoir les recevoir.
« Ces familles doivent apprendre une langue étrangère, développer un nouveau réseau social, leurs diplômes ne sont pas toujours reconnus, rappelle Fannie Dagenais. Les barrières d’accès aux soins de santé, dès la grossesse, rendent donc ces familles vulnérables encore plus vulnérables, ce qui peut devenir un enjeu pour la société québécoise. » En effet, ces tout-petits contribueront activement à bâtir la société de demain.
À propos de l’Observatoire des tout-petits
L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de contribuer à placer le développement et le bien-être des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise. Pour y parvenir, l’Observatoire regroupe les données les plus rigoureuses en matière de petite enfance, de la grossesse à 5 ans, les communique et suscite le dialogue autour des actions collectives nécessaires dans ce domaine.
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Source : Observatoire des tout-petits
Renseignements :
Béatrice Gougeon
Morin Relations Publiques
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