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19 septembre 2022

Transition vers la maternelle : le vécu des tout-petits vulnérables sur le plan socioémotionnel

	Transition vers la maternelle : le vécu des tout-petits vulnérables sur le plan socioémotionnel
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Comment les enfants vulnérables sur le plan émotionnel et comportemental vivent-ils la transition vers la maternelle? Un nouveau projet de recherche mené à l’Université du Québec à Rimouski souhaite répondre à cette question.

Lorsqu’on parle de la transition vers la maternelle chez les enfants vulnérables, il existe beaucoup de données sur les tout-petits qui ont des retards au point de vue du langage et du développement cognitif, mais beaucoup moins au sujet des difficultés émotionnelles et comportementales, selon Martine Poirier, professeure au département des Sciences de l’éducation de l’UQAR.

« De plus, les études menées à ce sujet l’ont été auprès d’enfants recrutés au primaire et qui présentaient déjà des difficultés comportementales, souligne-t-elle. Pour vraiment comprendre comment celles-ci se développent, il faut identifier les enfants avant qu’elles se manifestent. »

Cela est important parce que la transition vers la maternelle a de réels impacts sur le parcours scolaire à venir. « On sait que cette transition sert d’assise aux transitions futures », insiste-t-elle. Son équipe souhaite donc identifier les tout-petits vulnérables sur le plan émotionnel et comportemental en milieu de garde pour voir comment leurs difficultés apparaissent et déterminer ce qui peut être mis en place pour faciliter leur transition et leur adaptation à l’école.

Identifier les enfants vulnérables

Les enfants étudiés seront identifiés par leur éducatrice en milieu de garde. Certains comportements peuvent en effet être un indice de vulnérabilité. Par exemple, sur le plan émotionnel, ces enfants peuvent être plus tristes que les autres, peu intéressés par les jeux, plus craintifs ou s’adapter plus difficilement aux changements. Du côté de leurs interactions sociales, ils peuvent s’emporter plus rapidement, faire des crises de colère, avoir de la difficulté à exprimer ou gérer leurs émotions, refuser de suivre les consignes ou dire des choses méchantes.

Une fois les enfants identifiés, les parents qui ont donné leur autorisation pour être contactés seront rencontrés à la maison pour répondre à des questions et leur enfant se prêtera à quelques tests sous forme de jeux. L’éducatrice remplira aussi un questionnaire sur le comportement de l’enfant en milieu de garde. « De plus, nous leur demandons de nous présenter les activités qu’ils ont mises en place pour favoriser la transition », ajoute Martine Poirier.

Ces mesures seront ensuite répétées quelques mois après l’entrée à la maternelle, mais cette fois-ci, c’est l’enseignante qui complètera le questionnaire sur le comportement de l’enfant en classe. Si le recrutement se déroule bien, la chercheuse pourrait demander une deuxième subvention pour poursuivre l’étude lorsque les enfants seront en première année.

« Les défis en première année ne sont pas les mêmes qu’en maternelle, explique-t-elle. Nous voulons aussi voir l’effet à long terme des pratiques de transition. »

Une occasion d’outiller les milieux

Selon Martine Poirier, les éducateurs.rices et les enseignant.e.s ne se sentent pas toujours assez formées pour soutenir les enfants qui ont des difficultés émotionnelles et comportementales. « Pour les remercier de leur collaboration, nous envoyons donc aux milieux qui participent trois capsules d’autoformation par année, souligne-t-elle. Ces capsules de vulgarisation sont des outils concrets pour soutenir le développement des habiletés sociales et émotionnelles nécessaires. »

Bien sûr, l’une de ces capsules porte spécifiquement sur les activités de transition. « Cependant, il y a aussi tout ce qui permet de soutenir le développement des habiletés socioémotionnelles des enfants comme être capable de partager ou d’attendre son tour, ajoute Martine Poirier. Par exemple, une capsule explique comment travailler l’identification des émotions avec les enfants de 4 ans grâce à des livres et comment pratiquer des activités de relaxation adaptées aux tout-petits. » Ces activités ne visent pas directement la transition, mais elles sont utiles puisqu’elles favorisent le développement de compétences nécessaires pour fonctionner à l’école.

Enfin, les parents qui participent au projet reçoivent également un soutien de la part de l’équipe. « Nous leur envoyons des pistes d’activités à faire avec les enfants pour faciliter la transition. Nous leur suggérons par exemple d’aller dîner au parc de l’école ou de faire le parcours qu’ils utiliseront pour s’y rendre. Ces stratégies vont soutenir l’adaptation et le développement positif des enfants », conclut la chercheuse.

 

Par Kathleen Couillard

 

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