Formation des éducatrices dans les services de garde éducatifs : des progrès et des préoccupations
La proportion d’éducatrices qualifiées dans les services de garde éducatifs du Québec aurait augmenté entre 2004 et 2015. Ces données sont tirées des rapports Situation des centres de la petite enfance, des garderies et de la garde en milieu familial au Québec du ministère de la Famille et sont maintenant disponibles sur le site de l’Observatoire des tout-petits.
Pendant cette période, la proportion d’éducatrices qualifiées est passée de 71 % à 84 % dans les centres de la petite enfance (CPE) et de 45 % à 74 % dans les garderies subventionnées. « C’est certainement une très bonne nouvelle pour la qualité des services de garde éducatifs, souligne Nathalie Bigras, chercheuse dans le groupe Qualité des contextes éducatifs de la petite enfance de l’UQAM. Dans les enquêtes, on observe une corrélation positive et significative entre le niveau de formation du personnel et la qualité. »
L’Association des enseignants et enseignantes en techniques d’éducation à l’enfance (AEETÉE) voit également ce progrès d’un bon œil. « Le nouveau gouvernement insiste sur l’importance de détecter le plus tôt possible les difficultés chez les jeunes enfants, explique Karyne Robert, vice-présidente de l’AEETÉE. Ce sont les éducatrices formées qui pourront le faire, car elles connaissent bien le développement de l’enfant. »
Des préoccupations dans certains milieux
« Nous sommes toutefois extrêmement inquiets par rapport aux résultats des garderies non subventionnées », remarque Karyne Robert. Les données indiquent en effet que seulement 47 % des éducatrices sont qualifiées dans ce type de garderie. En fait, à peine 18 % des garderies non subventionnées se conformeraient à la réglementation stipulant que deux éducateurs sur trois doivent être formés dans chaque établissement. « En milieu scolaire, est-ce qu’on accepterait que seulement 47 % des enseignants soient formés adéquatement ? Ce n’est pas assez d’aimer les enfants », remarque Mme Robert.
Toujours selon Mme Robert, les garderies non subventionnées auraient une proportion plus faible de personnel formé, car elles offrent des conditions de travail moins intéressantes. La formation du personnel de direction pourrait aussi être un facteur. « Je connais des garderies non subventionnées avec des ratios élevés de personnel formé parce que la direction a reconnu son propre manque de formation et a recruté une conseillère pédagogique qui peut prendre des décisions éducatives adéquates. »
Une profession à valoriser
Selon Nathalie Bigras, cette difficulté à recruter du personnel formé risque toutefois de s’accroître dans les prochaines années. « Il y a une pénurie qui commence à se manifester aussi dans les CPE et les garderies subventionnées, explique-t-elle. Il semble y avoir un certain désintérêt pour se former en éducation à l’enfance chez les étudiantes. » Cette situation inquiète également l’AEETÉE. « Un gros travail de valorisation de la profession doit être fait, insiste Karyne Robert. Les éducateurs font un travail essentiel au niveau du développement de l’enfant et cela doit être reconnu davantage. »
Cet avis est partagé par Nathalie Bigras. « Il est urgent de valoriser la profession en éducation à la petite enfance, ajoute-t-elle. Il devrait y avoir une campagne nationale. Si le gouvernement croit vraiment à la qualité de vie pour nos tout-petits, il devrait davantage valoriser cette priorité. »
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