Observatoire des tout-petits

Communiqué
19 septembre 2023

Problèmes d'accès aux services au Québec: Les tout-petits ayant besoin de soutien particulier sont particulièrement à risque

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	Problèmes d'accès aux services au Québec: Les tout-petits ayant besoin de soutien particulier sont particulièrement à risque

Montréal, 19 septembre 2023 – Au Québec, plusieurs enfants ont besoin de soutien ou d’interventions supplémentaires afin de s’assurer qu’ils atteignent leur plein potentiel. Toutefois, ces enfants n'ont pas tous accès aux services et au soutien dont ils ont besoin et au moment opportun, en raison de multiples obstacles rencontrés par les familles. L’Observatoire des tout-petits s’est penché sur la question et diffuse aujourd’hui le rapport Tout-petits ayant besoin de soutien particulier : Comment favoriser leur plein potentiel ? Ce rapport s’intéresse à la situation des enfants âgés de 0 à 5 ans qui présentent une difficulté dans leur développement ou qui sont en situation de handicap et qui ont besoin de soutien ou d'interventions supplémentaires pour s'assurer qu'ils atteignent leur plein potentiel.

« Beaucoup de jeunes enfants sont privés d’interventions de qualité qui leur permettraient de prévenir l’apparition de difficultés plus importantes. Par exemple, un enfant qui éprouve des difficultés de langage et qui ne peut pas consulter en orthophonie sera plus à risque de manifester, en plus des problèmes de langage, des problèmes de comportement, de réussite éducative et d’adaptation sociale », souligne Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.

DE NOMBREUX OBSTACLES POUR ACCÉDER AUX SERVICES DE SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX

Selon l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux, face à un accès aux services de santé et aux services sociaux laborieux et des délais d'attentes élevés, en partie en raison du manque de ressources, plusieurs parents se sentent démunis et laissés à eux-mêmes. Ils déplorent notamment le manque d'informations dispensées. En 2020-2021, 21,3 % des jeunes enfants présentant un retard significatif de développement n’avaient pas bénéficié des services des programmes en déficience physique ou en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme dans les délais prescrits par le ministère, selon l’estimation du MSSS. Plus la situation du tout-petit est complexe, plus les délais s’allongent.

UN ACCÈS DIFFICILE AUX SERVICES DE GARDE

Bien que l'accès à un service de garde éducatif à l'enfance soit un défi pour tous les parents, l'accès est encore plus difficile pour les enfants ayant besoin de soutien particulier, selon un rapport du Vérificateur général. Au 28 novembre 2019, 83% des enfants sans besoin de soutien particulier inscrits sur La Place 0-5 avaient trouvé une place alors que ce nombre diminuait à 73% lorsque les parents avaient indiqué que leur tout-petit avait besoin de soutien particulier.

DES IMPACTS MAJEURS SUR LE DÉVELOPPEMENT DES TOUT-PETITS ET LES CONDITIONS DE VIE DES FAMILLES

La situation actuelle est d’autant plus préoccupante que des interventions précoces de qualité peuvent influencer de façon significative la vie des enfants avec des difficultés de développement. Agir tôt permet de prévenir l’apparition de difficultés plus importantes, ainsi que de favoriser le développement et l’adaptation du tout-petit.

La santé physique et mentale des parents concernés est également mise à mal. C’est d’ailleurs 30 à 50 % des parents d’enfant ayant un trouble neurodéveloppemental qui présentent des signes d’un trouble de santé mentale (épuisement, dépression, etc.), selon une étude. La situation financière des familles peut aussi être fragilisée. Les parents peuvent par exemple être obligés de quitter le marché du travail ou de travailler à temps partiel en raison des nombreuses démarches pour obtenir des services, des rendez-vous ou parce qu’ils n’ont pas trouvé de place dans un service éducatif.

L’ensemble de ces répercussions peut entraîner des coûts importants pour la société à plus long terme (coûts de santé, participation limitée au marché du travail, pauvreté, détresse psychologique, etc.). Cette situation est préoccupante, car elle compromet l’égalité des chances entre les tout-petits et va à l’encontre des principes énoncés dans les diverses chartes, lois et conventions relatives aux droits des enfants, dont le Québec et le Canada sont signataires.

COMMENT POUVONS-NOUS AGIR COMME SOCIÉTÉ POUR AMÉLIORER LA SITUATION?

La littérature scientifique combinée à l’expérience terrain et aux enquêtes menées auprès des parents, du personnel des milieux de garde éducatifs, scolaires et du réseau de la santé et des services sociaux présentent des pistes d’action pour mieux soutenir les tout-petits ayant besoin de soutien particulier. En voici quelques-unes :

  • Actuellement, le soutien offert aux tout-petits dépend souvent du diagnostic. Or, même si deux enfants ont le même diagnostic, leurs besoins peuvent varier, tout comme les mesures à mettre en place pour les soutenir dans leur développement. Dans ce contexte, une approche centrée sur les besoins de l’enfant, qui tient compte de ses forces et de ses caractéristiques, favoriserait le développement de son plein potentiel.
  • Le soutien aux parents s’avère important, notamment par la simplification des démarches administratives pour accéder à des programmes, services et mesures. Un projet porté par l’Office des personnes handicapées du Québec vise d’ailleurs cet objectif. L’accompagnement des parents par une personne-ressource qui connait bien les réseaux et les milieux est une autre façon de soutenir les parents. Par exemple, l’organisme J’me fais une place en garderie accompagne les familles montréalaises pour trouver un service de garde et faciliter l’intégration du tout-petit dans son nouveau milieu.
  • On peut favoriser l’inclusion de ces enfants dans les services éducatifs par la formation et l’accompagnement du personnel éducateur. Lorsque requis, les services de garde éducatifs doivent aussi avoir les ressources adéquates pour bien accueillir ces tout-petits présentant des besoins variés. Un portrait réalisé au Québec auprès de gestionnaires de services de garde éducatifs révèle que la majorité des participants ont exprimé le souhait d’avoir accès à au moins une ressource stable pour les aider de façon ponctuelle auprès des enfants ayant des besoins de soutien particulier lorsqu’ils en ressentent le besoin.
  • Améliorer la collaboration entre le réseau des services de garde éducatifs, le milieu scolaire et le réseau de la santé et des services sociaux serait également une avenue intéressante et particulièrement importante. Par exemple, l’école ne bénéficie pas toujours des connaissances et de l’expérience du service de garde pour bien planifier l’arrivée de l’enfant à l’école.

« Quelles conditions mettons-nous en place pour que ces tout-petits puissent se développer, se sentir inclus, socialiser, jouer, apprendre ? Il est important d’offrir à ces tout-petits les mêmes chances qu’à tous les enfants, tout en tenant compte de leurs forces et de leurs réalités », rappelle Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.

À PROPOS DE L’OBSERVATOIRE DES TOUT-PETITS

L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de communiquer l’état des connaissances afin d’éclairer la prise de décision en matière de petite enfance au Québec, de sorte que chaque tout-petit ait accès aux conditions qui assurent le développement de son plein potentiel, peu importe le milieu où il naît et grandit.

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Source : Observatoire des tout-petits

Renseignements :
Sandrine Gagné
Morin Relations Publiques
sandrine@morinrp.com
438 873-2909 (cell.)