Un rapport qui fait état des obstacles à l’accès aux soins de santé pour les familles d’expression anglaise du Québec
Le Réseau communautaire de santé et de services sociaux (CHSSN) a présenté, en novembre dernier, un rapport sur les effets de la langue comme obstacle à l’accès aux soins, à l’utilisation des services et au bien-être pour les familles d’expression anglaise du Québec. L’objectif : cerner les différentes barrières d’accès pour ces familles et identifier des solutions pour les lever.
Des personnes d’expression anglaise de tous horizons
Malgré la croyance populaire, les familles québécoises d’expression anglaise sont multiples et peuvent avoir différents profils. Ces familles sont représentées, entre autres, par des personnes nées hors Québec et dont la langue maternelle est autre que l’anglais. Selon un récent sondage, 50 % de ces familles habitent à l’extérieur de Montréal et 20 % d’entre elles ont un revenu familial inférieur à 50 000 $.
Quelques constats issus du nouveau rapport du CHSSN
- Lorsqu’ils doivent s’exprimer en français, la majorité des parents d’expression anglaise du Québec ayant un enfant âgé de 0 à 8 ans ont dit se sentir mal à l’aise (77,2 %) en plus d’éprouver des symptômes associés au stress et à l’anxiété.
- Les parents ont aussi dit se sentir mal à l'aise (63,9 %) et mélangés lorsqu’ils doivent parler en français à un professionnel de la santé.
- La difficulté à communiquer avec les professionnels en français nuit à la capacité d’accéder rapidement aux soins de santé et compromet la qualité des soins.
- La langue dans laquelle les services sont offerts importe, en particulier lorsqu’il s’agit de services spécialisés ou s’il y a présence de facteurs de vulnérabilité supplémentaires (faible niveau de scolarité ou un faible revenu par exemple).
- Un pourcentage élevé de répondants a signalé un manque important de services en anglais, notamment dans les régions.
- De nombreux répondants ont indiqué avoir davantage de besoins depuis la pandémie et ont souligné l’importance d’offrir des services et des programmes aux pères.
Le rapport fait aussi mention d’autres obstacles touchant l’accès aux services de santé et la qualité des soins reçus au Québec. Entre autres, les familles d’expression anglaise rencontrent des difficultés particulières pour l’obtention d’un médecin de famille ou doivent faire face à des temps d’attente plus longs pour consulter un professionnel dans la langue de leur choix. Ce manque de ressources linguistiques n’est pas sans conséquences sur le développement des enfants, selon le rapport.
Quelques recommandations pour plus d’équité dans l’accès aux soins de santé pour tous
Afin de faciliter l’accès aux soins et l’utilisation des services pour les familles d’expression anglaise du Québec, le rapport fait mention de six recommandations :
- Les professionnels du réseau devraient faire preuve de compassion et de compréhension envers les personnes ayant besoin de soutien supplémentaire.
- Les professionnels devraient s’assurer que les patients sont en mesure d’exprimer leurs préoccupations médicales avec aisance. Les symptômes, les traitements et les effets secondaires possibles devraient être communiqués clairement malgré la barrière de la langue.
- Tous les patients devraient disposer d’un accès équitable aux services de santé, aux médecins et aux établissements, peu importe la langue parlée et la région du Québec dans laquelle ils se trouvent.
- L’accès aux professionnels de la santé mentale qui parlent anglais devrait être une priorité pour les décideurs et les professionnels du domaine.
- Les décideurs devraient augmenter le financement pour les technologies d’assistance, les interprètes et les professionnels anglophones dans le système de santé.
- L’implication et la participation des patients aux processus décisionnels en santé devraient être valorisées pour améliorer les expériences relatives aux services de santé.
Méthodologie du rapport
Pour réaliser ce rapport, ce sont près de 600 parents d’expression anglaise d’enfants âgés de 0 à 8 ans résidant au Québec qui ont été sondés, entre le 28 mai et le 30 juin 2021. Tous ces parents avaient eu une ou plusieurs expériences vécues de recherche d’accès en santé ou en santé mentale au cours des 12 mois précédents le sondage. Le rapport présentant les résultats a été réalisé par le groupe de recherche CARE (Childhood Anxiety and Regulation of Emotion) pour le Réseau communautaire de santé et de services sociaux (CHSSN).
Par Élise Tardif-Turcotte
Pour aller plus loin
Consulter le rapport Explorer les effets de la langue comme obstacle à l’accès aux soins, l’utilisation des services et au bien-être pour les familles anglophones du Québec (English version)
Lire la lettre ouverte de Jennifer Johnson, directrice générale du Réseau communautaire de santé et de services sociaux
[1] « In a recent study by the Observatoire des tout-petits, approximately one in four (27 per cent) people in Quebec said that access to health and social services specialists for families with young children should be one of three prioritized government investments in early-childhood care. To give all of our little ones an equal opportunity, we must also prioritize the improvement of English-language access to health and social services. » – Jennifer Johnson, executive director of the Community Health and Social Services Network
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