Observatoire des tout-petits

Développement des tout-petits : quelles sont les attentes des Québécois à l’égard du gouvernement?

Alors que l’augmentation du coût de la vie inquiète la population québécoise et fragilise les familles, particulièrement celles qui sont vulnérables, l’Observatoire des tout-petits a voulu savoir : quelles sont les attentes de la population québécoise à l’égard du gouvernement nouvellement élu en ce qui concerne le développement des tout-petits?

Il en ressort que 87 % trouvent qu’il est important que le gouvernement du Québec investisse plus pour favoriser le bien-être et le développement des enfants âgés de 0 à 5 ans. Près de 9 répondants sur 10 considèrent également que le gouvernement devrait en faire davantage pour soutenir les enfants issus de familles en situation de vulnérabilité (89 %).

Ce sondage a été réalisé du 4 au 19 août 2022 par Léger auprès de 2 541 québécois, pour le compte de l’Observatoire des tout-petits.

Priorité 1

L’accès à des logements abordables pour les familles

Près de 1 Québécois sur 3 considère que l'accès à des logements abordables pour les familles devrait être l’un des trois investissements prioritaires pour le gouvernement (32 %).

L’impact d’un logement non abordable sur les parents et les tout-petits

Selon la littérature scientifique, le fait d’habiter dans un logement non abordable peut avoir un impact sur le développement des tout-petits. C’est notamment associé à un plus grand risque de retard sur le plan du développement physique, émotif, cognitif, langagier et social chez l’enfant.

Par exemple, sur le plan physique, on remarque que les tout-petits qui habitent dans un logement trop cher pour leurs parents ont souvent un plus petit poids que les autres enfants du même âge. Ce phénomène s’explique par le fait que leurs parents ont peu d’argent à consacrer aux besoins de base, dont l’alimentation.

De plus, vivre dans un logement non abordable est une situation stressante. L’accumulation des sources de stress a un impact sur les parents, et, par ricochet, sur les tout-petits. En effet, elle peut rendre les parents moins disposés à bien répondre aux besoins de leur enfant. Elle diminue leur disponibilité mentale, leur sentiment de compétence et de sensibilité parentale, c’est-à-dire l’attention que le parent peut accorder à son enfant.

Pour en apprendre plus sur les besoins actuels des familles en matière de logement

Il est possible d’agir pour favoriser l’accès des familles à des logements abordables et de qualité

La littérature nous indique qu’il est possible d’agir pour favoriser l’accès des familles à des logements abordables et de qualité, par exemple en assurant un meilleur contrôle des hausses de loyers et en favorisant l’accessibilité aux logements sociaux.

Contrairement au Canada, plusieurs pays d’Europe présentent de fortes proportions de logements sociaux. À titre de comparaison, le Québec, qui a une population comparable à celle de l’Autriche, compte près de 160 000 logements sociaux et communautaires, alors que l’Autriche en compte 900 000.

Il est également possible d’agir en privilégiant des logements adaptés aux besoins des familles et pensés comme un milieu de vie, à proximité des services et d’espaces verts. Par exemple, l'édifice Concerto, inauguré en juin 2019 est un bâtiment de 3 étages qui comporte 13 logements abordables. Il abrite également un service de garde, une halte-garderie et un parc de jeux.

Pour découvrir notre chapitre sur les politiques publiques en matière de logement

Priorité 2

Prévenir la maltraitance à l’égard des enfants

Près de 1 Québécois sur 3 considère que la prévention de la maltraitance à l’égard des enfants devrait être l’un des trois investissements prioritaires pour le gouvernement (29 %).

L’impact de la maltraitance sur les tout-petits

Les effets de la maltraitance sur les jeunes enfants sont plus importants en raison de leur plus grande vulnérabilité et de leur dépendance à l’égard des adultes pour les soins quotidiens. Par exemple, la maltraitance peut causer des difficultés d’attachement, un retard cognitif et de langage, un retard moteur, des symptômes dépressifs et anxieux, des comportements agressifs, etc.

À long terme, le fait d’avoir été victime de maltraitance durant l’enfance est associé à des risques plus élevés de décrochage scolaire, à la précarité financière à l’âge adulte ainsi qu’à des problèmes de santé physique et mentale.

Il est possible d’agir afin de prévenir la maltraitance chez les tout-petits

La littérature scientifique a démontré qu’aucun facteur de risque n’est responsable à lui seul de la maltraitance. Les causes sont en général multiples et étroitement associées entre elles. Les conditions dans lesquelles les tout-petits grandissent peuvent influencer le risque de maltraitance : stress lié à la conciliation famille-travail, faible revenu, faible soutien social, symptômes de dépression chez les parents, consommation abusive d’alcool ou de drogues. Plus ces conditions s’accumulent, plus le risque de maltraitance augmente.

Améliorer les conditions de vie et réduire le stress des familles permet ainsi de prévenir la maltraitance : soutien au logement, aide au revenu, mesures de conciliation famille-travail, soutien social et accès à des services de garde éducatifs de qualité.

Consulter notre dossier web sur la prévention de la maltraitance

Priorité 3

Améliorer l’accès aux spécialistes de la santé et des services sociaux

Près de 1 Québécois sur 4 considère que l’accès aux spécialistes de la santé et des services sociaux pour les familles avec de jeunes enfants devrait être l’un des trois investissements prioritaires pour le gouvernement (27 %).

L’impact de ne pas avoir accès aux spécialistes pour un tout-petit

La recherche met en évidence que l’accès à des soins de santé et à des services sociaux en temps opportun pour les jeunes enfants est crucial, car un accès inadéquat aux soins de santé est associé à plus de douleur, de complications et de détresse émotionnelle chez le tout-petit.

Par exemple, un enfant qui éprouve des difficultés de langage et qui ne peut pas consulter une orthophoniste risquera plus de manifester des problèmes de comportement, de rendement scolaire et d’adaptation sociale, car le développement du langage est primordial pour l'acquisition de bonnes habiletés sociales et pour l’apprentissage scolaire.

De la même manière, un enfant qui vit avec des troubles de développement moteur peut subir des effets néfastes du non-accès à un physiothérapeute. Les douleurs avec lesquelles il doit vivre peuvent l’empêcher de se déplacer, et donc d’aller dans un service éducatif à l’enfance ou de participer à des activités culturelles ou de loisir. Ces contraintes peuvent avoir une incidence négative sur son développement global, et ultimement sur sa qualité de vie à l’âge adulte.

Il est possible d’agir afin d’améliorer l’accès aux spécialistes pour les tout-petits

Une étude menée auprès d’éducatrices en CPE a montré qu’un service d’accompagnement par une ergothérapeute leur a permis d’être plus outillées pour dépister des enfants ayant des besoins particuliers et intervenir auprès d’eux. Ainsi, les enfants peuvent être plus rapidement dirigés vers les services appropriés.

Un rapport du comité-conseil Agir pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel propose des solutions pour réduire les barrières d’accès aux familles désavantagées, telles que : s’assurer que toutes les familles reçoivent les informations concernant les services, prévoir des interprètes ou du temps pour créer des liens de confiance, ou encore former les intervenants pour réduire les attitudes négatives envers les familles.

Les enfants et les familles en situation de vulnérabilité

Près de 9 répondants sur 10 considèrent également que le gouvernement devrait en faire davantage pour soutenir les enfants issus de familles en situation de vulnérabilité (89 %).

87 % de la population québécoise serait d'accord pour que le gouvernement du Québec investisse davantage afin de favoriser l'accès aux services pour les enfants qui ont des handicaps ou des besoins particuliers.
En apprendre plus sur le dépistage des difficultés de développement

87 % affirme que les femmes enceintes devraient avoir accès à un suivi de grossesse couvert par la Régie de l’assurance maladie du Québec, peu importe leur statut d’immigration.
Lire sur l’importance du suivi de grossesse

L’amélioration de l’accès aux services de garde éducatifs à l’enfance de qualité préoccupe aussi les Québécois. Selon les répondants, les deux principales priorités du gouvernement à cet égard devraient être de s’assurer que les enfants issus de familles à faible revenu y aient accès (28%) et de garantir des places pour les enfants en situation de vulnérabilité ou à risque de maltraitance (26 %).
Mieux comprendre l’importance de l’accès à des services éducatifs de qualité

Plus de 9 Québécois sur 10 considèrent que les conditions de vie dans lesquelles grandissent les tout-petits affectent leur réussite éducative (92 %).

La petite enfance : l’affaire de tous

La mobilisation de tous les acteurs de la société est essentielle pour assurer le bon développement des enfants, et ce, dès la grossesse. D'ailleurs, la bonne coordination entre les différents paliers gouvernementaux augmente l’efficacité des politiques, de même que l’implication d’autres acteurs comme les organismes communautaires, les municipalités et les employeurs.

Du côté des municipalités

Un peu plus de 3 répondants sur 4 pensent que les municipalités devraient investir plus afin de favoriser le bien-être et le développement des tout-petits (76 %).

Selon les répondants, voici les thèmes sur lesquels les municipalités devraient en faire plus :

  • Logements sociaux 54 %
  • Sécurité des milieux de vie 42 %
  • Transport et mobilité 30 %

Pour des pistes d'action, consulter la brochure Avez-vous pensé à vos plus petits citoyens?

Du côté des employeurs

Près de 3 répondants sur 4 pensent que les employeurs devraient investir plus afin de favoriser le bien-être et le développement des tout-petits (74 %).

Voici quelques exemples de mesures les plus citées par les répondants :

  • 34 % des répondants considèrent qu'il serait intéressant que les entreprises soient plus nombreuses à offrir des mesures de conciliation famille-travail.
  • 20 % aimeraient que les entreprises diversifient les mesures de conciliation famille-travail proposées.
  • 25 % des répondants considèrent qu'il serait intéressant que les gestionnaires soient outillés et sensibilisés sur la conciliation famille-travail pour mieux soutenir leurs employés.

Pour des pistes d'action, consulter la brochure Les mesures de conciliation famille-travail : un incontournable pour des entreprises attractives et visionnaires

Du côté des organismes communautaires

Plus de 8 répondants sur 10 pensent que le gouvernement devrait améliorer le soutien financier aux organismes communautaires qui œuvrent auprès des familles (84 %).

20 % des parents d’enfants de 0 à 5 ans utilisent les services offerts par les organismes communautaires.

Pour quelles raisons les parents fréquentent-ils un organisme communautaire?

  • Les services ou activités répondent à un de mes besoins ou à un besoin de ma famille (44 %). Ce pourcentage s’élève à 61 % pour ceux dont le revenu est de moins de 40 000 $.
  • Les activités proposées sont adaptées à ma réalité (21 %).
  • Les services m’aident à développer ma confiance en moi et dans mon rôle de parent (13 %).

Consulter le chapitre de notre Portrait des politiques publiques sur le soutien des organismes communautaires

Téléchargez les Faits saillants du sondage

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Références

Observatoire des tout-petits (2021). Que faisons-nous au Québec pour nos tout-petits et leur famille? Portrait des politiques publiques – 2021. Montréal, Québec, Fondation Lucie et André Chagnon, 2021.

Consulter les références complètes

Découvrez également notre Portrait des politiques publiques 2021