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28 mars 2023

Enquête québécoise sur l’accessibilité et l’utilisation des services de garde 2021 : grands constats et réflexions

	Enquête québécoise sur l’accessibilité et l’utilisation des services de garde 2021 : grands constats et réflexions
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L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a récemment rendu publics les résultats de l’Enquête québécoise sur l’accessibilité et l’utilisation des services de garde 2021. Elle visait notamment à mieux connaître les types de services de garde fréquentés par les tout-petits du Québec, les enjeux liés au processus de recherche d’un service de garde ainsi que la satisfaction des parents pour le service de garde de leur tout-petit.

Les résultats obtenus permettent de tracer un portrait panquébécois du sujet. Selon les résultats du rapport, près de 72 % des enfants âgés de moins de 5 ans fréquentaient un service de garde de manière régulière en 2021, dont 90 % à temps plein. La répartition se faisant comme suit :

  • 35 % fréquentaient un Centre de la petite enfance (CPE)
  • 20 % fréquentaient une garderie non subventionnée
  • 18 % fréquentaient un milieu familial subventionné
  • 16 % fréquentaient une garderie subventionnée.

Trouver un service de garde s’avère souvent difficile

Christa Japel, professeure associée au Département d’éducation et formation spécialisées à l’UQÀM, souligne le relativement faible pourcentage des enfants qui fréquentent un CPE (35 %). Pourtant, « la majorité des parents, quand on leur demande leur préférence, préfèrent des places en CPE », ajoute-t-elle.

Les résultats de l’enquête indiquent en effet qu’un CPE était recherché pour environ les ¾ des enfants (74 %) dont les parents recherchaient un premier service de garde. Cette proportion augmente à 9 enfants sur 10 (91 %) si l’on considère la recherche d’un milieu subventionné (garderie subventionnée, milieu familial subventionné ou CPE).

Trouver un service de garde, surtout un premier service de garde, s’avère souvent difficile. En 2021, 80 % des parents avaient cherché un premier service de garde. Pour 47 % d’entre eux, cette recherche a été « assez » ou « très » difficile, principalement pour les raisons suivantes :

  • le manque de places (89 %)
  • l’absence de suivi de la Place 0-5 (59 %)
  • le coût (30 %)
  • la faible qualité des milieux de garde (26 %)
  • le manque d’informations sur les milieux de garde (25 %)
  • des jours ou heures de garde qui ne convenaient pas (17 %).

Bien que 97 % des parents qui cherchent un service de garde pour leur enfant finissent par en trouver un, 35 % des enfants ont dû fréquenter ce milieu de garde plus d’un mois avant, ou après, la date de début de fréquentation qui était souhaitée.

Le coût des services de garde : une préoccupation réelle

Les parents d’environ 28 % des enfants se préoccupaient beaucoup du coût du service de garde lors de la recherche. Ces enfants sont plus nombreux en proportion parmi ceux :

  • vivant dans un ménage à faible revenu
  • vivant avec des parents qui sont faiblement ou non diplômés
  • dont les parents sont nés à l’extérieur du Canada
  • dont les parents cherchent un service de garde subventionné.

Une sous-représentation des familles en situation de vulnérabilité dans les services de garde éducatifs

24 % des enfants ne fréquentent ni un service de garde ni la maternelle. Ceux-ci sont plus nombreux, en proportion, parmi les enfants :

  • sans problème de santé détecté
  • âgés de 6 à 11 mois au moment de l’enquête
  • issus d’un ménage à faible revenu
  • dont les parents sont non diplômés
  • dont un seul des deux parents a le travail comme occupation principale ou dont les parents n’ont pas le travail comme occupation principale.

Christa Japel et Nathalie Bigras, professeures associées au Département d'éducation et formation spécialisées à l’UQÀM, considèrent que la sous-représentation des familles en situation de vulnérabilité socioéconomique dans les services de garde au Québec est un enjeu prioritaire, ainsi que l’importance de leur faire profiter de services de garde de qualité.

Selon elles, plusieurs facteurs pourraient expliquer cette situation, notamment :

  • Les barrières financières
  • La difficulté d’accès à l’informatique ou l’inconfort avec l’utilisation de la plateforme en ligne La Place 0-5 ans
  • Les enjeux linguistiques
  • La méconnaissance des délais d’usage avant l’obtention d’une place en service de garde
  • La proximité géographique des CPE.

Les résultats de l’enquête indiquent que la proportion d’enfants dont les parents n’ont pas trouvé de service de garde à la suite d’une recherche est plus élevée parmi les enfants vivant au sein de ménages à faible revenu et parmi ceux dont les parents ne sont pas diplômés.

Professeure Japel mentionne qu’il « faut surtout miser sur l’intégration des enfants vulnérables dans le réseau des services de garde, et de préférence dans les CPE […] plutôt que dans les garderies à but lucratif. Il faut investir beaucoup. […] C’est toujours le même message qui ressort de tous les rapports et de notre perception comme chercheurs : il faut miser sur les populations vulnérables pour éviter à long terme l’échec scolaire ».

Des parents globalement satisfaits du service de garde fréquenté par leur enfant

Bien qu’une forte proportion des parents se disent satisfaits du service de garde fréquenté par leur enfant, des améliorations sont toujours souhaitées :

  • Tarif plus abordable (12 %)
  • Réduction des changements d’employé-es (9 %)
  • Augmentation des activités éducatives (9 %)
  • Milieu ouvert toute l'année, sans interruption (7 %).

Un manque important de ressources

Les professeures Japel et Bigras soulèvent toutes deux le manque important de ressources sur lesquelles il est urgent de miser pour améliorer l’accès aux services de garde pour les enfants en situation de vulnérabilité ou ayant besoin de soutien particulier. Entre autres priorités, il faudrait pallier :

  • Le manque d’éducatrices hautement qualifiées
  • Les écarts de qualité entre les CPE et les milieux de garde à but lucratif
  • Le manque de ressources spécialisées sur place, telles que les orthophonistes et les psychoéducateurs.

Méthodologie

Cette enquête à large échelle mandatée par le ministère de la Famille a été réalisée auprès de 13 138 parents du Québec. Elle portait spécifiquement sur les situations de garde des enfants âgés de moins de 5 ans le 30 septembre 2020.

 

Par Sophie Audette Chapdelaine

 

Pour aller plus loin

Lire le rapport complet de l’Enquête québécoise sur l’accessibilité et l’utilisation des services de garde 2021

Consulter notre rapport thématique sur l’importance de la qualité, de la stabilité et de la continuité des milieux de vie des tout-petits

Lire le chapitre de notre Portrait des politiques publiques consacré aux services de garde éducatifs à l'enfance

Références
Institut de la statistique du Québec – Rapport complet de l’Enquête québécoise sur l’accessibilité et l’utilisation des services de garde en 2021
Institut de la statistique du Québec – Communiqué de presse
Institut de la statistique du Québec - Les faits saillants
Christa Japel, professeure associée, Département d'éducation et formation spécialisées, UQÀM, discussion par visioconférence le 19 janvier 2023.
Nathalie Bigras, professeure associée, Département de didactique, UQÀM, discussion par visioconférence le 25 janvier 2023.