Développement du langage et de la communication chez les tout-petits : grands constats 2023
À l'occasion des 25es journées annuelles de santé publique, une demi-journée de réflexion, organisée par le Groupe de travail montérégien en orthophonie et développement du langage, portait sur le développement du langage et de la communication chez les tout-petits. Voici les grands constats issus de cet atelier thématique auquel l’Observatoire des tout-petits a participé.
Pourquoi le développement du langage et de la communication est-il si important ?
Le développement du langage et de la communication comprend à la fois le développement cognitif et langagier, ainsi que les habiletés de communication et les connaissances générales. Il touche toutes les sphères du développement et aura un impact direct sur le parcours de vie de la personne [1].
À l’heure actuelle, au moins 7 % des enfants rencontrent des difficultés persistantes du langage durant les premières années de vie, une période fondamentale du développement [2]. Selon les données de l’Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle menée par l’Institut de la statistique du Québec en 2017, plus de 1 enfant de maternelle sur 4 (27,7 %) était vulnérable dans un domaine de son développement, comparativement à 25,6 % en 2012. Ces besoins croissants se heurtent par ailleurs au problème des ressources limitées du système de santé [3].
Certains groupes sont également reconnus comme plus vulnérables, notamment les garçons, les enfants nés à l’extérieur du Canada, les enfants vivant dans des milieux socioéconomiques défavorisés, les enfants ayant des parents moins scolarisés ainsi que les enfants dont la langue maternelle est autre que le français ou l’anglais [1 et 4].
Les enjeux entourant le développement du langage et de la communication chez les tout-petits sont nombreux [4] et donnent lieu à un risque accru de difficultés dans différentes sphères :
- les compétences sociales
- l’apprentissage et la réussite éducative (ex. motivation et persévérance scolaire)
- l’employabilité
- la santé physique et psychologique (ex. estime de soi et bien-être général) [2].
Quelles sont les pistes de solution pour favoriser le développement du langage et de la communication ?
Rappelons d’abord l’importance d’agir tôt en raison des moments clés du développement de l’enfant où celui-ci est prédisposé à apprendre. Par exemple, les 24 premiers mois de vie sont une « fenêtre de sensibilité cérébrale » pour le développement de la communication. Miser sur cette fenêtre d’opportunité est crucial, d’autant plus que le moment de la consolidation des apprentissages arrive vers l’âge de l’entrée à l’école, soit de 4 ans jusqu’à l’adolescence [4].
Une approche novatrice : l’orthophonie communautaire
Selon Nathalie Walter, responsable recherche et développement pour le Groupe de travail montérégien en orthophonie et développement du langage, l’orthophonie communautaire est une approche novatrice au fort potentiel. Concrètement, cette approche implique l’élaboration d’un réseau d’alliances avec un ensemble de services, de partenaires et d’acteurs clés, dont les parents [3 et 5]. Elle vise la mise en place d’un continuum de services, tant dans la promotion que dans la prévention et l’intervention. Elle est basée sur les données probantes et unit l’expertise des orthophonistes à celle de l’ensemble des intervenants et des acteurs d’un territoire. L’objectif est d’offrir de bons services, dans les bonnes conditions, dans les meilleurs délais et directement aux personnes qui en ont besoin [1].
Vers des environnements plus favorables au développement des tout-petits
Enfin, soulignons l’importance de soutenir les environnements favorables au développement du langage et de la communication [2 et 4], plutôt que de concentrer les efforts uniquement sur l’offre de conseils individuels [2]. Par exemple, des environnements stimulants dans les communautés, tels que les parcs, les bibliothèques, les organismes communautaires ainsi que des milieux éducatifs de qualité auront un impact considérable.
L’importance de qualité, la stabilité et la continuité des milieux de vie
- La qualité des milieux de vie permet d’assurer à l’enfant une sécurité affective et physique, un milieu de vie chaleureux qui réponde à ses besoins et une stimulation adaptée à ses stades de développement. Cela inclut également la qualité des interactions de l’enfant avec les adultes qui l’entourent, comme ses parents, éducateur.trice.s ou enseignant.e.s [2 et 4]. Les milieux de qualité permettent également un meilleur soutien social, ce qui diminue généralement le stress parental et est propice à de meilleures pratiques parentales.
- La stabilité des milieux de vie favorise l’exposition de l’enfant à des interactions répétées et prévisibles, ce qui l’aide à bâtir des relations de confiance avec des adultes.
- La continuité des milieux de vie permet d’établir des attentes constantes envers l’enfant ainsi que des dynamiques de collaboration entre les milieux. Cela facilite notamment les transitions plus harmonieuses, comme entre la maison et le service éducatif ou l’école par exemple [4].
Par Sophie Audette-Chapdelaine
Pour aller plus loin
Consulter notre rapport thématique : Comment favoriser le développement des tout-petits avant leur entrée à l’école? L’importance de la qualité, de la stabilité et de la continuité des environnements
Références
Les 25es Journées annuelles de santé publique se sont tenues en mars 2023 et sont organisées chaque année par l'Institut national de santé publique du Québec.
[1] Nathalie Walter, responsable recherche et développement pour le Groupe de travail montérégien en orthophonie et développement du langage, présentation intitulée « Continuum de services concerté : une approche novatrice ».
[2] Mélissa Di Sante, orthophoniste et chercheuse postdoctorale pour le Centre de recherche en santé publique, présentation intitulée « Promotion et prévention pour soutenir le développement de la communication et du langage chez les tout-petits : cap sur la qualité des interactions adulte-enfant ».
[3] Johanne Croteau, SAC Organisation communautaire, Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre, présentation intitulée « Implication du réseau de la santé et des services sociaux dans le déploiement du continuum de services concerté ».
[4] Kim Gagnon, conseillère principale, production et adaptation des connaissances à l’Observatoire des tout-petits, présentation intitulée « Situation des tout-petits : état de leur vulnérabilité à leur entrée en maternelle ».
[5] Dominique Fontaine, directrice de l’organisme Maison de la Famille Valoise, présentation intitulée « Actions de la Maison de la famille liées au développement du langage et de la communication ».
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