6 pistes pour un Québec plus équitable et en santé
Le gouvernement du Québec a publié récemment le rapport « Politiques sociales favorisant la redistribution de la richesse : options pour le contexte québécois ». Dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé, un groupe de chercheurs a été mandaté pour répertorier les politiques sociales existantes ailleurs dans le monde et en analyser leur pertinence et faisabilité au Québec.
Partant du constat que la réduction de la pauvreté et des inégalités de richesse a des retombées importantes sur la santé et le bien-être de toute la population ainsi que sur la croissance économique, le rapport propose six pistes pour un Québec plus équitable et en santé.
Des pistes qui font consensus
Les pistes retenues dans le rapport font l’objet d’un consensus à travers plusieurs groupes de discussion ayant participé à l’étude.
- Assurer l’équité d’accès aux services de garde éducatifs de qualité en assurant un accès régional équitable et des horaires de services plus flexibles, à l’instar du modèle suédois. Le Québec pourrait également innover en positionnant l’ensemble des Centres de la petite enfance (CPE) comme une « première ligne » du bien-être et de la santé des tout-petits, par exemple en assurant un lien avec le réseau de la santé et des services sociaux et les centres de pédiatrie sociale.
- Assurer un système d’éducation public qui combat les iniquités, notamment en réduisant les inégalités issues de la segmentation scolaire en programmes particuliers, dont les frais supplémentaires limitent l’accès à de nombreuses familles. En ce sens, le modèle finlandais constitue une source d’inspiration au niveau du suivi individualisé offert aux élèves ainsi que de la valorisation de la profession enseignante.
- Assurer un revenu décent ainsi que plus de sécurité d’emploi et d’avantages sociaux. Il existe des données probantes qui démontrent qu'un niveau plus élevé de régulation du marché du travail est associé à un niveau moins élevé d'inégalités de revenus et une diminution des emplois précaires, dont l’effet néfaste sur la santé est avéré.
- Reconnaître la complexité des besoins et des trajectoires des prestataires d’aide sociale avec un programme simplifié et un accompagnement personnalisé, à l’instar du programme danois.
- Assurer un meilleur accès aux logements sociaux et abordables en assurant leur disponibilité, un accès et une répartition des logements sociaux sur le territoire afin de favoriser la mixité sociale, ainsi qu’une révision à la hausse de l’allocation logement.
- Offrir un soutien durable aux organismes communautaires, par exemple par le financement à la mission plutôt que par projet, pour que les organismes puissent se concentrer sur l’offre de services.
Cette démarche a permis de souligner des besoins qui sont communs à plusieurs domaines d’intervention gouvernementale. Par exemple, qu'il soit question d'accès aux garderies subventionnées ou encore aux logements sociaux, nos résultats indiquent que plusieurs éprouvent des problèmes d’accès aux services publics au Québec, notamment en raison de leur faible disponibilité. Ces besoins se trouvent exacerbés pour les groupes vivant des situations de vulnérabilité liées, par exemple, au niveau socioéconomique, au genre ou au statut de minorité (a fortiori pour les minorités racisées).
Des inégalités persistantes qui ont des conséquences sur le développement des tout-petits
Le Québec a mis en place de nombreuses interventions soutenues pour les 0 à 5 ans. Toutefois, le Portrait des politiques publiques 2021 de l’Observatoire révélait que malgré de nombreuses politiques publiques en place au Québec, des inégalités persistent. Par exemple :
- 1 famille sur 10 avec au moins un tout-petit vit encore de l’insécurité alimentaire
- 13,6 % des familles habitent dans un logement non abordable
- 12 % des familles demeurent dans un logement de taille insuffisante
- Au 31 mai 2022, 34 977 enfants étaient en attente et susceptibles de vouloir une place immédiatement en service de garde éducatif
Les tout-petits vivant dans des familles à faible revenu, les tout-petits issus des communautés autochtones, les enfants ayant besoin de soutien particulier et les enfants immigrants et d’autres origines ethnoculturelles sont particulièrement touchés par ces inégalités, qui compromettent leur développement.
Par Elise Tardif-Turcotte
Pour aller plus loin
Lire le rapport Politiques sociales favorisant la redistribution de la richesse : options pour le contexte québécois
Consulter le Portrait des politiques publiques 2021
Consulter le rapport Agir pour que chaque tout petit développe son plein potentiel
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