Inclusion des enfants avec des besoins particuliers dans les milieux de garde : qu’en pensent les experts?
Au printemps dernier, le ministère de la Famille (MFA) a mis en place une consultation sur les services de garde éducatifs à l’enfance pour explorer les besoins des familles québécoises. Dans son document de réflexion, le MFA se questionne sur la création de groupes spécialisés pour les tout-petits ayant des besoins particuliers. Que nous dit la recherche au sujet de cette approche?
Selon le programme éducatif Accueillir la petite enfance, les services de garde éducatifs devraient « favoriser l’inclusion sociale des enfants présentant des besoins particuliers en leur faisant une place parmi leurs pairs pour leur permettre de se développer en participant aux activités quotidiennes ».
La différence entre l'intégration et l'inclusion
Il existe d’ailleurs une différence importante entre l’intégration et l’inclusion, souligne Justine Boquart, étudiante à la maîtrise en psychopédagogie à l’Université Laval. Alors que l’intégration signifie que l’enfant doit s’adapter à son environnement, l’inclusion consiste à modifier cet environnement pour que l’enfant puisse se développer entouré de ses pairs, explique-t-elle.
Selon des chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’inclusion favorise le développement global des tout-petits avec des besoins particuliers et leur préparation à l’école. Cette approche leur permet notamment d’être en présence de modèles positifs de leur âge et d’établir des relations sociales avec leurs pairs. Ils font ainsi leurs premiers pas en société.
Un bénéfice pour tous les enfants
Par ailleurs, une enquête réalisée par Carmen Dionne, professeure au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières, révèle que :
En effet, en côtoyant un enfant avec des besoins particuliers, les tout-petits comprennent que chaque personne a ses forces et ses besoins, peut-on lire dans le programme éducatif Accueillir la petite enfance. Ils ont aussi l’occasion de jouer et de développer une relation avec quelqu’un qui est différent d’eux.
À long terme, cela permet de valoriser la différence et la tolérance chez les tout-petits, ajoute Justine Boquart. Selon Carmen Dionne, l’inclusion dès la petite enfance aura donc des répercussions à l’âge adulte lorsque ces enfants deviendront des voisins, des collègues de travail ou des employeurs.
Encore plusieurs défis
Pour que l’inclusion soit un succès, il faut toutefois que le milieu de garde soit de qualité et que les ressources humaines et financières nécessaires soient disponibles, rappellent les chercheurs. Cela n’est malheureusement pas toujours le cas.
De plus, selon l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec, les éducatrices reçoivent peu de formation sur les problématiques particulières. La présence d’enfants avec des besoins particuliers peut ainsi représenter un défi pour le personnel éducateur.
Enfin, la plupart des milieux ne disposent pas d’une politique d’inclusion des enfants avec des besoins particuliers ou des handicaps. Leur inclusion demeure à la discrétion de chaque établissement.
Selon le Rapport du vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale, l’accès au réseau des services de garde est donc plus difficile pour les parents avec un enfant ayant des besoins particuliers. En effet, le taux de placement pour ces tout-petits est de 73 %, comparativement à 83 % pour les enfants sans besoins particuliers.
Pour aller plus loin
Par Kathleen Couillard
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