Prévenir plutôt que guérir
Le sujet de la maltraitance envers les enfants a été très présent au Québec au cours de la dernière année. Depuis la mort tragique de celle que nous appelons maintenant «la petite fille de Granby» et la création de la commission Laurent, de nombreux acteurs se sont mobilisés pour réfléchir à ce qu’il est possible de faire collectivement pour réduire la maltraitance chez les enfants. Avec la pandémie actuelle qui accroît les risques de maltraitance au sein des familles, le Québec se doit d'agir.
Il ne s’agit pourtant pas d’un enjeu nouveau. L’an dernier, les DPJ ont retenu 13 500 signalements concernant des enfants âgés de 6 mois à 5 ans. Ce nombre vous paraît élevé? Ce n’est hélas que la pointe de l’iceberg, puisqu’il s’agit des situations de maltraitance qui, par « chance », ont pu être décelées par un proche ou un citoyen de la communauté. Et il faut naturellement que cette personne ait pris le temps de faire un signalement à la DPJ.
Les situations de maltraitance touchant les tout-petits sont particulièrement susceptibles de passer sous le radar : comme plusieurs ne fréquentent pas de milieu de garde, ils sont moins exposés au regard extérieur. En contexte de pandémie, ils sont encore plus nombreux dans cette situation. Or, les tout-petits sont particulièrement vulnérables à la maltraitance, d’abord parce qu’ils dépendent totalement des adultes pour répondre à leurs besoins, et ensuite parce que plus la maltraitance se produit tôt dans la vie, plus les conséquences sont importantes.
Le contexte dans lequel grandissent les tout-petits peut augmenter le risque qu’ils soient victimes de maltraitance. Le stress vécu par les parents, leur santé mentale, le manque de soutien, la pauvreté ou l’isolement peuvent accroître le risque que des situations de maltraitance se produisent. Or, les données nous indiquent que de nombreuses familles québécoises étaient touchées par l’une ou l’autre de ces conditions, et ce, bien avant la pandémie.
Que pouvons-nous faire en tant que société? D’abord, s’assurer de pouvoir intervenir efficacement lorsque des situations sont signalées, et ne pas hésiter, comme citoyen, à procéder à un signalement même si nous n’avons qu’un doute. Mais plus important encore, il faut tout mettre en place pour que ces situations ne se produisent pas, ou le moins possible. Tisser un filet de protection autour des familles vulnérables en leur offrant les meilleures conditions de vie possible, du soutien ainsi que des services de première ligne. Prévenir plutôt que guérir.
Ce message de prévention s’est révélé être au cœur des préoccupations des nombreux intervenants rencontrés pendant la préparation de ce dossier. Nous espérons que ces contenus, que nous avons rassemblés pour vous, saurons vous faire réfléchir, discuter et surtout, qu’ils sauront vous inspirer, pour le bénéfice des tout-petits et de leurs familles.
Bonne lecture!
Fannie Dagenais
Directrice, Observatoire des tout-petits
En naviguant dans notre dossier Web, vous trouverez :
- Le point sur les plus récentes données concernant les situations de maltraitance pour les enfants de moins de 5 ans au Québec;
- Une chronique carte blanche de Camil Bouchard, grand penseur de la question de la maltraitance au Québec, qui nous propose une idée pour combattre le virus de la maltraitance au Québec;
- Une animation qui explique comment il est possible de prévenir la maltraitance;
- Un entretien avec Sonia Hélie, Marie-Hélène Gagné et Marie-Ève Clément, les trois expertes ayant participé à l’élaboration de notre dossier thématique 2017 sur la violence et la maltraitance, qui posent aujourd'hui un regard sur l’évolution de la situation au cours des deux dernières années;
- Un entretien avec Sonia Hélie sur comment les tout-petits sont plus à risque de maltraitance pendant la pandémie de coronavirus;
- Un article sur comment les facteurs de risque de maltraitance sont accentués depuis le début de la crise de COVID-19;
- Des témoignages poignants livrés par Catherine Grégoire, une ancienne intervenante de la DPJ et Annie Thériault, une jeune adulte ayant été victime de maltraitance tout au long de sa petite enfance. Ces deux femmes exceptionnelles partagent avec nous leurs expériences avec les services de protection de la jeunesse;
- Une animation qui décortique la commission Laurent et les principales étapes de ses travaux ainsi que quelques témoignages marquants entendus à la commission jusqu’à maintenant;
- 5 faits essentiels à connaître sur la maltraitance chez les tout-petits;
- Les conséquences persistantes de la maltraitance sur une personne, de la petite enfance à l'âge adulte, en passant par les conséquences sociales et économiques de la maltraitance;
- Plusieurs initiatives inspirantes de différentes régions du Québec.
Bonne lecture!
Photo : Nicolas Boulay