Le rôle des bibliothèques publiques dans le développement des tout-petits
Les enfants d’âge préscolaire qui ne fréquentent pas une bibliothèque publique sont plus nombreux, en proportion, à être vulnérables dans au moins un domaine de leur développement.
Selon l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle 20221, près de la moitié des tout-petits visitaient rarement ou jamais une bibliothèque publique avec leurs parents.
Parmi les enfants qui fréquentent rarement ou jamais la bibliothèque avec leurs parents, 54 % sont vulnérables dans au moins un domaine de développement à la maternelle (santé physique et bien-être, compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et langagier, habiletés de communication et connaissances générales). En comparaison, cette proportion baisse à 25 % chez ceux qui fréquentent parfois la bibliothèque.
Pourtant, la lecture faite aux jeunes enfants fait partie des facteurs de protection qui influencent positivement le développement et atténuent même l’impact de facteurs de risque, comme la pauvreté. Par ailleurs, des chercheurs de l'Université de Sherbrooke2 ont démontré que la fréquentation d’une bibliothèque diminue les échecs en lecture et facilite la réussite scolaire en général.
Jamais trop tôt pour découvrir la lecture
En donnant accès gratuitement à une multitude de livres et à des activités comme l’heure du conte, les bibliothèques suscitent la découverte de la lecture ainsi que l’envie d’apprendre à lire et à écrire dès la petite enfance.
La Société canadienne de pédiatrie affirme3 que l’exposition des nourrissons et des tout-petits aux livres fait découvrir le plaisir de lire et favorise l’éveil à la lecture et à l’écriture sans enseignement formel. Cet éveil se traduit ensuite par de meilleures habiletés en lecture et en écriture à l'école.
Selon des spécialistes québécois2, la majorité des décrocheurs comprend des élèves qui ont été en situation d’échec en langage écrit dès la première année du primaire, la plupart étant issus de milieux défavorisés. C’est donc bien avant l’entrée à l’école qu’il faut stimuler l’éveil à la lecture et à l’écriture, d'autant plus que les études scientifiques ont montré que l’émergence de l’écrit débute dès les premiers mois et années de vie d’un enfant.
Les bibliothèques sources d’inspiration
Les bibliothèques publiques sont un lieu privilégié pour favoriser l’éveil à la lecture et à l’écriture, et ce, même auprès des bébés. Au-delà des livres, les bibliothèques permettent aux parents d’emprunter des magazines, des CD, des DVD, et même des jouets éducatifs spécialement conçus pour les tout-petits.
La recherche a montré que les interventions des bibliothécaires auprès des parents de poupons favorisent une meilleure perception de l’importance de la lecture ainsi que l’augmentation de l’achat de livres pour leurs enfants2. Les ateliers de lecture parent-enfant, destinés surtout aux tout-petits de 1 à 4 ans, amèneraient les parents à diversifier le type de livres qu’ils utilisent avec leurs enfants2.
Rejoindre la population : un défi
Toutefois, certains aspects freinent la fréquentation des bibliothèques publiques pour certaines familles, comme les coûts (dans le cas de la perte d’un livre notamment), les horaires et la distance entre la bibliothèque et le lieu de résidence2.
Ces constats confirment qu’il ne suffit pas d’avoir des bibliothèques et des livres pour contribuer à l’éveil à la lecture et à l’écriture ; il faut aussi entrer en relation avec les parents, particulièrement ceux des milieux défavorisés2.
Depuis quelques années, la bibliothèque publique sort donc de ses quatre murs pour rejoindre les familles qui ont le plus besoin de ses services grâce à différents partenariats avec les CISSS ou CIUSSS, les CPE, les écoles et les organismes en lien avec les populations plus vulnérables.
Selon le Réseau réussite Montréal, un organisme impliqué dans la persévérance et la réussite scolaire des jeunes, « les tout-petits qui feuillettent des livres par eux-mêmes à 2 ½ ans seront plus motivés à lire lorsqu’ils entreront à l’école, auront acquis des pratiques de lecture à 8 ans et auront de meilleurs résultats scolaires à 15 ans ».
Sources
[1] Institut de la Statistique du Québec. Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle 2022.
[2] MYRE-BISAILLON, J., A. BOUDREAU, N. BOUTIN et J.-S. DION (2014b). « Stimuler l’éveil à la lecture et à l’écriture des enfants d’âge préscolaire : rôle des bibliothèques publiques dans les communautés défavorisées », McGill Journal of Education, [En ligne], vol. 49, no 2, p. 287-306.
[3] Société canadienne de pédiatrie. L’alphabétisation précoce.
Pour en savoir plus
Consulter le rapport de l'Observatoire des tout-petits Comment favoriser le développement des tout-petits avant leur entrée à l’école?
Consulter le portrait de l'Observatoire des tout-petits Dans quels environnements grandissent les tout-petits du Québec?