Favoriser la réussite de tous les enfants, sans exception
Directrice de l’Observatoire des tout-petits de 2015 à 2023
Au Québec, certains tout-petits ont besoin d’un soutien plus important pour développer leur plein potentiel. C’est le cas de Rosa, qui a des difficultés de langage, de Noah, qui a des troubles moteurs, de Boris, un enfant autiste, et bien d’autres.
Les difficultés de ces enfants, souvent invisibles à l’œil nu, sont-elles suffisamment prises en compte par notre société? Selon leurs parents, l’accès aux services éducatifs ou de santé pour ces enfants est parsemé d’embûches et ressemble souvent à un parcours du combattant.
Comme pour Rosa, qui doit attendre plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous en orthophonie pour ses difficultés de langage. En attendant, elle socialise peu. Cela pourrait l’amener à développer des problèmes de comportements et d’adaptation sociale, et même influencer sa réussite éducative. Les parents de Noah, de leur côté, ont dû attendre trois ans avant de trouver un service de garde qui répondait à ses besoins. Sa mère n’a donc pas pu retourner travailler, ce qui a entraîné des difficultés financières pour la famille.
La petite enfance, on le sait, est une période charnière pour le développement de l’enfant. Durant cette période, les interventions sont plus efficaces. Elles permettent d’éviter que les difficultés se transforment en problèmes plus importants, qui pourraient avoir des répercussions sur la santé, le développement et la qualité de vie future de l’enfant. Rosa et Noah ne sont pas les seuls à se retrouver sur des listes d’attente, mais l’accès est définitivement plus difficile pour eux et les répercussions sur leur santé et leur développement peuvent être dramatiques.
La question se pose: notre société est-elle réellement inclusive? Quelles conditions mettons-nous en place pour que les tout-petits qui ont de plus grands besoins puissent se développer, se sentir inclus, socialiser, jouer, apprendre? Qu’en est-il de leurs droits aux meilleurs soins de santé possible, à une éducation de qualité? Et que faisons-nous pour soutenir leurs parents, qui peinent à garder leur emploi compte tenu des nombreux rendez-vous et de l’attention particulière que demande la condition de leur enfant?
Les conséquences de la situation actuelle sont multiples. D’abord pour l’enfant, puis pour ses parents, dont la santé physique, mentale et financière est menacée. La société aussi est perdante, sur les plans social et économique. Le fait de ne pas intervenir tôt chez ces enfants peut engendrer des problématiques de santé et de développement qui seront plus coûteuses à traiter, en plus d’empêcher ces futurs citoyens d’occuper pleinement leur place dans la société.
En ce mois de rentrée scolaire, prenons un pas de recul. Sommes-nous réellement à l’aise avec la différence ou existe-t-il encore au Québec des préjugés conscients et inconscients sur le potentiel de développement de ces enfants et sur leur apport à la société ? À ces égards, les tout-petits sont inspirants : ils sont prêts à accepter l’autre, tel qu’il est, à s’en faire un ami, et même à l’aider à mettre ses bottes s’il en a besoin! Ils développent ainsi l’empathie, le sens de l’entraide, et leur présence est une source d’encouragement pour leur ami ayant besoin de soutien particulier.
Et si on s’inspirait des tout-petits? Adoptons une approche réellement inclusive et donnons à chaque enfant le droit d’exister tel qu’il est, de se développer pleinement et de contribuer à notre société.
Agissons pour favoriser la réussite de tous et toutes, sans exception.
Fannie Dagenais
Consultez notre rapport sur les tout-petits ayant besoin de soutien particulier