Observatoire des tout-petits

C'est à nous, les adultes, de faire respecter les droits des tout-petits

Portrait de Julie Cailliau
Julie Cailliau
Directrice de l’Observatoire des tout-petits
23 novembre 2023

J’ai eu l’occasion, tout au long de cette semaine, de m’entretenir avec plusieurs personnes qui ont à cœur d’offrir les meilleures chances possible aux tout-petits qui démarrent dans la vie. Pourtant, alors que se termine la Grande semaine des tout-petits, force est de constater que le respect de certains droits fondamentaux ne semble pas garanti pour l’ensemble des tout-petits du Québec.

Prenons par exemple le droit à de la nourriture, des vêtements et un endroit sûr où vivre. Autrement dit, la base. La dernière Enquête québécoise sur la parentalité nous révélait qu’au Québec, en 2022, 25 % des parents d’enfants de 0 à 5 ans percevaient leurs revenus comme insuffisants ou très insuffisants pour répondre aux besoins de base de leur famille, soit le logement, l’alimentation, et l’habillement.

Des enfants doublement vulnérables

Il y a de quoi être préoccupé, quand on sait que les enfants qui grandissent dans des ménages à faible revenu sont plus susceptibles d’être vulnérables lors de leur entrée à l’école; que ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire sont plus à risque de présenter des retards sur le plan du développement cognitif, moteur et neurophysiologique; que ceux qui vivent dans un logement qui n’est pas adapté aux besoins de leur famille, parce qu’il est trop petit ou trop cher, sont plus susceptibles de moins bien réussir à l’école et de subir de la maltraitance.

Certains enfants méritent une attention toute particulière, parce qu’ils sont principalement touchés par ces inégalités du fait qu’ils vivent en milieu défavorisé, qu’ils sont autochtones, issus de l’immigration ou qu’ils ont besoin de soutien particulier. Ces enfants sont doublement vulnérables : ils vivent dans les conditions les plus difficiles et ils font face à des barrières pour accéder aux services, qu’elles soient géographiques, financières, de langue, ou encore administratives.

Quels sont nos leviers pour agir ?

La littérature scientifique et l’expérience du terrain nous pistent sur plusieurs leviers possibles pour réunir autour des familles les conditions favorables au développement des tout-petits.

Et si les logements abordables qui sortiront prochainement de terre étaient pensés pour les familles, assez grands, au cœur de quartiers sûrs où les enfants pourraient bouger et socialiser ?

Et si les fruits, les légumes et les produits laitiers étaient subventionnés pour les parents qui n’ont pas les moyens de les offrir à leur enfant ?

Et si la communauté tissait un réseau de soutien auprès des familles qui traversent une mauvaise passe ?

Et si les enfants ayant besoin de soutien particulier étaient accompagnés dès l’apparition de leur besoin, sans attendre un diagnostic formel ?

Et si on s’inspirait des organismes communautaires qui trouvent le moyen de franchir les barrières d’accès aux services au lieu de demander aux familles, déjà ensevelies, de les surmonter par elles-mêmes ?

Selon la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies, les gouvernements ont la responsabilité de s’assurer que les droits des enfants sont respectés. Ils doivent également aider les parents à protéger ces droits et créer un environnement propice au développement du potentiel des enfants.

Les tout-petits dépendent totalement de nous, les adultes. Ils n’ont ni droit de vote, ni influence politique ou économique. Alors que leur cerveau est si réceptif à ce qui se présente dans leur environnement, il est essentiel qu’on réponde à leurs besoins pendant cette période fantastique qu’est la petite enfance.



Julie Cailliau

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