COVID-19 et pauvreté : le Québec se mobilise pour protéger les familles vulnérables
Le Québec est plongé dans la crise de la COVID-19 depuis maintenant plusieurs semaines et personne n’avait imaginé ce que nous allions traverser. Nous faisons ainsi face à l’inconnu. Nous savons toutefois qu’une frange de la population est très à risque en ce moment : les tout-petits. Pas en raison du virus, mais plutôt en raison des stress vécus par les adultes qui en prennent soin. Aujourd’hui, nous abordons la perte de revenus occasionnée par la pandémie.
Selon le Portrait 2019 des tout-petits au Québec, 13,9 % des enfants québécois de 0 à 5 ans vivaient dans une famille à faible revenu en 2016. La pandémie risque malheureusement d’augmenter cette proportion et d’accentuer la précarité des ménages qui connaissent déjà des difficultés financières.
En effet, une analyse de la firme Aviseo Conseil révèle que les travailleurs québécois perdront plus de 9 milliards de dollars en salaire et traitement pendant le prochain trimestre. Le choc causé par la pandémie pourrait entraîner la perte de 689 211 emplois. Par ailleurs, les gens atteints de la COVID-19 pourraient voir leurs revenus diminuer pendant leur confinement obligatoire. Un sondage Léger publié le 24 mars révèle d’ailleurs que le revenu personnel de 38 % des Canadiens est affecté par la crise et que 27 % d’entre eux croient qu’ils ne pourront pas payer toutes leurs factures.
Des études révèlent que les enfants vivant dans la pauvreté seraient plus à risque de développer des difficultés scolaires dès leur entrée à l’école et tout au long de leur parcours scolaire. Par exemple, selon des données de l’Institut de la statistique du Québec, ces enfants sont plus susceptibles d’être vulnérables lors de leur entrée à l’école et ils ont un rendement scolaire plus faible en moyenne en première année. La pauvreté serait aussi associée au développement de problèmes de comportement chez les enfants d’âge préscolaire et au développement plus fréquent de problèmes de santé physique, dont l’asthme.
Parce qu’elles augmentent le stress des parents, les conditions socio-économiques défavorables peuvent être associées à la maltraitance. Selon l’Étude d’incidence québécoise sur les signalements évalués en protection de la jeunesse en 2014, 65 % des enfants évalués par les services de protection vivaient avec un ou des parents n’ayant pas de revenu d’emploi au moment du signalement.
Des mesures pour soutenir les familles en situation précaire
Pour soutenir les familles connaissant des pertes de revenu, les gouvernements ont mis en place certaines mesures économiques.
Mesures fédérales
- Prestation canadienne d’urgence pour les travailleurs qui ont perdu leur revenu à cause de la COVID-19
- Hausse des montants de l’allocation canadienne pour enfants
- Versement d’un paiement spécial du crédit pour la TPS
- Délai supplémentaire pour produire une déclaration de revenus
- Directives données aux institutions bancaires pour qu’elles reportent jusqu’à six versements mensuels d’hypothèque
Mesures provinciales
- Programme d’aide temporaire pour soutenir les travailleurs non admissibles aux mesures de remplacement du revenu et qui sont en confinement
- Assouplissement pour la production des déclarations de revenus et le paiement des soldes d’impôts dus
- Procédure pour éviter que les familles recevant des versements anticipés du crédit d’impôt pour garde d’enfants doivent rembourser des sommes reçues en trop
Par ailleurs, certaines municipalités, comme Montréal, Gatineau, Sherbrooke et Victoriaville, ont mis en place des mesures de soutien comme le report des échéances de paiement des taxes municipales. « Un effort spécial est demandé à l’ensemble de la population pour réduire les répercussions de la pandémie de la COVID-19 et la Ville de Victoriaville agit pour aider les personnes en situation financière difficile. Réuni en séance extraordinaire, le conseil municipal a agi rapidement pour soutenir les familles (…) », indique le maire de Victoriaville, André Bellavance.
Enfin, certaines entreprises font également leur part. Par exemple, Hydro-Québec ne procédera à aucune interruption du service d’électricité pour non-paiement et a suspendu l’application de frais d’administration pour les factures impayées. De son côté, la Banque TD a réduit de 50 % le taux d’intérêt de ses cartes de crédit.
Kathleen Couillard
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