Observatoire des tout-petits

Actualités
28 mai 2024

Services de garde : les parents de tout-petits ont besoin de flexibilité

Services de garde : les parents de tout-petits ont besoin de flexibilité
Partager :

Au Québec, ce sont plus de 150 000 tout-petits qui ne fréquentent pas les services éducatifs à l’enfance. Alors que plusieurs facteurs peuvent être en cause, un récent projet de recherche révèle que pour un grand nombre de parents, les horaires proposés par ces services de garde ne conviennent pas. Face à ce besoin de flexibilité, le réseau de haltes-garderies répond présent.

Un besoin croissant de souplesse dans l’offre des services de garde

15% des parents d’enfants de 0 à 5 ans au Québec estiment que les horaires des services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE) ne répondent pas à leurs besoins. Et jusqu’à 52% d’entre eux seraient intéressés par des modalités qui permettent une plus grande flexibilité.

Ce sont les principaux constats qui émanent d’une récente étude réalisée par l’Association des haltes-garderies communautaires du Québec (AHGCQ), avec l’appui d’un comité scientifique dirigé par Carl Lacharité, psychologue et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

« Le besoin de flexibilité des parents en matière de services de garde est une préoccupation assez récente, explique le chercheur. Nous avons réalisé ce projet de recherche parce que nous avions besoin de chiffres et de réponses pour qualifier ce besoin. »

Une conciliation famille-travail parfois difficile

Pour la majorité des parents de tout-petits (67%), ce sont les exigences associées à leur emploi qui seraient à l’origine de ces besoins en matière de flexibilité. Plus précisément, ce sont des parents qui travaillent le soir, la nuit ou les fins de semaine et qui auraient besoin d’avoir accès à des heures de garde prolongées.

Afin de pallier ce manque de souplesse des services de garde, 62% des parents bénéficient de l’aide des grands-parents ou d’autres membres de leur entourage. Mais lorsque ce n’est pas possible, ils doivent se tourner vers d’autres solutions, qui ne sont pas toujours idéales.

« Les difficultés au niveau de la conciliation famille-travail amènent plusieurs de ces parents à s’absenter du travail ou même quitter leur emploi, déplore Carl Lacharité. C’est une situation préoccupante, puisqu’elle est associée à une perte de revenus et à une grande source de stress. »

Les haltes-garderies sont là

C’est ici qu’interviennent les 300 haltes-garderies communautaires du Québec, qui sont désormais accessibles à tous les parents grâce au Grand chantier pour les familles, un plan d’action du ministère de la Famille pour compléter le réseau des SGEE.

« Développées de façon complémentaire au réseau des services de garde éducatifs à l’enfance, les haltes-garderies communautaires répondent à une variété de besoins autres que la garde régulière à temps plein, précise Nadia Boudreau, directrice partenariat et développement à l’AHGCQ. Elles peuvent jouer un rôle de premier plan dans cet écosystème, particulièrement auprès des familles vulnérables. »

On les retrouve notamment dans les organismes communautaires famille, les centres de femmes, les centres communautaires de loisirs, les organismes de soutien aux nouveaux arrivants ainsi que dans les milieux d’enseignement supérieur (cégeps et universités).

Les haltes-garderies en milieu d’enseignement, un service essentiel pour les parents-étudiants

Depuis 2022, le ministère de la Famille offre une aide financière aux haltes-garderies en milieu d’enseignement pour le développement de leur offre d’activités. Ce projet pilote a permis à une dizaine d’organismes et associations étudiantes de mettre en place une halte-garderie pour les parents-étudiants et ainsi de faciliter leur conciliation famille-travail-études.

Annie Noël de Tilly, coordonnatrice du comité de soutien aux parents étudiants (CSPE) de l'UQÀM, était ravie de pouvoir bénéficier de ce financement.

« Ça faisait longtemps que le CSPE caressait l’idée d’offrir une halte-garderie à la communauté étudiante de l’UQÀM, précise-t-elle. C’était la joie de savoir qu’on allait enfin pouvoir être appuyés pour le faire. »

En plus de son horaire régulier de jour, la halte-garderie du CSPE offre aux parents-étudiants un service de garde en soirée du lundi au jeudi, ainsi que le samedi. Ces plages horaires étendues permettent de répondre à des besoins de flexibilité exprimés en 2020 dans le cadre d’un sondage mené par le CSPE.

« Les parcours d’études sont tellement différents aujourd’hui d’il y a 20 ans, explique Annie Noël de Tilly. Il n’est plus rare qu’une mère de deux jeunes enfants effectue un retour aux études. »

L’Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Victoriaville (AGEECV) a également pu bénéficier du financement du ministère de la Famille pour mettre en place une halte-garderie.

« Notre clientèle principale est constituée de familles d’étudiants internationaux, précise Maude Teasdale, éducatrice gestionnaire de la halte-garderie de l’AGEECV. Nous leur donnons non seulement un coup de main en gardant leurs enfants pendant leurs cours, mais nous les aidons aussi à s’intégrer, à mieux comprendre le système d’éducation préscolaire. »

Des soupirs de soulagement du côté des parents

Les haltes-garderies en milieu d’enseignement sont d’une importance inestimable pour les parents-étudiants qui en bénéficient.

C’est le cas de Fanny Boutin, étudiante en travail social à l’UQÀM dont le petit garçon de 21 mois fréquente la halte-garderie du CSPE.

« La halte-garderie me permet de travailler à temps partiel et de suivre deux cours par session pour terminer mon baccalauréat, note-t-elle. Puisque je sais que je peux compter sur ce service, je songe même à poursuivre à la maîtrise. »

Même son de cloche du côté de Juliette Lusven et Max Boutin, doctorants en études et pratiques à l’UQÀM qui utilisent les services de la halte-garderie du CSPE pour leurs deux enfants.

« Ce service est essentiel et doit absolument perdurer, insiste Juliette Lusven. Nos enfants adorent les éducatrices et nous leur faisons entièrement confiance, ce qui est inestimable pour aller au bout de sa recherche doctorale. »

Nadia Boudreau de l’AHGCQ voit d’un bon œil la volonté du ministère de la Famille de favoriser l’accès aux haltes-garderies en milieu d’enseignement.

« Le réseau de haltes-garderies a amplement sa place, souligne-t-elle. C’est un filet de sécurité incroyable auquel je crois depuis toujours. »

 

Par Mélissa Khadra

 

Pour aller plus loin

Consulter les faits saillants et principaux constats du projet de recherche sur les besoins de flexibilité

Consulter le plan d’action du ministère de la Famille pour compléter le réseau des SGEE

Découvrir le site web de l’AHGCQ

Lire notre chronique Accès aux services éducatifs : soutenir les parents pour aider les enfants

Consulter notre Portrait des politiques publiques, les haltes-garderies communautaires sont abordées aux pages 100 et 101