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27 mars 2024

Image corporelle : les tout-petits ont besoin de modèles positifs

	Image corporelle : les tout-petits ont besoin de modèles positifs
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Dans une société qui glorifie la minceur, accepter son corps tel qu’il est devient un combat constant. Or, les préjugés que l’on entretient envers notre apparence et celle des autres peuvent teinter négativement la perception qu’ont les tout-petits qui nous entourent de leur propre image.

En ce mois de la nutrition, nous souhaitons mettre en lumière l’importance que les adultes qui côtoient les enfants soient des modèles positifs et bienveillants pour les amener à développer une bonne estime de soi. Et, surtout, pour qu’ils apprennent à valoriser qui ils sont.

« Nous avons tous des préjugés envers le poids, explique Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre, un organisme à but non lucratif dont la mission est de favoriser le développement d’une image corporelle positive. L’idée est d’en prendre conscience et de s’informer auprès de sources crédibles pour les déconstruire. »

Combattre ces préjugés contribue à notre propre bien-être et à notre estime de soi. Mais au-delà de cet effet individuel, s’informer et comprendre les enjeux liés à la glorification de la minceur nous permet avant tout de devenir des modèles positifs pour les tout-petits que nous côtoyons, estime-t-elle.

Ultimement, chaque personne peut faire une différence pour que collectivement, on puisse créer des environnements bienveillants qui valorisent la diversité corporelle.

La petite enfance, une période cruciale pour l’image corporelle

« Dès l’âge de quatre ans, les enfants commencent à capter, à intégrer qu’être gros ce n’est pas bien, qu’il ne faut pas manger tel ou tel aliment si on veut rester mince », souligne Andrée-Ann Dufour Bouchard.

En effet, chez les tout-petits, la perception de soi est influencée par les personnes qui gravitent dans leur entourage. Les regards que l’on pose sur eux, les commentaires que l’on fait sur leur apparence et les expériences qu’ils vivent peuvent avoir un impact sur leur image corporelle, qui, à son tour, peut atteindre leur estime de soi1.

Mais qu’est-ce que l’image corporelle ?

« Il s’agit de la perception qu’une personne a de son propre corps, de son apparence, précise Andrée-Ann Dufour Bouchard. Elle est non seulement influencée par ce qu’on pense de notre corps, mais également par ce qu’on croit que les autres pensent de notre corps. »

L’image corporelle est en constante évolution et fluctue au cours de notre vie. Mais son façonnement débute lors de la petite enfance, période cruciale du développement d’un individu.

En d’autres termes, l’insatisfaction que l’on peut ressentir envers notre corps n’a pas d’âge.

D’où l’importance d’agir tôt, si on veut que les tout-petits développent une estime de soi solide et valorisent qui ils sont au lieu d’associer leur valeur à leur poids. Pour y parvenir, il faut notamment s’assurer qu’ils bâtissent une relation saine avec la nourriture.
« Il est important que les tout-petits aient du plaisir à manger, à goûter, à découvrir de nouveaux aliments et, surtout, qu’ils apprennent à reconnaître leurs propres signaux de faim et de satiété», poursuit Andrée-Ann Dufour Bouchard.

Et il en va de même pour leur relation avec l’activité physique. En d’autres termes, on ne veut pas que les enfants fassent un rapprochement d’idées entre manger et contrôle du poids, ou encore bouger et contrôle du poids.

« On veut qu’ils bougent pour le plaisir ! », soulève-t-elle.

Grandir dans une société sans grossophobie

Les mots qu’on choisit et les gestes qu’on pose ont un impact, estime Andrée-Ann Dufour Bouchard. En complimentant les tout-petits uniquement ou majoritairement sur leur apparence, on leur fait comprendre que cette dernière est très importante à nos yeux. Et ce biais peut les amener à se préoccuper de leur image très tôt1.

On devrait, au contraire, valoriser leurs idées, leurs initiatives, leurs efforts, leurs réalisations, leur personnalité et leurs qualités1. De cette manière, on les encourage à comprendre leur valeur et à développer une estime de soi diversifiée, qui leur servira de bouclier.

Ultimement, on doit être conscient que certains de nos comportements, qui sont le reflet de nos préjugés envers le poids, peuvent entretenir une grossophobie globale, soit une discrimination envers les personnes considérées comme étant « grosses » selon les standards de minceur établis, explique Andrée-Ann Dufour Bouchard. 

« Pourquoi la discrimination envers le poids est-elle encore largement répandue et acceptée?, déplore-t-elle. Lorsqu’on en est témoin, il faut la dénoncer, au même titre que toute autre forme de discrimination. »

Outiller les grands pour aider les tout-petits

C’est dans cette optique qu’ÉquiLibre et l’Association pour la santé publique du Québec ont développé une boîte à outils qui vise à démystifier l’image corporelle, les conséquences de la grossophobie, ainsi que le lien entre le poids et la santé. Intitulée Grossophobie et image corporelle : S’outiller pour mieux intervenir, cette trousse offre une variété de ressources, destinée à des publics diversifiés. Elle a été conçue en collaboration avec la Table québécoise sur la saine alimentation.

« Cette trousse d’outils représente une source crédible d’informations qui permet de déconstruire les préjugés liés au poids, précise la cheffe de projets. Elle peut nous aider à devenir de meilleurs modèles pour les tout-petits, afin qu’ils deviennent des citoyens solides de demain. »

Parallèlement, ÉquiLibre a également élaboré une trousse d’outils destinée spécifiquement aux gestionnaires et au personnel éducateur dans le domaine de la petite enfance. Cette trousse aborde trois thématiques dont l’objectif commun vise à influencer positivement l’image corporelle et l’estime de soi des tout petits :

  1. Accorder moins d’importance à l’apparence pour valoriser les tout-petits pour ce qu’ils sont.
  2. Favoriser le jeu actif, tant chez les filles que chez les garçons.
  3. Exposer les tout-petits à des modèles qui présentent des formats corporels diversifiés et des caractéristiques variées, à travers des livres et des jeux par exemple.
« Plus on s’informe, plus on comprend, plus on devient des modèles positifs pour nos tout-petits, conclut Andrée-Ann Dufour Bouchard. Parce que prendre soin de nous et être doux envers soi-même, c’est aussi prendre soin d’eux. »

 

Par Mélissa Khadra

 

Pour aller plus loin

Découvrir la boîte à outils Grossophobie et image corporelle : S’outiller pour mieux intervenir 

Consulter le site web et les ressources fournies par ÉquiLibre

(1) Découvrir la trousse d’outils gestionnaire – Petite enfance d’ÉquiLibre