Pourquoi le dépistage de la surdité chez les nouveau-nés est-il si important?
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Saviez-vous que la déficience auditive est le deuxième trouble le plus fréquent avec le trouble visuel chez les enfants de moins de 5 ans? Ou encore que plus de 90 % des enfants qui naissent avec une surdité sont nés de parents entendants, qui ne soupçonnent donc pas la présence d’un trouble?
Chaque année, de 4 à 6 bébés sur 1000 naissent avec une perte auditive. Le Programme québécois de dépistage de la surdité chez les nouveau-nés (PQDSN) vise à détecter précocement la surdité présente à la naissance puis à entreprendre les interventions thérapeutiques et de réadaptation nécessaires avant l’âge de 6 mois.
Le Programme québécois de dépistage de la surdité chez les nouveau-nés
Ce programme avait été annoncé en 2009 dans le cadre de la politique de périnatalité et avait été accueilli favorablement par le milieu de la santé et les familles. L’Assemblée nationale avait également adopté une motion unanime en faveur du déploiement complet du programme d’ici la fin de l’année 2021.
Même si l’implantation du programme progresse, actuellement près de la moitié des tout-petits ne sont pas dépistés à la naissance.
Parmi les provinces canadiennes, le Québec se classe ainsi loin derrière avec 54 % de bébés dépistés à la naissance (avril 2023). En comparaison, ce pourcentage s’élève à 97 % en Colombie-Britannique et à 94 % en Ontario.
Des iniquités régionales existent également au Québec pour le dépistage précoce de la surdité chez les nouveau-nés. Seuls 21 établissements offrent le programme. Il existe pourtant plus de 80 installations où des accouchements ont lieu au Québec. Certaines régions comme la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, le Saguenay et l’Outaouais, entre autres, ne sont pas desservies.
« Megane avait 1 an lorsque ses parents ont réalisé que quelque chose n’allait pas. Elle ne réagissait pas aux sons. Ils ont consulté cinq spécialistes, dont un médecin aux États-Unis. Aucun n’a pu identifier la cause. Inquiets que leur fille ne parle toujours pas à 3 ans, ils ont consulté à nouveau, cette fois dans un hôpital de Montréal. C’est à ce moment qu’on a découvert que Megane n’entendait que 30 % des sons. Elle avait un problème de surdité!
Le temps était compté pour rattraper l’important retard que Megane avait pris dans son développement. À 3 ans, il y avait urgence d’agir.
La famille a mis les bouchées doubles dès que le diagnostic est tombé. Se sont dès lors enchaînés les multiples rendez-vous chaque semaine en orthophonie, des exercices de stimulation à la maison, sans compter les dépenses pour payer les appareils auditifs.
Megane a travaillé fort. Aujourd’hui âgée de 11 ans, elle fréquente une école régulière, ses notes sont excellentes et elle est complètement bilingue. Malheureusement, les enfants atteints de surdité n’ont pas tous accès aux mêmes ressources, et leur succès varie. » - Extrait de la lettre ouverte de Jeanne Choquette, présidente d’Audition Québec
Un dépistage essentiel pour le développement des tout-petits
Pour les tout-petits ayant des besoins particuliers, une intervention rapide est essentielle. Le déploiement du Programme québécois de dépistage de la surdité chez les nouveau-nés peut contribuer à prévenir certains retards de langage, ainsi que d’autres retards au niveau social.
Par Flora Faullumel
Pour aller plus loin
En apprendre plus sur le dépistage néonatal de la surdité et suivre son déploiement au Québec sur le site de l’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs
Lire la lettre ouverte de Jeanne Choquette, présidente d’Audition Québec
Consultez le chapitre « Le dépistage des difficultés de développement » tiré de notre Portrait sur les politiques publiques
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