Le droit aux meilleurs soins de santé au Québec : où en sommes-nous?
Selon la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies, chaque tout-petit devrait avoir accès aux meilleurs soins de santé possible, afin de se développer à son plein potentiel. Est-ce le cas au Québec? À l’occasion de la Grande semaine des tout-petits, on fait le point sur la question.
Pourquoi ce droit est-il important?
L’accès à des soins de santé et à des services sociaux en temps opportun pour les jeunes enfants est crucial, car un accès inadéquat aux soins de santé est associé à plus de douleur, de complications et de détresse émotionnelle chez le tout-petit.
De plus, des interventions précoces de qualité peuvent influencer de façon significative la vie des enfants avec des difficultés de développement en prévenant l’apparition de difficultés plus importantes et en favorisant le développement et l’adaptation du tout-petit.
Ainsi, ne pas avoir accès aux services qui permettent d’agir tôt peut amplifier les difficultés en entraînant des conséquences sur le développement social et scolaire.
Où en sommes-nous au Québec quant à l’accès aux meilleurs soins de santé?
Les données les plus récentes dont nous disposons nous permettent de brosser un portrait partiel de la situation.
En 2022, 27,7% des enfants âgés de 0 à 5 ans ont consulté un dentiste pour un examen dans le cadre du programme de soins dentaires de la RAMQ1. Ce taux est plus bas que ceux de 2016 et 2006, qui étaient respectivement de 30,6% et 28,3%.
Au Québec, 85% des écoles offrant la formation préscolaire sont inscrites au programme École de la vue, un programme de dépistage des troubles de la vue lancé en 20192. Dans ces écoles, 75% des enfants sont dépistés en moyenne chaque année. De ce nombre, 45% n’avaient jamais consulté un optométriste et 35% ont été référés pour un examen plus approfondi.
En 2020-2021, 21,3% des jeunes enfants présentant un retard significatif de développement n’avaient pas bénéficié de services des programmes en déficience physique ou en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme dans les délais prescrits, une hausse de 1,3 point de pourcentage par rapport à 2019-20203. Le ministère de la Santé et des Services sociaux visait plutôt à réduire cette proportion à 14% en 2020-2021.
De plus en plus de données soutiennent le fait que les soins de santé et les services sociaux en petite enfance devraient être offerts selon les besoins des tout-petits et de leur famille, et non en fonction d’un diagnostic ou de difficultés documentées par une évaluation formelle. Cette approche centrée sur les besoins a montré des effets positifs pour les jeunes enfants ayant une suspicion de trouble du spectre de l’autisme, par exemple.
La petite enfance, l’affaire de tous
Il est possible d’agir afin d’améliorer l’accès aux soins de santé pour les tout-petits. Par exemple, une étude menée auprès d’éducatrices en CPE a montré qu’un service d’accompagnement par une ergothérapeute leur a permis d’être plus outillées pour dépister des enfants ayant besoin de soutien particulier et intervenir auprès d’eux. Ainsi, les enfants peuvent être plus rapidement dirigés vers les services appropriés.
Un rapport du comité-conseil Agir pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel propose des solutions pour réduire les barrières d’accès aux familles désavantagées, telles que : s’assurer que toutes les familles reçoivent les informations concernant les services, prévoir des interprètes ou du temps pour créer des liens de confiance, ou encore former les intervenants pour réduire les attitudes négatives envers les familles.
Les tout-petits dépendent totalement des adultes pour répondre à leurs besoins. Ils sont aussi particulièrement vulnérables aux conditions de vie dans lesquelles ils grandissent, étant à une étape clé de leur développement.
Puisque tous les droits fondamentaux des enfants sont interdépendants et d’égale importance, c’est la somme des politiques publiques, cohérentes entre elles, qui est la plus susceptible d’offrir à nos tout-petits des environnements respectueux de leurs droits et favorisant leur plein potentiel. Selon la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies (1989), les gouvernements ont la responsabilité de s’assurer que les droits des enfants sont respectés. Le Québec et le Canada en sont d’ailleurs signataires.
Alors que ces dernières années, l’inflation, les problèmes d’accès à un service de garde de qualité, la crise du logement ont exacerbé de nombreux problèmes sociétaux qui compromettent le bon développement des tout-petits et nuisent au respect de leurs droits, il est essentiel de s’engager à respecter les droits des tout-petits.Pour en apprendre plus sur les 3 autres droits fondamentaux documentés par l'Observatoire à l'occasion de la Grande semaine des tout-petits :
Consulter la présentation PowerPoint qui réunit les quatre droits
Par Geneviève Joseph
Notes et sources
1. Régie de l'assurance-maladie du Québec, Direction de l'analyse et de la gestion de l'information, Fichier des services rémunérés à l'acte 2022.
2. Ordre des optométristes du Québec (2023), Statistiques des 4 premières années du programme École de la vue.
3. Ministère de la Santé et des Services sociaux, Rapport annuel de gestion 2020-2021 et Rapport annuel de gestion 2019-2020.
Pour aller plus loin
Consulter le site web de la Grande semaine des tout-petits
Consulter le rapport thématique Tout-petits ayant besoin de soutien particulier : comment favoriser leur plein potentiel?
Consulter le Portrait des politiques publiques 2021 – Que faisons-nous au Québec pour nos tout-petits et leur famille?
Tout savoir sur l’accès aux soins de santé et aux services sociaux
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