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17 mars 2021

Pauvreté au Canada: encore place à l’amélioration

	Pauvreté au Canada: encore place à l’amélioration
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Le Conseil consultatif national sur la pauvreté a publié son premier rapport d’étape sur la situation de la pauvreté au Canada. Si celle-ci a reculé depuis 2011, beaucoup de travail reste à faire pour la sécurité alimentaire et l’accès au logement.

En 2018, 11% des Canadiens vivaient sous le seuil officiel de la pauvreté, alors qu’en 2015, cette proportion était de 14,5%. Le nombre de personnes vivant en situation de pauvreté a donc connu une baisse de 21,5%. C’est ce que révèle l’Enquête canadienne sur le revenu de Statistique Canada qui utilise la mesure du panier de consommation pour évaluer la pauvreté des ménages.

Pendant ce temps, le Québec affichait pour sa part un taux de pauvreté inférieur à la moyenne canadienne. Entre 2015 et 2018, il est passé de 13,7% à 9,7%, ce qui représente diminution de 29,2%.

En 2018, le Canada était donc en bonne voie d’atteindre les objectifs de la Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, c’est-à-dire diminuer la pauvreté de 20% d’ici 2020 et de 50 % d’ici 2030. Cependant, les données du rapport ne permettent pas de connaître les effets de la pandémie de COVID-19. «Nous savons toutefois que la pandémie a mis à jour des lacunes et des vulnérabilités dans notre filet de sécurité sociale, particulièrement dans le régime d’assurance-emploi», soulignent les auteurs.

Les enfants plus à risque

Parmi les 3,98 millions de Canadiens qui vivent sous le seuil de la pauvreté, on compte 748 000 enfants de moins de 18 ans.

«Les parents et les membres de famille nous ont dit que la garde d’enfants représentait un obstacle majeur à l’emploi, au logement et aux services du gouvernement», révèle le rapport qui contient des témoignages de familles en situation de pauvreté. Ils se retrouvent à devoir choisir entre acheter de la nourriture et des vêtements à leur famille, payer le loyer et offrir un environnement sécuritaire à leurs enfants.

Le taux de pauvreté est plus élevé dans les familles monoparentales (26,3%) que dans les familles biparentales (7,5%). Par ailleurs, l’écart entre la situation des femmes et celle des hommes est plus important si les enfants ont moins de 5 ans, les mères étant plus susceptibles alors de demeurer à la maison pour en prendre soin. «Les mères nous ont d’ailleurs dit ne pas oser demander de l’aide ou accéder à des services de peur de perdre leurs enfants si on venait à découvrir leurs difficultés», peut-on lire dans le rapport.

Les familles autochtones (19,4%) et les familles des nouveaux immigrants (21,1%) sont également plus nombreuses en proportion à vivre sous le seuil de la pauvreté.

Détérioration pour l’accès au logement et la sécurité alimentaire

Bien que la pauvreté ait diminué au Canada, certains aspects demeurent préoccupants. Par exemple, on observe une légère hausse du nombre de Canadiens qui occupent un logement inabordable, nécessitant des réparations majeures ou qui est inapproprié compte tenu de la taille et de la composition du ménage.

Selon le rapport, les problèmes de logement comprennent notamment le manque de logements abordables et adéquats ainsi que de longues listes d’attente pour les logements subventionnés. Plusieurs familles doivent ainsi vivre dans la même résidence ou craignent de perdre leur logement. La situation est particulièrement préoccupante parmi les familles monoparentales. En effet, 27% d’entre elles ont des besoins insatisfaits en matière de logement.

La situation de l’insécurité alimentaire est aussi légèrement en hausse. En 2018, 8,7% des ménages canadiens ne pouvaient acheter une variété suffisante d’aliments pour avoir un mode de vie sain.

«Il ressort également des consultations que l’insécurité alimentaire est un facteur de stress majeur et une part importante de la lutte constante pour la survie en situation de pauvreté», remarquent les auteurs du rapport. Entre autres difficultés mentionnées par les familles en situation d’insécurité alimentaire, on retrouve l’angoisse de ne pas savoir quand viendra le prochain repas, l’accès limité aux banques alimentaires, le sentiment de devoir justifier son besoin d’aide et la nourriture qui n’est pas adaptée à la culture ou aux restrictions alimentaires.

Des recommandations

Le Conseil consultatif national sur la pauvreté recommande donc de poursuivre la mise en oeuvre de la stratégie canadienne actuelle, mais en investissant davantage dans certains secteurs comme l’insécurité alimentaire et le logement.

Par ailleurs, le Conseil déplore le manque de données concernant les groupes marginalisés (les Autochtones, les personnes racialisées et les membres de la communauté LGBTQ2S) et suggère la production d’enquêtes plus inclusives afin de récolter davantage d’informations sur leur situation.

Pour aller plus loin

Pour mieux comprendre : le premier rapport du Conseil consultatif national sur la pauvreté

Par Kathleen Couillard