L'Observatoire des tout-petits dévoile le tout premier Portrait québécois sur les politiques publiques
L'Observatoire des tout-petits vient de dévoiler le tout premier Portrait québécois sur les politiques publiques pouvant contribuer à améliorer les conditions de vie des familles et le développement des tout-petits. Cet ouvrage de référence a pu être réalisé grâce à la mobilisation et l’engagement exceptionnel de plus d’une soixantaine d’experts et d’acteurs terrain qui ont accepté de participer à l’aventure, qui s’est échelonnée sur deux ans.
En plus de dresser un état de situation des principales politiques publiques municipales, provinciales et fédérales dont bénéficient les tout-petits et leur famille au Québec, ce Portrait recense des informations clés sur leur efficacité ainsi que des exemples d’initiatives d’ici ou d’ailleurs qui peuvent devenir des sources d’inspiration pour améliorer nos politiques.
Le Portrait en un coup d’œil
Le Portrait des politiques publiques 2021 présente 14 thématiques sélectionnées par un comité conseil formé d'experts du secteur de la petite enfance:
- L'accès aux services périnataux (p.37)
- Le dépistage des difficultés de développement (p. 51)
- L'accès à un suivi médical (p.61)
- L'utilisation des services de soins dentaires (p. 71)
- L'accès à des services éducatifs à l'enfance de qualité (p. 89)
- La sécurité alimentaire des tout-petits (p. 103)
- L'accès à un logement abordable et adéquat (p. 113)
- Le revenu des familles (p. 125)
- La conciliation famille-travail-études (p. 137)
- Le soutien aux organismes communautaires qui oeuvrent auprès des familles (p. 149)
Le rôle des municipalités dans la vie des tout-petits est aussi abordé tout au long du Portrait, mais aussi de façon plus spécifique dans ces 3 chapitres:
- La contribution des politiques familiales municipales au développement des tout-petits (p. 171)
- Les espaces publics extérieurs propices aux jeux (p. 181)
- L'accès des tout-petits et de leur famille au transport collectif (p. 193)
Pour chacun des thèmes, les questions suivantes sont posées:
- Quel est l'état de la situation au Québec?
- Quel est le lien entre le thème abordé et le développement des tout-petits?
- Quelles sont les principales politiques publiques en place au Québec sur le sujet?
- À quel point ces politiques publiques sont-elles efficaces?
- Comment pourrions-nous faire mieux?
Lorsque la documentation le permettait, des encadrés ont également été consacrés aux réalités et aux politiques propres aux tout-petits issus de l’immigration au Québec et aux tout-petits ayant des besoins particuliers.
Des encadrés ont également été prévus pour tenir compte, lorsque les données nous le permettaient, du contexte de pandémie dans lequel nous sommes plongés depuis un an.
La réalité des tout-petits des Premiers Peuples au Québec
Une section du Portrait est aussi entièrement consacrée la réalité des tout-petits des Premiers Peuples. Elle se penche d’abord sur la réalité de deux groupes spécifiques: les tout-petits des premières Nations qui vivent dans leur communauté et les tout-petits autochtones qui vivent en milieu urbain. Cette section aborde ensuite les grandes politiques publiques en place, communes à l’ensemble des enfants des Premiers Peuples.
Quelques constats
1. Une politique publique seule ne suffit pas
Le Portrait met aussi en lumière l'importance de la collaboration entre les différents paliers gouvernementaux, de même que l'implication d'autres acteurs que les décideurs politiques, comme les employeurs, les organisations communautaires et les organisations à but non lucratif. De plus, les politiques publiques prises individuellement ne peuvent suffire. C’est la somme des politiques, cohérentes entre elles et actualisées dans une vision intégrée tenant compte du continuum de développement de l’enfant, qui est la plus susceptible d’assurer l’égalité des chances aux tout-petits du Québec. Par exemple, pour favoriser le développement moteur des tout-petits et encourager l’activité physique, plusieurs approches peuvent être nécessaires.
2. Des gains pour les tout-petits et leur famille
Des études démontrent bien comment les politiques mises en œuvre au Québec ont eu des répercussions tangibles sur les conditions de vie des familles et des tout-petits.
Par exemple:
- Au milieu des années 1990, seulement 20 % des enfants de 0 à 4 ans avaient accès à une place subventionnée dans un service de garde éducatif à l’enfance. En 2019, c’était le cas pour 60,5 % des enfants;
- En 1995, alors que le congé de paternité n'existait pas encore, 4,2 % des pères utilisaient une portion du congé parental. En 2017, c'est 80 % des pères qui utilisent le congé parental;
- La proportion d'enfants québécois de 0 à 5 ans vivant dans une famille de faible revenu est passé de 20,9 % en 2004 à 13,1 % en 2017
3. Des défis demeurent
Le Portrait permet aussi de constater que des défis demeurent, notamment en ce qui a trait à la mise en œuvre de certaines politiques publiques. Par exemple, certains programmes ne tiennent pas suffisamment compte des barrières d’accès qui empêchent des familles vulnérables de bénéficier des services qui ont pourtant été déployés pour elles. Les barrières d’accès aux services seraient particulièrement importantes chez les familles vivant de la pauvreté, les familles des communautés autochtones, les parents d’enfants à besoins particuliers et les enfants issus de l’immigration.
Il ressort également de ce Portrait que nous disposons de peu de connaissances scientifiques concernant la mise en œuvre des politiques publiques et leurs impacts sur le développement des tout-petits. Pourtant, il est essentiel de pouvoir compter sur de telles connaissances pour permettre à la société québécoise de prioriser les politiques les plus efficaces et d’optimiser la mise en œuvre de celles-ci.
4. Des inégalités persistent
De manière générale, le Portrait révèle que malgré les nombreuses politiques publiques en place au Québec, des inégalités persistent. Parmi celles-ci :
- 1 famille sur 10 avec au moins un tout-petit vit encore de l’insécurité alimentaire,
- 13,6 % des familles habitent dans un logement non abordable et 12 % habitent dans un logement de taille insuffisante.
- Parmi les 597 484 personnes qui figuraient en 2019 sur la liste d’attente du guichet d’accès aux médecins de famille, 185 237 étaient considérées comme vulnérables, une catégorie qui inclut les femmes enceintes et les enfants de 0 à 2 ans
L’importance d’investir pour favoriser le bien-être et le développement des tout-petits
Selon un récent sondage Léger réalisé à l’été 2020, 90 % des Québécois jugent qu’il est important que les gouvernements investissent davantage pour favoriser le bien-être et le développement des tout-petits.
Par Elise Tardif-Turcotte
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