Observatoire des tout-petits

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16 août 2021

Conciliation famille-travail-études : l’importance de l’accès aux services de garde éducatifs

Conciliation famille-travail-études : l’importance de l’accès aux services de garde éducatifs
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Il y a quelques mois, Myriam Lapointe-Gagnon, une jeune mère de famille, lançait le mouvement « Ma place au travail » en réponse à la pénurie de places en garderie au Québec, empêchant certains parents de retourner travailler. Une pétition lancée pour dénoncer le problème avait d’ailleurs recueilli 18 500 signatures en juin dernier et visait notamment à faire reconnaître l’urgence de la situation.

Une situation qui n’est pas nouvelle

Bien que le Québec fasse bonne figure en matière de services éducatifs subventionnés à l’échelle canadienne, le problème d’accès qui existe à l’heure actuelle n’est pas nouveau.

Notre récent Portrait des politiques publiques indique qu’en 2016-2017, 62,6 % des enfants de 0 à 4 ans se trouvaient dans des services de garde éducatifs pour lesquels un soutien financier gouvernemental était accordé, soit par l’octroi de subventions aux services ou d’un crédit d’impôt aux parents. C’est donc dire que 37,4 % des tout-petits de cette tranche d’âge ne fréquentaient pas un service éducatif subventionné.

Nous savons également que les tout-petits n’ont pas tous accès à un service éducatif dès les premières années de vie, à commencer par ceux qui grandissent dans des quartiers plus défavorisés, qui sont moins bien desservis. Les enfants qui ont un handicap ou une incapacité ont aussi plus difficilement accès à un service éducatif de qualité, notamment en raison de l’environnement physique parfois inapproprié pour accueillir un enfant ayant une déficience ou un handicap. C’est ce que rapporte le portrait de l’Observatoire des tout-petits sur les politiques publiques en lien avec la petite enfance et la famille.

Des effets sur la participation au travail des femmes

Plusieurs études ont démontré que le programme québécois des services de garde à contribution réduite avait eu des retombées positives importantes sur la participation au travail des mères. La participation des femmes au marché du travail a effectivement considérablement augmenté au cours des 20 dernières années, grâce entre autres à la mise en œuvre des services de garde éducatifs à contribution réduite. Le taux d’activité professionnelle des mères de 25 à 54 ans dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans a en effet augmenté de 1998 à 2018 (familles biparentales et monoparentales), passant de 68,4 % en 1998 à 80,6 % en 2018.

En janvier, le magazine URBA de l’Union des Municipalités du Québec (UMQ) consacrait un dossier aux impacts de la pandémie et du manque de services de garde sur l’accès au travail des femmes. Citant une étude publiée en 2012 par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, l’article précise qu’en 2008 soit « 11 ans après la création du réseau, les places à contribution réduite ont incité près de 70 000 mères de plus à détenir un emploi qu’en l’absence d’un tel programme ». L’article souligne également que la pandémie semble menacer ces acquis. En effet, davantage de « Canadiennes que de Canadiens ont quitté le marché du travail parce qu’elles devaient prendre soin de leurs enfants à la maison en raison d’absence d’alternatives adéquates, notamment des services de garde accessibles et à coût abordable. » Impliquant ainsi des conséquences sur leur autonomie financière ou leur développement professionnel par exemple, l’article conclut que « le manque de places en services de garde devient donc un enjeu d’égalité extrêmement important pour les femmes. » 

Ne pas oublier la qualité des services

Alors que Québec bénéficiera d’un transfert fédéral allant jusqu’à 6 milliards en 5 ans pour renforcer son réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, le gouvernement s’est notamment engagé à développer 37 000 places supplémentaires. Le Portrait de l’Observatoire des tout-petits sur les politiques publiques souligne toutefois que le développement de places ne suffit pas à lui seul. La qualité des services éducatifs offerts aux tout-petits est un facteur à considérer lorsqu’il est question du développement des tout-petits. L’Observatoire est d’ailleurs intervenu en ce sens à l’occasion des audiences publiques sur les services de garde éducatifs menées par le ministère de la Famille au mois de juin.  

Pour prendre connaissance des préoccupations de l’Observatoire 

Des services de qualité peuvent avoir une influence sur plusieurs sphères du développement de l’enfant et peuvent présenter des bénéfices à long terme. Ils peuvent aussi faire en sorte que les enfants de familles à faible revenu soient moins susceptibles d’être vulnérables sur le plan de leur développement.

Comment pourrions-nous faire mieux?

En plus de développer des places dans des services éducatifs, certaines actions peuvent être posées pour améliorer l’accès aux services et la qualité de ces services.

À titre d’exemple, tiré de notre Portrait des politiques publiques, soutenir le travail et l’offre de services complémentaires des organismes communautaires qui offrent des activités de haltes-garderies (centres de femmes, organismes en immigration), des organismes communautaires Famille et des centres d’amitié autochtones est une mesure efficace pour aider les parents de tout-petits qui ont plus difficilement accès aux services éducatifs à l’enfance, notamment les nouveaux arrivants.

Par ailleurs, la recherche souligne l’importance de la formation du personnel pour améliorer la qualité des services éducatifs :

  • Les intervenants avec un niveau élevé de formation initiale offrent de meilleurs soins personnels aux enfants, sont plus sensibles à leurs besoins et interagissent davantage avec eux ;
  • Une formation spécialisée en petite enfance permet au personnel éducatif d’offrir un environnement adapté et stimulant aux enfants (le DEC Techniques d’éducation à l’enfance constitue la base d’une formation adéquate) ;
  • Participer à des activités de formation continue basées sur les meilleures pratiques serait associé à une offre de services éducatifs de plus grande qualité.

 

Pour aller plus loin

Consulter le dossier intitulé L'accès des femmes au travail : pandémie et manque de places en services de garde, publié en janvier dernier dans le magazine URBA de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) 

Lire notre dossier sur la qualité des services éducatifs au Québec

 

Par Mathieu Bégin