Les tout-petits de familles migrantes nés au Québec auront accès aux soins de santé gratuitement
Le gouvernement du Québec vient d’annoncer son intention d’élargir la couverture médicale aux enfants nés au Québec de parents ayant un statut d’immigration précaire. Malgré l’existence d’un système public universel de soins de santé, des enfants habitant au Québec, dont plusieurs sont nés ici, n’ont pas accès à des soins couverts par l’assurance maladie en raison de leur statut d’immigration ou de celui de leurs parents. C’est le constat préoccupant que dresse notre dossier publié en 2019 sur l'accès aux soins de santé pour les familles migrantes.
Nous ne disposons pas de données sur le nombre de familles touchées par cette situation à travers le Québec. À titre indicatif, en 2017-2018, 56 nouveaux enfants sans carte soleil se sont présentés à la clinique destinée aux migrants à statut précaire de Médecins du Monde. Parmi eux, 25 étaient nés au Québec. Leur situation est toutefois peu connue du grand public. Selon un sondage Léger réalisé pour le compte de l’Observatoire, 70 % des Québécois croient que tous les enfants habitant au Québec ont accès gratuitement à des soins de santé, peu importe leur statut d’immigration ou celui de leurs parents. Ce n’est pourtant pas le cas.
L’importance d’un accès rapide aux soins de santé pour les enfants migrants
Comme le démontrent de nombreuses études, la petite enfance constitue une période clé du développement.
De plus, il est important de se préoccuper de l’accès aux soins de santé pour la mère pendant la grossesse puisque cette période est déterminante pour le développement de l’enfant.
Faciliter l’accès aux soins de santé pour ces enfants représente aussi un investissement pour toute notre société, puisque cela permet d’éviter de nombreuses complications qui peuvent être complexes à traiter, et donc coûteuses pour le système de santé. En effet, la majorité de ces enfants sont ici pour de bon et seront éventuellement couverts par l’assurance maladie. Selon une étude réalisée en Californie, le fait de ne pas subventionner les suivis prénataux des femmes migrantes à statut précaire se traduirait par une augmentation de la prématurité et des naissances de faible poids, ce qui entraînerait des dépenses en soins de santé sept fois plus importantes que les sommes épargnées au départ.
Diminuer la vulnérabilité des familles migrantes
Les immigrants avec un statut précaire sont un groupe particulièrement vulnérable. Des recherches ont en effet démontré que ces familles vivent généralement dans des conditions de vie plus défavorables : logements parfois insalubres, revenus faibles, conditions de travail difficiles.
Deux enquêtes réalisées auprès de familles migrantes habitant dans la région de Montréal révèlent d’ailleurs une réalité difficile. En effet, 48 % de ces familles déclaraient pouvoir subvenir seulement un peu ou pas du tout aux besoins de base de leur famille et 66 % ont dû renoncer à des soins de santé. Parmi les femmes enceintes rencontrées dans le cadre de ces enquêtes, une sur 5 déclarait avoir déjà manqué de nourriture depuis son arrivée au Québec et 75 % avaient ressenti le besoin d’obtenir des soins de santé sans pouvoir les recevoir.
Outre l’intention d’élargir la couverture médicale aux enfants nés au Québec de parents ayant un statut d’immigration précaire annoncée hier par le gouvernement, des interventions préventives visant d’autres déterminants de la santé peuvent aussi avoir une influence positive sur la vie de ces enfants. Par exemple, faciliter l’intégration socioprofessionnelle et sociale de tous les immigrants, favoriser l’intégration des enfants dans les services de garde éducatifs et réduire l’insécurité alimentaire constituent des pistes de solutions.
Pour aller plus loin
Pour consulter notre dossier sur l'accès aux soins de santé pour les femmes enceintes et les tout-petits de familles migrantes
Pour avoir plus de détails sur l'annonce faite par le gouvernement du Québec le 23 juillet 2019
Par Elise Tardif-Turcotte
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