Formation des éducatrices et éducateurs à la petite enfance Pourquoi se contenter de si peu?
Dans la foulée de la parution de notre plus récent dossier sur la qualité des services éducatifs à la petite enfance, l'Association des enseignantes et enseignants et Techniques d’éducation à l’enfance (AEETÉE) et l’Association québécoise des éducatrices et éducateurs de la petite enfance ont fait paraître dans les médias une lettre d'opinion. La voici.
Le Québec a encore beaucoup à faire au niveau de la qualité des services de garde offerts. C’est ce que nous apprenait le dossier sur la qualité des services éducatifs publié cette semaine par l’Observatoire des tout-petits.
Comment peut-on garantir que tous les enfants d’âge préscolaire aient accès à des milieux de garde de qualité? En s’assurant d’abord que l’ensemble des éducatrices détiennent une formation collégiale de haut niveau, leur permettant notamment des développer des compétences clés pour assurer la qualité.
La qualité des interactions entre le personnel éducateur et l’enfant, de même que les activités, les lieux et les interactions avec les parents sont des aspects avec lesquels l’éducatrice ou l’éducateur travaille quotidiennement. Il est donc primordial que les éducatrices et éducateurs aient une formation adéquate pour en assumer la responsabilité.
Par exemple, une éducatrice doit être en mesure d’analyser le contexte de vie familiale et sociale de l’enfant pour lui permettre de bien comprendre sa réalité et d’en déterminer les effets sur son comportement. Ainsi, elle adaptera ses interventions à ses besoins. L’enfant se sentira donc compris, développera un lien de confiance avec son éducatrice et la relation parents-éducatrice sera renforcée.
Aussi, selon les pistes de solution recensées par l’Observatoire des tout-petits, l’amélioration des conditions de travail (salaire plus élevé, plus de temps de planification, bonne relation avec les supérieurs) de même que la formation du personnel constitueraient des leviers permettant l’amélioration de la qualité.
À l’heure actuelle, selon la loi, deux tiers du personnel de garde se doivent d’être formés. On ne s’improvise pas éducatrice ou éducateur. L’exigence d’avoir deux personnes sur trois formées dans les milieux éducatifs est beaucoup trop faible. Pourrait-on se limiter à ce faible pourcentage de personnel formé dans d’autres domaines ? Pourquoi en est-il ainsi pour nos enfants ?
En plus de la formation du personnel, plusieurs autres solutions permettraient d’augmenter la qualité des services éducatifs. Par exemple, pour assurer un service de qualité dans tous les milieux de garde - spécialement en milieu familial - et pour soutenir l’intégration des enfants à besoins particuliers, il est primordial que les conseillères pédagogiques soient présentes. De plus, tous les services de garde non subventionnés et non régis devraient obligatoirement être rattachés à un bureau coordonnateur afin d’assurer le respect de la réglementation en lien, entre autres, avec la formation du personnel éducateur et de leur permettre d’avoir l’accompagnement nécessaire.
Finalement, rappelons que tous les enfants, incluant ceux de 4 ans, de milieux favorisés ou défavorisés, bénéficieraient des services offerts dans les CPE (installations et bureaux coordonnateurs), ces derniers ayant un personnel spécialisé en petite enfance, appliquant un programme éducatif qui s’éloigne de la scolarisation précoce, offrant des lieux physiques créés et adaptés aux besoins des tout-petits et accordant une place décisionnelle primordiale aux parents (ex. : conseil d’administration).
Les éducatrices et éducateurs jouent un rôle crucial dans le développement des tout-petits, mais également dans la qualité des services éducatifs. Valoriser la profession et offrir des conditions d’exercices avantageuses permettraient de retenir les éducatrices et éducateurs déjà en poste et susciteraient plus d'intérêt chez les jeunes à choisir ce domaine.
Marc Boucher
Président de l'Association des enseignantes et enseignants et Techniques d’éducation à l’enfance (AEETÉE)
Catherine Gallien
Présidente de l’Association québécoise des éducatrices et éducateurs de la petite enfance (AQÉÉPE)
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