Les familles ont besoin de logements abordables
Jean-Pierre Racette, directeur général de la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal (SHAPEM), plaide pour que les gouvernements et les municipalités travaillent plus et mieux, ensemble, pour que les familles aient accès à un logement digne et abordable.
- Lettre d'opinion -
Les familles ont besoin de logements abordables
Comme à chaque année à l'approche du 31 mars, des centaines de milliers de familles du Québec reçoivent un avis d'augmentation de loyer et de renouvellement de bail. Plusieurs verront cet avis comme un stress supplémentaire à gérer. Au Québec, c'est d'ailleurs une famille sur cinq ayant un enfant âgé de 0 à 5 ans qui occupe un logement jugé non abordable.
Un logement est bien plus qu'un toit. En effet, une habitation de qualité à prix abordable constitue un élément déterminant pour la santé, la qualité de vie et la condition économique des tout-petits et de leurs familles. L'habitation est ancrée dans un territoire. Elle permet une identification, une appartenance et favorise la construction de communautés dynamiques, solidaires et inclusives. Ces lieux font partie intégrante de la vie de nos enfants, qui y font leurs premiers apprentissages, rencontrent l'autre et apprennent à vivre ensemble.
À Montréal, de très nombreuses familles consacrent souvent plus de 50% de leurs revenus au paiement du loyer. Il est pourtant reconnu qu'un logement est jugé abordable lorsqu'il représente une charge de 30% et moins du revenu. Pour une partie des ménages les plus défavorisés, cette charge peut atteindre 80% du revenu mensuel.
Certaines familles avec de jeunes enfants se voient donc dans l'obligation de diminuer d'autres dépenses essentielles comme une saine alimentation ou encore d'opter pour un logement plus petit ou insalubre, ce qui entraînera des impacts sur la qualité de vie des familles, particulièrement sur les tout-petits. Selon le portrait annuel lancé par l'Observatoire des tout-petits, les enfants d'âge préscolaire vivant dans des logements inadéquats seraient plus à risque de développer des retards de développement cognitif, langagier et socioaffectif au cours de leur vie.
Au Québec, différentes mesures fiscales ou incitatives ont été développées dans le but d'atténuer ce stress financier. Cependant, le programme d'allocation logement, qui permet aux ménages avec enfant d'accéder à une aide pour le paiement du loyer, se limite à 80$ par mois. Un montant bien insuffisant quand on sait qu'un logement de trois chambres à coucher coûte en moyenne 980$ sur l'île de Montréal. La Ville de Montréal a également adopté une Politique familiale et offre différentes mesures pour aider à l'accès à la propriété, la construction ou la rénovation des logements pour famille. Malgré tout, la demande dépasse largement l'offre et des milliers de familles n'ont toujours pas accès à un logement adéquat à un prix qui correspond à leur capacité de payer.
Alors comment peut-on assurer à ces milliers de familles, et de tout-petits, l'accès à un logement digne et abordable? Il faut encourager les acteurs influents du milieu (notamment les gouvernements provincial et fédéral) à travailler plus et mieux ensemble afin de mettre en œuvre et soutenir davantage d'initiatives facilitant l'accès au logement. Cela doit devenir une priorité pour les municipalités et l'affaire de tous! Développons davantage de coopératives, d'OBNL d'habitation ainsi que de nouvelles unités de logement abordable pour les familles, en ciblant particulièrement les secteurs où les conditions de pauvreté sont les plus graves.
Finançons davantage de projets de logements sociaux et communautaires. Relevons collectivement ce défi énorme qui permettra d'améliorer l'accès au logement et donc le bien-être des familles et de nos tout-petits québécois!
* Cette lettre a été publiée dans le Huffington Post et l'édition papier du Journal Métro du 31 mars.
À propos de Jean-Pierre Racette
Directeur général de la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal (SHAPEM) depuis sa fondation, en 1988, monsieur Racette est membre, ou a été membre, de plusieurs conseils d’administration d’organisations, et de plusieurs comités, engagés dans le domaine de l’habitation et du développement économique local dans une perspective de mixité sociale, de lutte à la pauvreté et de lutte à l’exclusion sociale. Détenteur d’un diplôme en économique de l’Université de Sherbrooke, son mémoire de maîtrise portait sur « L’habitation en milieu défavorisé. Le cas de Montréal, 1963 à 1986. »
Par ailleurs, actuellement la SHAPEM est responsable d’un parc immobilier, en propriété ou en gestion, de 1 642 logements localisés dans 7 arrondissements de Montréal. Finalement, pour réaliser sa vision de construire des communautés solidaires et inclusives, la SHAPEM est associée à une trentaine de partenaires sociaux ou communautaires qui bonifient son action.
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