Bilan 2020 des DPJ : des données toujours préoccupantes
Les directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ) ont présenté le 23 septembre dernier l'édition 2020 de leur bilan annuel. Sous le thème Plus forts ensemble, les auteurs du rapport reviennent sur les événements marquants de la dernière année : le décès de la fillette de Granby, la mise sur pied de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse et la pandémie de Covid-19 et ses effets sur les enfants vulnérables.
Des données toujours préoccupantes
Les DPJ ont traité 118 316 signalements d’enfants âgés de 0 à 17 ans, soit en moyenne 324 cas par jour. Cela représente une augmentation de 12% par rapport à l’année précédente (ou 35 cas de plus quotidiennement) et une hausse cumulée de 34,8% depuis 2015-2016.
Les auteurs notent que pour les mois d’avril, mai et juin, les signalements ont chuté de 20,5% par rapport à la même période l’an passé. Le confinement, et donc l’absence du filet social et l'isolement des enfants les plus vulnérables, expliquerait cette forte baisse : 34,1% des signalements traités par les DPJ proviennent des employés de différents organismes, 20,6% du milieu scolaire, 15% du milieu familial et 9,1% de la communauté (le reste, soit 21,2%, vient de la police). Les milieux scolaires et communautaires ayant été fermés pendant le confinement, il est normal d'observer une baisse importante des signalements pendant cette période, selon les auteurs.
« La responsabilité de la protection des enfants est avant tout collective. Chacun a le devoir de contribuer à cet effort pour assurer à chaque enfant la possibilité d’évoluer dans un environnement sain, propice à sa sécurité et à son développement ».
- Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, par voie de communiqué
Les tout-petits aussi touchés
Voici les faits saillants qui touchent les enfants âgés de 0 à 5 ans :- 30% de l’ensemble des signalements traités par les DPJ concernent les tout-petits (soit 34 941);
- De ce nombre, 40% ont été retenus (14 179), ce qui représentent 33% des signalements totaux retenus;
- Le nombre de cas signalés est en hausse de 10% et le nombre de signalements retenus est aussi en augmentation, soit de 5%, comparativement à l’an passé.
- Négligence (3 262 cas soit 23%);
- Risque sérieux de négligence (2 917 cas soit 21%);
- Abus physique (2 904 cas soit 20%);
- Mauvais traitements psychologiques (2 617 cas soit 18%);
- Risque sérieux d’abus physique (1 390 cas soit 10%)
En tout, 37 446 enfants de 0 à 17 ans ont été pris en charge par les DPJ cette année, une augmentation de 4% par rapport à l’année précédente. De ce nombre, 8 669 sont des enfants 0-5 ans (soit 23% de tous les enfants pris en charge); c’est 5% de plus qu’en 2019. À noter que 64% des enfants accompagnés par les DPJ sont âgés de 12 ans et moins; ce chiffre est sensiblement le même que l’an dernier.
Les raisons principales des prises en charge de 0 à 5 ans par les DPJ sont :
- Risque sérieux de négligence (3 195 cas soit 36,9%);
- Négligence (2 279 cas soir 26,3%);
- Mauvais traitements psychologiques (1 857 cas soit 21,4%);
- Risque sérieux d’abus physique (534 cas soit 6,1%)
- Abus physique (511 cas soit 5,9%)
* Les données du rapport en ligne ont été révisées et seront corrigées prochainement
Des leviers pour agir
Lorsqu’il a pris connaissance du bilan, le ministre délégué Lionel Carmant a rappelé que le gouvernement s’est engagé, en juillet 2019, à investir 47 millions pour réduire les listes d’attente aux directions de la protection de la jeunesse, ainsi qu’un montant de 18 millions pour renforcer le mentorat et le soutien clinique.
Par ailleurs, un autre rapport est très attendu : celui de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, présidée par Régine Laurent et mise en place à la suite de la mort tragique de la fillette de Granby en avril 2019. Le 18 décembre 2019 dernier, les commissaires émettaient ses premières recommandations, toutes axées sur la prévention et au soutien des familles vulnérables. Le dépôt du rapport final est prévu plus tard le 30 novembre 2020.
Par Maude Goyer