Observatoire des tout-petits

Communiqué
16 novembre 2021

Comment se portent les tout-petits et quel est l’impact de la pandémie dans leur vie?

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	Comment se portent les tout-petits et quel est l’impact de la pandémie dans leur vie?

Montréal, 16 novembre 2021 – L’Observatoire des tout-petits a diffusé ce matin, dans le cadre de la Grande semaine des tout-petits, son plus récent Portrait, intitulé Comment se portent les tout-petits au Québec?. Ce rapport présente les données les plus récentes dont nous disposons sur les conditions dans lesquelles les tout-petits viennent au monde, leur état de santé physique et mental et leur développement. Le Portrait comprend également une recension des plus récentes études sur les effets de la pandémie sur les tout-petits et leur famille.

« La pandémie a eu de nombreuses répercussions sur les conditions de vie des tout-petits et de leur famille, tout particulièrement chez celles qui étaient déjà en situation de vulnérabilité avant la crise. Plus que jamais, il est essentiel de mettre en place des mesures cohérentes entre elles qui permettront de réduire les inégalités sociales et de donner à chaque enfant la chance de développer son plein potentiel. Les choix que nous ferons comme société au cours des prochaines années seront déterminants, d’où l’importance de bien documenter les enjeux.», souligne Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.

Le Portrait de l’Observatoire des tout-petits permet d’évaluer comment la santé et le développement des enfants âgés de 0 à 5 ans au Québec ont évolué depuis la parution du Portrait sur le même thème en 2017, et plus largement au cours des dix dernières années. Il met de l’avant de bonnes nouvelles ainsi que des éléments à surveiller, dont plusieurs ont été exacerbés par la pandémie. On peut penser par exemple aux effets qu’a eu la pandémie sur la détérioration de la qualité de l’alimentation et sur le temps passé devant les écrans, sur la situation financière des familles, sur la santé mentale des tout-petits et de leurs parents ou encore sur la violence conjugale. Certains de ces effets sont plus importants chez les enfants vivant dans des milieux défavorisés.

Grossesse et naissance : plusieurs bonnes nouvelles mais des aspects inquiétants

Le Portrait révèle plusieurs bonnes nouvelles quant à l’état de santé dans lequel les tout-petits viennent au monde. Par exemple, le taux de décès à la naissance au Québec (7 décès pour 1000 naissances) est bien inférieur à la cible fixée par l’OMS (10 pour 1000). De plus, des études menées au cours de la dernière année indiquent que le virus de la COVID-19 affecte peu les nouveau-nés et que le risque de transmission du virus de la femme enceinte vers le nouveau-né est faible, soit entre 1,5 % et 5 %.

Le Portrait nous révèle toutefois que des éléments entourant la période de la grossesse et la naissance des tout-petits demeurent préoccupants. Le taux d’accouchement par césarienne a augmenté de façon progressive de 2002 à 2018, passant de 20,9 % à 25,5 % , un taux supérieur au taux idéal recommandé par l’OMS qui se situe entre 10 et 15 %. De plus, plusieurs mères cessent l’allaitement dans les premiers mois, ce qui peut indiquer la présence d'obstacles à l'allaitement. L’OMS recommande de nourrir les bébés exclusivement avec du lait maternel durant les six premiers mois de leur vie. Un autre aspect préoccupant concerne la violence faite aux femmes lors de la période périnatale. Selon les dernières données disponibles (2018), donc datant d’avant la pandémie, 10,9 % des mères d’enfants de 6 mois à 5 ans avaient été victimes de violence conjugale durant la période périnatale de leur enfant. Or, nous savons qu’une augmentation substantielle de la violence conjugale a été observée pendant la pandémie de COVID-19 dans plusieurs pays, ainsi qu’au Québec.

La santé physique des tout-petits : les habitudes de vie sont à surveiller

Le Portrait révèle également de bonnes nouvelles sur le plan de la santé physique des enfants. Par exemple, en 2019, presque tous les enfants de 1 an (97 %) avaient reçu tous les vaccins recommandés pour la première année de vie, une augmentation significative comparativement à la proportion observée en 2006. De plus, selon les données recensées au cours de la dernière année, le risque d’être hospitalisé en raison de la COVID-19 est très faible chez les enfants et aucun décès en raison de la COVID-19 n’a été recensé au Québec chez les enfants de 0 à 5 ans.

Certaines données concernant la santé physique des tout-petits sont toutefois à surveiller. Selon les données les plus récentes dont nous disposons, 40 % des enfants âgés de 3 à 5 ans ne respectaient pas les directives en matière d’activité physique et un peu plus de la moitié (52 %) ne respectaient pas les directives en matière de temps consacré aux écrans (source : période de 2016-2019). Or, les études réalisées à ce jour indiquent que la crise sanitaire est associée à une diminution importante de la pratique d’activité physique chez les enfants de tous âges ainsi qu’à une augmentation des activités sédentaires (temps assis, temps écran).

De plus, les pertes d’emploi occasionnées par la pandémie ont fragilisé l’équilibre financier de nombreuses familles qui ont dû se tourner vers les banques alimentaires. Des études ont également observé une détérioration de la qualité de l’alimentation chez les enfants, tout particulièrement dans les ménages à faible revenu alors que certains changements favorables ont été observés au sein des familles mieux nanties, comme le temps moyen passé à cuisiner à la maison. Enfin, en 2020, moins du quart des enfants âgés de 0 à 5 ans ont consulté un dentiste pour un examen dans le cadre du programme de soins dentaires de la RAMQ (24,2 %) alors que cette proportion s’élevait à 30,6 % en 2016.

Conséquences de la pandémie sur la santé mentale des tout-petits

La santé mentale des tout-petits est à surveiller. En 2019-2020, 1 696 enfants de 1 à 5 ans avaient reçu un diagnostic de troubles anxiodépressifs, dont les principaux sont la phobie sociale, l’anxiété de séparation, l’anxiété généralisée et la dépression. Les enfants sont parmi ceux dont la santé mentale s’est le plus détériorée durant la pandémie de COVID-19. En effet, on observe depuis le début de la pandémie, selon des études réalisées dans plusieurs pays, une augmentation des symptômes anxieux et dépressifs chez les enfants, une augmentation des troubles de comportements, une diminution des capacités d’attention ainsi qu’une diminution de la quantité et de la qualité du sommeil. L’accumulation des sources de stress au sein des familles pourrait avoir contribué à une augmentation du risque de problèmes de santé mentale chez les enfants durant la pandémie, notamment les stress financiers liés à la pandémie, les problèmes d’accès aux ressources en santé mentale – tant pour les enfants que leurs parents – ainsi que l’isolement social des familles.

Développement : des tout-petits qui ont besoin de soutien

Enfin, le Portrait traite également du développement des enfants lors de leur entrée à la maternelle. Selon les dernières données disponibles (2017), un peu plus de 1 enfant de maternelle sur 4 (27,7 %) est vulnérable dans au moins un domaine de développement. De plus, la proportion d’enfants vulnérables dans au moins un domaine de développement est plus forte chez les enfants dont le ménage est considéré comme étant à faible revenu (41 %), comparativement aux enfants résidant dans des ménages qui ne sont pas à faible revenu (23 %).

Le Portrait rappelle aussi le nombre non négligeable d’enfants qui ont des besoins particuliers au Québec. En 2016-2017, 4 888 élèves de maternelle 5 ans étaient handicapés ou en difficulté d'adaptation (EHDA), soit 5,8% de l'ensemble des élèves de maternelle 5 ans (du réseau public). De plus, en 2019-2020, 4 877 enfants âgés de 1 à 5 ans avaient reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme et 2 708 enfants âgés de 1 à 5 ans avaient reçu un diagnostic de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Comment permettre à chaque enfant de développer son plein potentiel

Il est possible d'agir collectivement pour les tout-petits. La littérature scientifique indique que nous disposons de leviers collectifs pour leur permettre de développer leur plein potentiel. Par exemple, la mise en place d'un avis de grossesse permet au médecin traitant ou à la sage-femme d’orienter systématiquement une femme enceinte vers l’établissement de santé du territoire où elle habite. Elle est alors contactée par une infirmière, qui peut lui proposer des services qui répondent à ses besoins ou à sa situation. Il est aussi possible de favoriser le développement des enfants en situation de vulnérabilité en leur donnant accès à des services de garde éducatifs de qualité. La taxation des boissons sucrées ou encore les aménagements sécuritaires et propices à l’activité physique dans les municipalités favorisent quant à eux l’adoption de saines habitudes de vie chez les enfants. Enfin, les campagnes de sensibilisation sur l'importance de la santé buccodentaire dans la petite enfance peuvent encourager les parents à consulter un dentiste avec leur tout-petit.

À propos de l'Observatoire des tout-petits

L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de communiquer l’état des connaissances afin d’éclairer la prise de décision en matière de petite enfance au Québec, de sorte que chaque tout-petit ait accès aux conditions qui assurent le développement de son plein potentiel, peu importe le milieu où il naît et grandit.


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Source : Observatoire des tout-petits
Renseignements :
Sandrine Gagné / Béatrice Gougeon
Morin Relations Publiques
sandrine@morinrp.com / beatrice@morinrp.com
438 873-2909 (cell.) / 514-688-3936 (cell)