Observatoire des tout-petits

Communiqué
31 mai 2017

Au moins 20 nouvelles situations de maltraitance par jour chez les tout-petits québécois

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	Au moins 20 nouvelles situations de maltraitance par jour chez les tout-petits québécois

Des solutions collectives pour prévenir la maltraitance

MONTRÉAL, le 31 mai 2017 – La maltraitance envers les enfants de 0 à 5 ans a augmenté de façon préoccupante depuis 2007 au Québec. C’est la conclusion du plus récent dossier de l’Observatoire des tout-petits intitulé Violence et maltraitance : les tout-petits québécois sont-ils à l’abri?. En effet, en 2015-2016, 7 700 signalements ont été jugés fondés chez les tout-petits de 5 ans ou moins par les directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ), c’est-à-dire environ 20 nouvelles situations de maltraitance chaque jour. Le taux de signalements jugés fondés a augmenté de 27 % depuis 2007-2008. Le dossier de l’Observatoire démontre toutefois qu’il existe des solutions collectives afin de prévenir la maltraitance à l’égard des tout-petits du Québec.

La maltraitance à l’endroit des enfants inclut toute forme de négligence ou d’abus pouvant avoir des conséquences sur la sécurité, le développement et l’intégrité physique ou psychologique d’un enfant. En raison de la vulnérabilité des tout-petits, cela peut avoir des conséquences graves pour leur sécurité et leur développement. Au Québec, les situations de maltraitance visées par la Loi sur la protection de la jeunesse englobent l’abandon, la négligence, les mauvais traitements psychologiques, les abus sexuels et les abus physiques.

Il faut toutefois souligner que les situations prises en charge par les services de protection en vertu de la Loi ne constituent que la pointe de l’iceberg. En effet, ce ne sont pas tous les mauvais traitements qui sont signalés aux DPJ. De plus, les tout-petits pourraient être plus vulnérables à la maltraitance que les enfants plus vieux, puisqu’ils sont moins exposés au regard extérieur. En effet, ils se retrouvent parfois isolés à la maison, contrairement aux enfants plus âgés qui fréquentent une école.

Les familles québécoises touchées par des facteurs de risque connus

« Les études nous indiquent que le contexte dans lequel grandissent les tout-petits peut augmenter le risque qu’ils soient victimes de maltraitance, souligne Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits. C’est le cas, par exemple, des conditions socio-économiques dans lesquelles vivent les familles, du stress lié au rôle parental et à la conciliation travail-famille ainsi que des troubles mentaux vécus par certains parents, comme l’anxiété ou la dépression. Nous espérons que la publication de ce dossier pourra contribuer à ce que nous puissions trouver ensemble des solutions pour prévenir la maltraitance à l’égard des tout-petits. »

Les statistiques indiquent que plusieurs familles québécoises sont touchées par des situations qui augmentent les risques que les tout-petits soient victimes de maltraitance. Par exemple, en 2013, 13 % des tout-petits québécois vivaient dans une famille à faible revenu après impôt. De plus, selon des données de 2012, on estime que 13 % des mères et 6 % des pères d’enfants québécois de 6 mois à 5 ans présentaient des symptômes dépressifs modérés ou graves. Finalement, environ le tiers des mères et le quart des pères d’enfants âgés de 6 mois à cinq ans subissaient un niveau de stress élevé lié aux obligations familiales et extrafamiliales.

Des leviers collectifs pour prévenir la maltraitance

Selon la littérature scientifique, plusieurs mesures sociales ont démontré leur efficacité ou se sont avérées prometteuses pour prévenir la maltraitance. Par exemple :

• Renforcer le soutien économique aux familles défavorisées.
• Outiller les intervenants qui soutiennent les parents.
• Offrir des services de garde éducatifs à l’enfance et des programmes d’éducation préscolaire de qualité tôt dans la vie de l’enfant.
• Favoriser l’accès à des logements et des milieux de vie de qualité.

Certaines de ces mesures sont déjà en place au Québec et devraient être préservées. D'autres devraient être envisagées. «Ensemble, il est possible d’agir pour prévenir la maltraitance envers les tout-petits québécois et ainsi permettre à chacun d’eux de développer son plein potentiel.», conclut Fannie Dagenais.

Pourquoi faut-il tous s’en préoccuper?

Au fil des ans, plusieurs études ont démontré les nombreuses conséquences de la maltraitance chez les tout-petits : retard de langage, problèmes d’attention, malnutrition, problème de vision et d’audition, comportements dépressifs, anxiété, retrait, évitement, colère, etc. De plus, les impacts négatifs de la maltraitance peuvent persister jusqu’à l’âge adulte et se manifester tout au long de la vie.

En terminant, les coûts sociaux et économiques liés à la maltraitance sont imposants. Sur le plan collectif, au Canada, son coût annuel, incluant les coûts directs et indirects, est estimé à 15,7 milliards de dollars. Selon des données américaines, les coûts de la maltraitance seraient comparables à ceux du diabète de type 2.

À propos de l’Observatoire des tout-petits

L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de contribuer à placer le développement et le bien-être des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise. Pour y parvenir, l’Observatoire regroupe les données les plus rigoureuses concernant les 0-5 ans, les communique et suscite le dialogue autour des actions collectives nécessaires dans ce domaine. Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de l’Observatoire des tout-petits : www.tout-petits.org.

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Source : Observatoire des tout-petits

Renseignements :

Amély Tremblay / Ariane Richard
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