Tout-petits et bibliothèques publiques : une rencontre magique, à condition qu’ils y aient accès
Directrice de l’Observatoire des tout-petits
À Saint-Dominique, en Montérégie, les tout-petits de maternelle 4 ans et 5 ans accèdent directement à la bibliothèque publique à partir de leur école, ce qui leur offre un accès facile au monde magique de la bibliothèque dès le début de leur parcours scolaire. C’est tout un avantage pour démarrer dans la vie, quand on sait que la lecture faite aux jeunes enfants a un effet protecteur sur leur développement et atténue même l’impact de facteurs de risque, comme la pauvreté.
À l'occasion de la Semaine des bibliothèques publiques du Québec, l'Observatoire des tout-petits tient à mettre en lumière la différence que peut faire la fréquentation d'une bibliothèque dans la vie d'un enfant et sur son développement. Et cette différence est frappante !
En effet, parmi les enfants qui fréquentent rarement ou jamais la bibliothèque avec leurs parents, 36 % étaient vulnérables dans au moins un domaine de développement à la maternelle, tandis que cette proportion chute à 24 % chez les enfants qui fréquentaient la bibliothèque au moins une fois par mois. Ces données proviennent de la dernière édition de l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle (EQPPEM).
Faciliter l’accès aux bibliothèques
Malheureusement, près de la moitié des tout-petits ne visitent une bibliothèque publique avec leurs parents que moins d’une fois par mois, voire jamais, selon l’EQPPEM.
Plusieurs contraintes d’accès les en empêchent : la bibliothèque est trop loin, elle est mal desservie par le transport public, elle peut engendrer des coûts pour s’y rendre ou remplacer un livre perdu.
Ces barrières sont particulièrement difficiles à franchir pour les familles en situation de vulnérabilité, qui s’efforcent d’abord de répondre à leurs besoins de base. On constate d’ailleurs que ces familles sont moins nombreuses à participer aux activités des bibliothèques publiques, ce qui accentue les inégalités.
Éveil et inclusion
Les 1 039 bibliothèques publiques du Québec jouent plusieurs rôles essentiels pour nos enfants. Les fréquenter favorise l’éveil à la lecture et à l’écriture, et ce, même auprès des bébés. Elles sont également un des leviers importants de l’égalité des chances et de l’inclusion pendant la petite enfance. Par exemple, accueillir les tout-petits ayant besoin de soutien particulier à la bibliothèque sensibiliserait tous les usagers à l’importance et à la richesse de la différence, en plus d’offrir à tous les enfants des occasions ludiques d’interagir avec leurs pairs.
Les bibliothèques publiques peuvent également faciliter l’intégration sociale des familles immigrantes, favoriser la francisation des tout-petits tout comme le contact avec leur culture d’origine.
Pour toutes ces raisons, les barrières qui en limitent l’accès doivent être abaissées.
Plusieurs bibliothèques publiques font preuve d’une grande créativité, avec l’appui de leur municipalité, qui leur procure l’essentiel de leur financement. Si les tout-petits ne peuvent pas se rendre à elles, les bibliothèques peuvent développer des services pour aller à leur rencontre, avec, par exemple, des bibliothèques mobiles, des heures du conte dans les parcs, des animations mises sur pied avec les organismes de proximité.
Ce sont des solutions toutes simples, mais qui nécessitent souvent la collaboration de quelques partenaires et toujours un financement adéquat. Multiplions-les, dans les petites comme dans les grandes municipalités, partout au Québec, pour rendre plus probable cette rencontre magique entre le livre et l’enfant.
Julie Cailliau