Observatoire des tout-petits

Plaidoyer pour un suivi de grossesse pour toutes

Portrait de Fannie Dagenais
Fannie Dagenais
Directrice de l’Observatoire des tout-petits de 2015 à 2023
2 mai 2022

À l’automne dernier, la couverture d’assurance maladie a été élargie afin que tous les enfants qui vivent au Québec puissent avoir accès aux soins de santé, peu importe leur lieu de naissance ou le statut d’immigration de leurs parents. Par ce geste, le Québec a réaffirmé l’importance de donner à chaque enfant le meilleur départ possible. Le gouvernement québécois étudie maintenant ce qui apparaît comme un incontournable aux yeux des experts : couvrir également les soins de santé pendant la période de la grossesse.

Qui n’a pas accès au suivi de grossesse au Québec ?

Pour la plupart, il s’agit de femmes qui ont immigré au Canada pour fuir la violence politique ou familiale dans leur pays d’origine, rejoindre leur conjoint résidant déjà au Canada et offrir une meilleure vie à leurs enfants. Ces femmes ne sont pas en visite, ne font pas de tourisme : elles sont en attente d’un statut de résident.

À leur arrivée, elles vivent souvent dans des conditions difficiles : faible revenu, emploi précaire, logement trop petit ou insalubre, etc. Faute d’avoir les moyens de payer pour obtenir un suivi de grossesse ou des soins de santé, elles ont tendance à s’en passer. En effet, les coûts pour un suivi de grossesse et un accouchement pour les personnes sans assurance maladie peuvent atteindre entre 9000 $ et 17 000 $, une somme impossible à débourser pour ces familles en train de s’établir.

La grossesse : une période déterminante pour le développement de l’enfant

Le développement d’un enfant débute alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère. L’OMS recommande d’ailleurs 12 visites médicales pour suivre de près l’évolution d’une grossesse. Les tests et échographies permettent de détecter les grossesses multiples, les anomalies fœtales ou d’autres conditions pouvant mener à des complications lors de l’accouchement.

En détectant ces problèmes tôt, il est possible d’intervenir et d’influer positivement sur le développement et la santé de l’enfant. À long terme, ces interventions peuvent même réduire le risque de maladies chroniques, comme le diabète, et favoriser la réussite éducative de l’enfant.

Un investissement plutôt qu’une dépense

Selon une étude réalisée en Californie, le fait de ne pas subventionner les suivis prénataux des femmes migrantes à statut précaire se traduirait par une augmentation des naissances de bébés prématurés et de faible poids, ce qui augmente le risque de difficultés ou de retards de développement chez l’enfant. Cela entraînerait des dépenses en soins de santé sept fois plus importantes que les sommes épargnées au départ. Une autre étude publiée en 2015 et réalisée en Allemagne, en Grèce et en Suède concluait que l’accès à des soins prénataux pour les femmes enceintes avec un statut irrégulier permettait à l’État de diminuer les dépenses en soins de santé.

En somme, l’accès aux soins de santé pendant la grossesse est essentiel tant pour la santé du bébé à naître que pour celle de l’adulte qu’il deviendra. Or, il est tout à notre avantage comme société de donner le meilleur départ possible à ces enfants qui contribueront activement à bâtir le Québec de demain.

 

Fannie Dagenais

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