COVID-19 : s’assurer que les familles mangent à leur faim
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Le Québec est plongé dans la crise de la COVID-19 depuis maintenant plusieurs semaines et personne n’avait imaginé ce que nous allions traverser. Nous faisons ainsi face à l’inconnu. Nous savons toutefois qu’une frange de la population est très à risque en ce moment : les tout-petits. Pas en raison du virus, mais plutôt en raison des stress vécus par les adultes qui en prennent soin. Aujourd’hui, nous abordons l’insécurité alimentaire en contexte de pandémie.
Selon le Portrait 2019 de l’Observatoire des tout-petits, environ un ménage québécois sur dix ayant au moins un enfant de moins de 6 ans était en situation d’insécurité alimentaire en 2015-2016. « Nous savons que la hausse des fermetures d’entreprises, des mises à pied et des demandes d’assurance-emploi aura une incidence sur les banques alimentaires, explique Banques alimentaires Canada. Pour mettre les choses en perspective, pendant la Grande récession de 2008, les banques alimentaires du Canada avaient indiqué une augmentation mensuelle de 200 000 clients, ce qui représentait une hausse de 28 % à l’époque. Nous prévoyons une augmentation encore plus importante des besoins en raison de la crise du coronavirus. »
Selon Centraide du Grand Montréal, 50 % des appels faits actuellement au 211 concernent l’alimentation. De plus, les demandes d’aide alimentaire dans les banques explosent. D’ailleurs, les banques alimentaires de la MRC de Memphrémagog, de Pointe-Saint-Charles et de l’Outaouais ont déjà vu une hausse dans le nombre de demandes d’aide depuis le début de la pandémie.
Certaines études ont révélé que les enfants qui souffrent d’insécurité alimentaire risquent plus de présenter des retards en ce qui a trait à leur développement cognitif, moteur et neurophysiologique. L’insécurité alimentaire est également un prédicteur de maladies chroniques durant la petite enfance.
De plus, l’insécurité alimentaire pourrait augmenter le risque de dépression chez les mères, ce qui pourrait par la suite nuire à leur capacité à prendre soin de leurs enfants. D’ailleurs, selon l’Étude d’incidence québécoise sur les signalements évalués en protection de la jeunesse en 2014, pour 15 % des enfants évalués, les intervenants de la protection de la jeunesse notaient que le ménage manquait régulièrement d’argent pour satisfaire les besoins fondamentaux.
Des investissements pour nourrir les tout-petits
Les mesures mises en place pour venir en aide aux familles qui ont vu leur revenu diminuer sont importantes pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Cependant, les instances gouvernementales n’ont pas hésité à venir aussi en aide aux banques alimentaires partout au pays. Ainsi, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de 100 millions de dollars afin d’améliorer l’accès aux aliments pour les Canadiens qui font face aux impacts de la pandémie. « Étant donné les répercussions économiques probables à long terme de la COVID-19, un soutien supplémentaire de tous les paliers gouvernementaux sera sans aucun doute nécessaire », insiste toutefois l’organisme Banques alimentaires Canada. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs annoncé un soutien financier d’urgence de 2 millions de dollars versé aux banques alimentaires du Québec.
Le milieu municipal contribue également à cet effort. Par exemple, la Ville de Boucherville a offert un total de 50 000 $ à deux organismes de sa région. Selon la Ville, « ces sommes permettront, entre autres, de bonifier les services d’aide alimentaire ainsi que l’accompagnement aux personnes vulnérables ».
Face à l’insécurité alimentaire, les organismes communautaires ont un rôle de premier plan à jouer. Ainsi, le Club des petits déjeuners a mis en place un fond d’urgence « pour soutenir les bénéficiaires de ses programmes et les organismes communautaires locaux qui viennent en aide aux familles et aux enfants en situation d’insécurité alimentaire partout au Canada ». En plus du soutien des gouvernements du Canada et du Québec, le Club des petits déjeuners a pu compter sur des entreprises comme Bélairdirect, Intact Assurance, Danone et Kellogg Canada. « En tout, 60 000 enfants et leurs familles pourront être soutenus grâce à cette initiative, et ce, tous les jours », se réjouit l’organisme.
Certaines entreprises tiennent également à contribuer. Par exemple, le Groupe St-Hubert et sa fondation ont annoncé que 10 000 repas seront offerts par ses franchisés à des organismes communautaires locaux. La Fondation St-Hubert a également remis 10 000 $ aux Banques alimentaires du Québec. Par ailleurs, l’initiative Les cuisines solidaires de la Tablée des chefs a permis de remettre plus de 800 000 repas aux Banques alimentaires grâce à entreprises de restauration. Enfin, à la demande de la ville de Montréal, le Jardin botanique de Montréal doublera sa production de légumes pour les offrir aux banques alimentaires.
Kathleen Couillard
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