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29 avril 2024

Les quartiers peuvent, eux aussi, influencer le développement des tout-petits

Les quartiers peuvent, eux aussi, influencer le développement des tout-petits
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Un quartier, c’est bien plus qu’une partie d’une ville. C’est aussi une communauté dans laquelle les enfants grandissent, évoluent, jouent, et tissent des relations. Le quartier peut donc exercer une influence sur leur développement et leur bien-être. Et cette incidence est particulièrement importante chez les enfants de 0 à 5 ans, puisque la petite enfance est une période sensible du développement.

C’est dans cette optique que s’est animé le projet de recherche CoDES — quartiers centraux de Québec, dont l’objectif visait à identifier et à mieux comprendre les facteurs de risque et de protection qui peuvent influencer - directement ou indirectement - le développement et le bien-être des tout-petits. Pour ce faire, l’équipe de chercheurs s’est intéressée à quatre quartiers centraux de la Ville de Québec. Cette étude emboîte le pas à des travaux similaires qui ont été réalisés en Australie, ainsi qu’à Montréal.

« La majorité des travaux de recherche qui se penchent sur la petite enfance portent sur l’enfant, sur la famille, ce qui est évidemment très important. C’est plus rare qu’on s’intéresse au quartier, explique Alexandra Matte-Landry, chercheuse principale du projet CoDES. Et quand on aborde le quartier, il arrive souvent qu’on se concentre uniquement sur le niveau socioéconomique, au lieu de considérer l’ensemble des facteurs sur lesquels on peut agir. »

S’intéresser aux quartiers pour favoriser le développement des enfants

Dans le cadre du projet CoDES, ces différents facteurs ont été regroupés en cinq catégories :

  1. L’environnement physique (p. ex. les parcs, le logement)
  2. L’environnement social (p. ex. le sentiment d’appartenance, la sécurité)
  3. Le niveau socio-économique (p. ex. le niveau de défavorisation sociale et matérielle)
  4. L’accès et la qualité des services (p. ex. santé, loisirs)
  5. La gouvernance (p. ex. implication citoyenne et politiques locales)

« Oui, le contexte socioéconomique est important. Mais c’est l’effet cumulatif de ces catégories de facteurs qui expliquerait davantage le développement des tout-petits », poursuit Alexandra Matte-Landry.

La petite histoire du projet CoDES

Le projet CoDES s’est penché sur l’identification et la compréhension de ces facteurs dans les quartiers Basse-Ville, Duberger-Les Saules, Limoilou et Vanier.

Pourquoi ces quartiers ? « Principalement, parce que nous cherchions à comprendre pourquoi le quartier Basse-Ville se démarquait favorablement dans les résultats de l’Enquête Québécoise sur le Développement des enfants à la maternelle (EQDEM) de 2017 », explique la chercheuse.

En effet, cette enquête révélait une variation significative du niveau de vulnérabilité développementale des enfants à la maternelle entre ces quatre quartiers de la Ville de Québec. Un enfant dit « vulnérable » est moins susceptible, en comparaison aux autres enfants, de satisfaire aux exigences du système scolaire. On peut par exemple penser à un enfant qui a de la difficulté à travailler seul, à participer à un jeu ou encore à attendre son tour. Les domaines de développement visés par l’EQDEM sont la santé physique et le bien-être, les compétences sociales, la maturité affective, le développement cognitif et langagier et les habiletés de communication et connaissances générales.

Plus précisément, le quartier Basse-Ville présentait le plus faible taux de vulnérabilité développementale en 2017 (26% des enfants à la maternelle qui sont vulnérables dans au moins un domaine de développement), suivi de Duberger-Les Saules (30%), de Limoilou (40%), et de Vanier avec un taux de 51%.

Comme les quatre quartiers à l’étude sont similaires d’un point de vue géographique (centraux, urbains) et socio-économique, il devenait possible d’étudier les facteurs environnementaux qui pouvaient expliquer les différences observées au niveau de la vulnérabilité des enfants à la maternelle en 2017.

19 pistes d’action pour le bien-être des tout-petits

Et donc, qu’est-ce qui explique que le quartier Basse-Ville se démarquait de manière positive en 2017 en matière de développement des enfants ? « Nous n’avons pas de réponse absolue, précise Alexandra Matte Landry. Mais nous avons pu identifier 19 facteurs, dont l’effet cumulatif permettrait de contribuer à prédire le développement des enfants. »

Ces facteurs, que l’on peut qualifier de facteurs communautaires fondamentaux, sont interdépendants et s’influencent mutuellement. Ils incluent notamment :

  • L’accessibilité aux services et aux installations
  • La participation citoyenne des familles
  • La taille des logements en fonction des besoins
  • La présence d’espaces verts
  • L’embourgeoisement

Pour la chercheuse, ce regard local a une énorme portée. « Le quartier, c’est aussi une porte pour intervenir, une fenêtre d'opportunités supplémentaires pour soutenir le développement des tout-petits, souligne-t-elle. 19 facteurs, ça peut sembler beaucoup. Mais il faut les voir comme 19 cibles d’action éventuelles. »

C’est donc l’action collective, au niveau des communautés locales, qui exercerait une influence favorable sur le développement des enfants.

« Chaque individu, chaque organisation ou chaque pallier gouvernemental ne peut pas prendre sur ses épaules d’agir sur les 19 facteurs, souligne Alexandra Matte-Landry. Mais ces différents acteurs peuvent travailler en équipe et en porter quelques-uns. »

Et maintenant ?

Bien que le projet de recherche CoDES soit officiellement terminé, ses retombées continuent à faire vibrer les intervenants en petite enfance qui travaillent auprès des familles dans les quatre quartiers à l’étude. C’est le constat qu’a fait Alexandra Matte-Landry lorsqu’elle est retournée dans les communautés pour discuter des messages clés du projet.

« C’était tellement enrichissant pour nous de voir que des résultats de recherche peuvent se transformer en changements dans les pratiques et en actions concrètes, explique la chercheuse. Moi, c’est pour ça que je fais de la recherche. »

 

Par Mélissa Khadra

 

Pour aller plus loin

Consulter le rapport final de recherche du projet CoDES — quartiers centraux de Québec.

Découvrir une infographie qui présente les 19 facteurs fondamentaux identifiés à travers le projet CoDES

Consulter les résultats de l’étude Milieux de vie des petits citadins : perspectives de personnes influentes sur les facteurs environnementaux en lien avec le développement des jeunes enfants et le bien-être des familles, 2022

Consulter notre Portrait des politiques publiques

Consulter notre rapport sur l’importance de la qualité, de la stabilité et de la continuité des environnements des tout-petits