Le droit à une famille aimante et d’être entouré d’une communauté bienveillante : où en sommes-nous au Québec?
Selon la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies, chaque tout-petit devrait avoir une famille aimante et être entouré d’une communauté bienveillante afin de se développer à son plein potentiel. Est-ce le cas au Québec? À l’occasion de la Grande semaine des tout-petits, on fait le point sur la question.
Pourquoi ce droit est-il important?
Le milieu familial a une influence déterminante sur le développement des tout-petits puisque la famille est la première et principale source de stimulation à laquelle est exposé l’enfant.
Entre autres, le soutien social pourrait diminuer le risque que l’enfant développe de l’anxiété, une dépression ou des problèmes de comportement. La présence du réseau de soutien permet également de réduire le stress parental et, par le fait même, de diminuer l’utilisation de pratiques parentales inadéquates.
La maltraitance envers les enfants, quant à elle, peut avoir de nombreuses conséquences à court et à long termes sur leur développement. Ces conséquences sont d’autant plus importantes lorsque les mauvais traitements surviennent tôt dans la vie de l’enfant, qu’elles sont fréquentes, sévères et cumulatives.
Où en sommes-nous au Québec quant au respect du droit à une famille aimante et d’être entouré d’une communauté bienveillante?
La toute récente Enquête québécoise sur la parentalité nous apprenait récemment qu’en 2022, près du quart (23%) des parents vivant avec au moins un enfant âgé de 0 à 5 ans ne se sentent jamais ou rarement soutenus par leur entourage dans les moments difficiles.
Pour la période 2022-2023, 42 821 enfants de 0 à 17 ans ont été pris en charge1 en protection de la jeunesse2. Il s’agit d’une augmentation de 0,6 point de pourcentage en 20 ans, le nombre d’enfants pris en charge par rapport à la population étant passé de 2,04 à 2,64%. Ces données ne permettent pas de préciser la façon dont sont pris en charge les enfants par la protection de la jeunesse, mais elles rappellent l’importance d’agir en prévention sur les facteurs de risque de la maltraitance.
La littérature scientifique cible en effet divers facteurs de risque comme les conditions de logement, la santé mentale des parents, le faible soutien social ou encore la pauvreté. Les recherches ont démontré qu’aucun facteur n’est responsable à lui seul de la maltraitance. Plus le nombre de facteurs de risque auxquels l’enfant est exposé est grand, plus la pression augmente au sein de la famille, et plus le risque global de maltraitance augmente.
La petite enfance, l’affaire de tous
La littérature scientifique nous indique qu’il est possible d’agir afin de faire en sorte que chaque tout-petit bénéficie d’une famille aimante et d’une communauté bienveillante.
Par exemple, les conditions dans lesquelles les tout-petits grandissent peuvent influencer le risque de maltraitance. Pensons, par exemple, au stress lié à la conciliation famille-travail, à un faible soutien social, ou encore à des symptômes de dépression chez les parents. Améliorer les conditions de vie et réduire le stress des familles permet ainsi de prévenir la maltraitance : soutien au logement, aide au revenu, mesures de conciliation travail-famille, soutien social et accès à des services de garde éducatifs de qualité.
Les villes, villages et municipalités qui se dotent d’une politique municipale famille ou encore d’une accréditation Municipalité amie des enfants peuvent avoir des retombées tangibles pour les tout-petits. En 2023, plus de 300 000 enfants habitent une municipalité reconnue Municipalités amies des enfants (MAE) s’étant engagée à respecter les droits de l’enfant et dans laquelle leurs opinions, leurs besoins et leurs priorités font partie intégrante des décisions, des politiques et des services publics. Ceci représente 85 municipalités, 8 arrondissements de la Ville de Montréal et 2 municipalités régionales de comtés3.
Les tout-petits dépendent totalement des adultes pour répondre à leurs besoins. Ils sont aussi particulièrement vulnérables aux conditions de vie dans lesquelles ils grandissent, étant à une étape clé de leur développement.
Puisque tous les droits fondamentaux des enfants sont interdépendants et d’égale importance, c’est la somme des politiques publiques, cohérentes entre elles, qui est la plus susceptible d’offrir à nos tout-petits des environnements respectueux de leurs droits et favorisant leur plein potentiel. Selon la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies (1989), les gouvernements ont la responsabilité de s’assurer que les droits des enfants sont respectés. Le Québec et le Canada en sont d’ailleurs signataires.
Alors que ces dernières années, l’inflation, les problèmes d’accès à un service de garde de qualité, la crise du logement ont exacerbé de nombreux problèmes sociétaux qui compromettent le bon développement des tout-petits et nuisent au respect de leurs droits, il est essentiel de s’engager à respecter les droits des tout-petits.Pour en apprendre plus sur les 3 autres droits fondamentaux documentés par l'Observatoire à l'occasion de la Grande semaine des tout-petits :
Consulter la présentation PowerPoint qui réunit les quatre droits
Par Geneviève Joseph
Notes et sources
1. Par « enfants pris en charge », on entend le nombre d’enfants pour qui on a statué, après avoir retenu un signalement et l’avoir évalué, que leur sécurité ou leur développement étaient compromis et qu’ils nécessitaient une prise en charge, que ce soit dans le cadre de mesures volontaires ou de mesures ordonnées par la Chambre de la jeunesse.
2. Directeurs de la protection de la jeunesse (2023), Bilan annuel 2022-2023
3. Espace Muni (2023)
Pour aller plus loin
Consulter le site web de la Grande semaine des tout-petits
Consulter le Portrait des politiques publiques 2021 – Que faisons-nous au Québec pour nos tout-petits et leur famille?
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