Observatoire des tout-petits

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22 mai 2018

Qualité des services éducatifs à la petite enfance : l’Observatoire des tout-petits fait le point

Qualité des services éducatifs à la petite enfance : l’Observatoire des tout-petits fait le point
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Une proportion non négligeable de tout-petits québécois fréquenteraient un service éducatif à la petite enfance de faible ou très faible qualité. C’est ce que souligne un nouveau dossier de l’Observatoire des tout-petits publié aujourd’hui.

Selon ce rapport, des enjeux de qualité existeraient dans tous les types de milieux, qu’il s’agisse des milieux familiaux, des garderies subventionnées ou non subventionnées, des CPE ou des maternelles 4 ans. Considérant qu’au Québec, un tout-petit qui fréquente un service de garde éducatif y passe 8 heures par jour en moyenne et qu’un tel milieu aura des impacts importants sur son développement et sa réussite éducative, il importe de se préoccuper de cet enjeu de société.

Que sait-on de la qualité des services éducatifs à la petite enfance au Québec ?

« Pour qu’une expérience en service éducatif soit décrite comme étant de qualité, elle doit favoriser le développement global de l’enfant. Ainsi, la qualité des interactions entre le personnel éducateur et l’enfant, la qualité des lieux, la qualité des activités et la qualité des interactions avec les parents sont des exemples d’éléments à surveiller lorsqu’on parle de la qualité d’un service éducatif à la petite enfance », explique Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.

Les études « Grandir en qualité » réalisées en 2003 et en 2014 par l’Institut de la statistique du Québec révèlent que les services de garde éducatifs à la petite enfance sont de qualité acceptable, dans l’ensemble, à l’exception des pouponnières des CPE qui sont de bonne qualité. Malgré ce score moyen acceptable, une proportion non négligeable d’enfants fréquenteraient d’ailleurs des services de garde éducatifs de faible ou très faible qualité, et ce, à un moment important de leur développement. Cette proportion est toutefois relativement peu élevée dans les CPE.

Enfin, les études « Grandir en qualité » ont également démontré que le niveau de qualité ne s’est pas amélioré de façon significative dans les CPE en 10 ans. Comme il s’agit des seuls milieux évalués dans deux enquêtes consécutives, il n’est toutefois pas possible d’en savoir plus sur l’évolution de la qualité dans les autres types de milieux.
« Puisque les services éducatifs à la petite enfance doivent être de qualité pour pouvoir contribuer positivement au développement des enfants, il est essentiel d’effectuer une évaluation en continu de la qualité des milieux et de leur offrir du soutien dans leur processus d’amélioration », ajoute Fannie Dagenais.

Pourquoi se préoccuper de la qualité des services éducatifs à la petite enfance ?

Les services éducatifs à la petite enfance peuvent compléter la stimulation reçue au sein de la famille. Ils agissent en effet sur toutes les sphères du développement des tout-petits telles que le développement cognitif, social et moral, langagier, physique et moteur et affectif.

« Les premières années de la vie d’un enfant constituent une période particulièrement sensible pour son développement, rappelle Mme Dagenais. En effet, le développement du cerveau se fait de façon extrêmement rapide en bas âge, en particulier avant 3 ans, et celui-ci est alors beaucoup plus réceptif aux stimulations. En agissant dans cette fenêtre d’opportunité qu’est la petite enfance, les services de garde éducatifs et les programmes préscolaires peuvent donc avoir des effets bénéfiques pour la santé et le développement global des enfants, s’ils sont de qualité. Il faut donc viser la meilleure qualité possible, peu importe le type de milieu. Chaque enfant devrait avoir accès à des services de qualité.»

Des études ont d’ailleurs démontré que les enfants de milieux défavorisés qui ont fréquenté un service éducatif à la petite enfance de qualité ont de meilleurs résultats en lecture, en écriture et en mathématiques à l’âge de 12 ans et qu’ils sont moins nombreux à avoir besoin de services spécialisés. Ces bienfaits peuvent persister à l’âge adulte. Des études américaines ont en effet démontré un lien entre la fréquentation d’un service éducatif à la petite enfance de qualité et une meilleure santé physique de même que des taux de chômage plus bas.

En fait, la fréquentation d’un service éducatif de qualité pendant la petite enfance favorise l’égalité des chances et pourrait même réduire l’écart dans les résultats scolaires entre les enfants issus de milieux défavorisés et ceux provenant de la classe moyenne.

Des pistes de solution collectives

Selon la littérature scientifique, nous disposons de différents leviers collectifs pour améliorer la qualité des services éducatifs offerts, peu importe le type de milieu. Par exemple, il est possible d’agir sur :

  • La formation du personnel : les intervenants avec un niveau élevé de formation initiale offrent de meilleurs soins personnels aux enfants, sont plus sensibles à leurs besoins et interagissent davantage avec eux. De plus, une formation spécialisée en petite enfance permet au personnel éducatif d’offrir un environnement adapté et stimulant aux enfants.
  • Les conditions de travail du personnel éducatif : les études démontrent que la qualité d’un établissement est plus élevée si les éducatrices perçoivent leur travail comme stimulant et rempli de défis, si elles disposent de temps pour planifier leurs activités pédagogiques et si elles sont satisfaites de leurs relations avec la direction.
  • La structure du service éducatif : notamment le ratio enfants-adultes, la taille du groupe, l’aménagement de l’espace ou le matériel disponible.
  • Les conditions d’implantation des services éducatifs : par exemple, le financement gouvernemental, l’intégration des services éducatifs à d’autres services offerts dans la communauté et l’implication des parents dans le fonctionnement du service éducatif.
Selon le lauréat du prix Nobel d’économie James Heckman, ce sont les sommes investies dans l’éducation à la petite enfance qui offrent le meilleur taux de rendement de l’investissement. À titre indicatif, l’OCDE soutient qu’un investissement de 1 % du PIB est nécessaire pour assurer des services de qualité en éducation à la petite enfance.